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    La classification et le système des sciences

    Selon Piaget, il y a :

    * les sciences logico-mathématiques qui ont pour objet les instruments déductifs

    * les sciences physiques qui ont pour objet le monde entier

    * les sciences biologiques qui ont pour objet l'organisme dans le monde extérieur

    * les sciences psycho-biologiques qui ont pour objet le sujet psychologique et social

    L'originalité du modèle piagétien tient dans le fait

    • qu'il conduit à un système cyclique des sciences,
    • qu'il situe la logique de façon cohérente dans le système :
      • source de toute scientifisation,
      • produit de toute construction psychologique
      • instrument indispensable à la compréhension de la physique.

    Son intellection et son perfectionnement dépendent de la psychologie des structures cognitives.

    Cette systématisation ne peut rendre compte de certaines absences d'interactions. il convient donc de distinguer les différents niveaux de connaissances à l'intérieur de chaque science :

    1. Le domaine matériel : l'ensemble des objets d'étude de la science.

    2. Le domaine conceptuel : l'ensemble des théories et des connaissances systématisées.

    3. Le domaine épistémologique interne : l'ensemble des réflexions sur le domaine conceptuel et l'analyse des documents de la science.

    4. Le domaine épistémologique externe dérivé soit de l'ensemble des problèmes généraux, les rôles des sujets et des objets, les comparaisons interdisciplinaires.

    La circularité, expression dialectique, rend bien compte de la classification piagétienne. Elle s'établit entre le domaine matériel et le domaine conceptuel. Elle n'est pas pertinente entre le domaine épistémologique interne et le domaine épistémologique externe.

    La connaissance objective relève de l'activité la plus abstraite.

    L'objectivité est une construction, non une copie, une intériorisation du réel quand le sujet parvient à se décentrer suffisamment de son point de vue propre. il peut alors saisir les liaisons propres causales entre les objets.

    Ces liaisons sont isomorphes de celles du système d'implication de sa conscience par le jeu de ses structures opératoires.

    Le progrès de la connaissance est celui de l'axiomatisation et de l'expérience.

    Mais la richesse des nuances qui sont attachées à chacune des notions utilisées et l'extrême diversité des constructions complexes obtenues par la composition de ces notions compte aussi pour beaucoup.

    Ces deux facteurs expliquent sans doute la diversité des applications qui peuvent être faites de notions comme celles d'assimilation, d'accommodation, d'équilibre, de structure, de schèmes, d'opérations, d'abstraction, de reconstruction, de décentration...

    Pour ces raisons notamment, la théorie de Piaget a suscité un nombre important de travaux expérimentaux et leur a fourni un cadre notionnel commun pour la formulation de leurs hypothèses et de leurs résultats.

     

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    L'explication en sciences

    et plus spécialement en psychologie

     

    1. Le POSITIVISME COMTIEN rejette toute  tentative

    • d'explication
    • de recherche des causes rendant compte des faits et des relations entre des faits observés.

    C'est une longue accumulation de lois décrivant des relations.

    Il se caractérise également par ses vérifications généralisées de l'observation, par de timides hypothèses pour expliquer le réseau coordonnant les lois entre elles.

    Le positivisme comtien est de l'ordre de la description.

    Toute tentative d'explication causale s'oppose à lui par ces deux caractères :

    • nécessité des rapports entre cause et effets (déductibilité par le jeu de raisonnements hypothético-déductifs) ;
    • réalité de ces relations sous-jacentes aux phénomènes décrits et mesure garantie par un modèle (substrat sur lequel s'appuie la déduction).

    En psychologie, deux grandes catégories de modèles se dégagent :

    • hiérarchisation des différents plans conduisant par là au réductionnisme ;
    • mise de ces plans en correspondance en recherchant les isomorphismes sans pour autant les réduire les uns aux autres.

     

    2. Selon Piaget, cette explication pourrait se situer au niveau de l'épistémologie interne de la psychologie qui applique abusivement des modèles physiologiques et physicalistes aux structures conscientes, lesquelles structures n'entretenant pas entre elles des relations causales.

    La conscience a ses catégories propres, irréductibles à toute substantification.

    Un état de conscience en impliquerait donc un autre par le biais de l'implication prise au sens le plus large liant ainsi les structures selon un ordre isomorphe de la causalité.

    Les modèles pertinents en psychologie sont donc des modèles abstraits qui permettent d'expliquer en rendant compte de la filiation des structures.

     

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    Les implications épistémologiques générales

    1. DEUX DÉFINITIONS

    L'épistémologie, c'est l'étude du savoir, de la connaissance, de l'évolution du savoir de l'être humain.

    Elle recherche à savoir comment se forment nos connaissances et comment elles s'accroissent.

    L'épistémologie a toujours été l'objet de la spéculation pure. Le mérite de Jean Piaget est de l'avoir située sur le terrain de l'expérience scientifique.

    La génétique, c'est la science du développement psychique, c'est-à-dire la connaissance des transformations de l'enfant et des étapes qu'il traverse.

     

    2. LA MARQUE DE L'ÉPISTÉMOLOGISTE GÉNÉTIQUE

    De 1952 à 1963, Jean Piaget enseigna régulièrement la psychologie génétique en tant que professeur à la Sorbonne.

    En 1956 il créa, à la Faculté des Sciences de Genève, le Centre International d’Épistémologie génétique qui réunit chaque année depuis sa création des chercheurs de différentes disciplines qui s'efforcent de contribuer à l'édification de cette nouvelle science du développement de la connaissance, aussi bien par leurs travaux théoriques que par leurs recherches expérimentales.

    L'objet de l'épistémologie génétique est l'étude de l'accroissement des connaissances tant chez l'enfant que chez l'adulte puisqu'il est celui du passage d'une connaissance moins bonne ou plus pauvre à un savoir plus riche et de ce fait de la conquête de l'objectivité.

    Jean Piaget a beaucoup insisté sur l'importance de la perspective génétique en psychologie, précisant que si l'enfant présentait un très grand intérêt en lui-même, l'enfant explique l'homme autant et souvent plus que l'homme n'explique l'enfant.

    Piaget étudia la genèse de la connaissance suivant le double point de vue de l'histoire de la pensée et des sciences au cours de l'évolution de l'espèce, d'une part, et de l'histoire de la pensée individuelle, avec la psychologie de l'enfant d'autre part.

    Dans toute l'oeuvre de Piaget, on peut remarquer une continuité entre le domaine biologique et le domaine psychologique : les activités intellectuelles ont une origine biologique.

    L'activité organisatrice du sujet se réalise par ds coordinations successives. L'adaptation du sujet à son milieu se fait à partir de l'interaction de deux processus : l'assimilation du milieu par le sujet et l'accommodation du sujet au milieu.

    L'intériorisation toujours plus grande du monde favorise l'accroissement des mécanismes cognitifs et le développement des capacités de décentration de l'individu. Il atteint progressivement un état d'équilibre résultant des compensations actives des perturbations externes.

    La conquête de cet équilibre s'opère par paliers, l'enfant construisant des systèmes structuraux de plus en plus différenciés et de mieux en mieux intégrés au cours de son développement.

    La production scientifique de Jean Piaget reste abondante en cette période qui voit se multiplier les tâches internationales qui lui incombent.

    Une série de publications intitulées "ETUDES d'ÉPISTÉMOLOGISTE GÉNÉTIQUE", dont le nombre a dépassé la vingtaine en une quinzaine d'années, témoigne de la fertilité des échanges interdisciplinaires.

    L'essentiel des préoccupations piagétiennes se maintient dans le cadre de l'épistémologie génétique. Il publia, entre autres, en 1950, "INTRODUCTION A L'ÉPISTÉMOLOGIE GÉNÉTIQUE" en 3 tomes :

    1. La pensée mathématique
    2. La pensée physique
    3. La pensée biologique, la pensée psychologique et la pensée sociologique

    puis, en 1970 : "L'ÉPISTÉMOLOGIE GÉNÉTIQUE".

    L'épistémologie, qui concerne l'étude de la formation et de l'accroissement des connaissances, a toujours été l'objet de la spéculation pure mais le mérite de Piaget est de l'avoir située sur le terrain de l'expérience scientifique.

    La méthode génétique revient à étudier les connaissances en fonction de leur construction réelle, psychologique, et à considérer toute connaissance comme relative à un certain niveau de mécanisme de cette construction.

     

    3. LA PSYCHOLOGIE GÉNÉTIQUE

    La psychologie génétique est aussi l'histoire de la formation du psychisme adulte.

    Il est impossible de comprendre un phénomène si l'on ne connait pas ses antécédents : la personnalité se constitue dès les premières années par le jeu simultané de la maturation nerveuse et de l'apprentissage social.

    Une sorte de dialectique s'instaure entre les fonctions naissantes et les influences externes.

    Chaque acquisition s'effectue au moment le plus propice et elle conditionne toutes celles qui la suivront.

    Il est toujours possible d'ajouter quelque chose à cet édifice, mais on ne peut remanier que ce qui a été construit au cours de l'enfance.

    Le cas des enfants loups apporte une confirmation à la psychologie génétique : le potentiel héréditaire de l'être humain ne peut se développer s'il n'est pas, au moment propice, fécondé, modelé par l'éducation, quand les fonctions arrivent à maturité.

    La psychologie génétique ne se limite pas à ces relations avec la neurophysiologie car le cerveau ne peut être isolé du corps et du milieu ambiant. Le cerveau ne mûrira normalement, en réalisant toutes ses aptitudes, que s'il reçoit par les sens une information suffisante : le psychisme humain est un psychisme verbalisé qui exige l'apprentissage d'une langue maternelle.

    La psychologie génétique nous apprend comment la personnalité se constitue dès les premières années de la vie par le double jeu de la maturation du système nerveux et de l'apprentissage social. Elle définit le comportement type des différentes étapes de la conformation du psychisme. Elle ne doit pas être confondue avec la psychologie de l'enfance ; celle-ci étudie l'enfant pour lui-même, alors que la psychologie génétique étudie le développement pour mieux comprendre l'adulte, aboutissement de ce développement.

    La psychologie génétique se propose d'expliquer le fonctionnement des procédures d'adaptation les plus généralisables, c'est-à-dire le fonctionnement de l'intelligence, par l'étude de son développement chez l'enfant. 

     

    4. LE STRUCTURALISME

    Pour les uns, comme les mathématiciens, le structuralisme s'oppose au compartimentage des chapitres hétérogènes en retrouvant l'unité grâce à des isomorphismes.

    Pour d'autres, comme les linguistes, le structuralisme s'est surtout distancé des recherches diachroniques portant sur des phénomènes isolés pour trouver des systèmes d'ensembles en fonction de la synchronie.

    En psychologie, le structuralisme a combattu des tendances qui cherchaient à réduire les totalités à des associations entre éléments préalables.

    On peut trouver deux aspects communs à tous les structuralismes :

    • un idéal et des espoirs d'intelligibilité intrinsèque fondés sur le postulat qu'une structure se suffit à elle-même ;
    • des réalisations. 

     

    5. LES STRUCTURES

    Une structure comprend 3 caractères : 

    • le caractère de transformations
    • le caractère d'autoréglage  
    • le caractère de totalité

    Une structure, c'est donc une totalité organisée d'éléments d'un autre ordre que la simple association accumulative. Les parties se rassemblent donc en un réseau irréductible à la somme.

    Cette totalité est à la fois fruit structuré et source structurale des transformations systématiques. C'est ce qui confère à la structure son dynamisme. Elle est préservée de l'éclatement par l'autoréglage (évolution d'une structure vers une autre, plus riche, plus complexe).

    Pour Jean Piaget, les structures ne peuvent être considérées a priori comme étant pré-construites. Piaget rejette toute transcendance au niveau de l'objet (Platon), du sujet (apriorisme), toute interaction (les phénomologiques).

    On qualifie le structuralisme de Piaget de structuralisme constructiviste : genèse de structures construites les unes au départ des autres. Selon Piaget, une structure doit pouvoir donner lieu à une formalisation qui peut se traduire en équations logico-mathématiques.

    Dans son ouvrage "LE STRUCTURALISME", Piaget se limite aux structuralismes propres aux différentes sciences et à quelques mouvements philosophiques inspirés par les structuralismes issus des sciences humaines.

    Les structures biologiques tendent à assurer la fermeture de l'organisme (accroissement de puissance).

    Les structures psychologiques évoluent dans le même sens (accroissement de la fermeture par des structures opératoires formelles).

    Le sujet accroît donc son appréhension du monde extérieur par le jeu des intériorisations et des décentrations.

    Piaget parle d'une évolution structurale vers l'abstraction, vers la structuration euclidienne et vers l'axiomisation.

     

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    Piaget et Papert

    Les prolongements de l'épistémologie génétique en informatique

    1. Penser sur sa pensée, c'est devenir épistémologue ; c'est entrer dans une étude critique de sa propre réflexion. C'est une expérience que bon nombre d'adultes ne vivent jamais !

    Cette image de l'enfant épistémologue a enflammé l'imagination de Seymour Papert à l'époque où il travaillait avec Piaget.

    En 1964, après avoir passé cinq années au Centre d'épistémologie génétique à Genève, Papert emportait de là cette notion essentielle, celle de l'enfant considéré comme le bâtisseur actif de ses propres structures intellectuelles.

    Comme tout bâtisseur, l'enfant s'approprie, pour en faire usage à son idée, des matériaux qu'il trouve autour de lui, des modèles et des métaphores suggérés par la culture environnante.

    Si Piaget a décrit l'ordre dans lequel l'enfant développe diverses facultés intellectuelles, Papert accorde plus de poids que lui au rôle que jouent les matériaux offerts par telle ou telle culture dans la détermination de cet ordre.

    Ainsi, notre culture occidentale est très riche en matériaux utiles à l'enfant pour mettre en place certaines parties de sa pensée logique et numérique.

    Seymour Papert croit fermement que la présence de l'ordinateur pourrait bien avoir un retentissement plus profond et plus fondamental sur le développement intellectuel, bien plus que n'en ont eu les autres techniques nouvelles comme l'imprimerie puis la télévision. Il y a quelques années, une émission comme "Rue Sésame" proposait déjà à certains enfants souvent plus d'informations, et sous une forme plus attrayante qu'ils n'en pouvaient tirer de leurs parents, de leur institutrice de classe maternelle. Mais les enfants se retrouvaient dans une situation d'écoute passive

    Pour Seymour Papert qui, dans l'ouvrage "Le jaillissement de l'esprit", analyse les relations entre l'enfant et l'ordinateur, l'enfant programme l'ordinateur et, ce faisant, acquiert la maîtrise de l'un des éléments de la technologie la plus moderne et la plus puissante, tout en établissant un contact intime avec certaines des notions les plus profondes de la science, des mathématiques, et de l'art de bâtir des modèles intellectuels.

    Papert décrit par quels cheminements des centaines d'enfants ont appris à devenir des programmeurs de niveau tout à fait honorable.

    Deux idées essentielles sous-tendent cet ouvrage :

    • La première est qu'il est possible de prévoir des ordinateurs ainsi conçus qu'apprendre à communiquer avec eux puisse être un processus naturel ; ce processus est plus proche de la façon dont on acquiert une langue en vivant dans le pays où elle se parle que des méthodes artificielles d'acquisition des langues étrangères telles qu'on les pratique dans les salles de classe.
    • La seconde est qu'apprendre à communiquer avec un ordinateur a toutes les chances de  modifier la façon dont se déroulent les autres apprentissages. L'ordinateur, entité adaptable, peut parler mathématique, mais également alphabétique.

    On tend de plus en plus à construire des ordinateurs avec lesquels les enfants prennent plaisir à communiquer. Lorsque cette communication passe, les enfants apprennent les mathématiques comme une langue vivante. De plus, la communication mathématique et la communication alphabétique en perdent leur caractère de démarches étrangères et donc difficiles aux yeux de la plupart des enfants ; elles deviennent au contraire des choses naturelles et faciles.

    Quand un enfant apprend à programmer, le processus d'apprentissage se présente sous une forme active et auto-dirigée. La connaissance acquise l'est dans une intention personnelle et consciemment perçue. ce savoir nouveau est source de pouvoir. Il est perçu comme tel dès l'instant où il commence à prendre forme dans l'esprit de l'enfant.

     

    2. L'environnement LOGO est le fruit de recherches menées au Massachussets, Institute of technology, sous la direction de Seymour Papert.

    LOGO repose essentiellement sur un langage informatique qui, grâce à ses instructions graphiques peut rapidement être utilisé par de jeunes enfants. Apprendre l'informatique en programmant des dessins est un rêve à présent réalisable. Mais contrairement à l'idée répandue, le langage LOGO ne se limite pas à la programmation de dessins. d'autres domaines peuvent être exploités avec beaucoup de richesse.

    l'élève qui n'aime ni les calculs ni la mathématique se laisse prendre au jeu et devient vite capable d'écrire de petits programmes. Chemin faisant, il est amené à manipuler par le jeu des notions très fécondes.

    La structure très évoluée de LOGO permet aux élèves de s'approprier différentes démarches de résolution de problèmes :

    • la décomposition en sous-problèmes et en sous-procédures
    • la formulation et la vérification d'hypothèses
    • la mise en évidence de conditions de résolution
    • la gestion de fichiers
    • la répétition conditionnelle d'étapes

    Par leur activité sur ordinateur, les utilisateurs sont amenés à construire et à formaliser des notions mathématiques qui leur sont utiles tant à l'école que dans la vie quotidienne.

    Tout comme dans les autres domaines accessibles en LOGO, l'enfant peut développer sa créativité en réalisant ses propres projets. De plus, LOGO permet d'effectuer des dessins en trois dimensions et donne ainsi accès au monde de la conception assistée par ordinateur.

    L'environnement LOGO respecte les rythmes et les itinéraires individuels d'apprentissage. e rôle des animateurs ne consiste pas à imposer des directives, mais à stimuler l'activité des enfants. Il s'agit de donner à l'élève l'envie d'explorer, d'accroître sa confiance en ses capacités. Les animateurs doivent éviter tout particulièrement de priver les enfants de découvertes que ces derniers peuvent faire par eux-mêmes. les informations prématurées étoufferaient la réflexion des enfants sur leur propre pensée.

     

    3. La contribution de Piaget au travail de Symour Papert a été beaucoup plus profonde, plus théorique et plus philosophique.

    Les idées de Piaget - épistémologue - ont contribué à la théorie de l'apprentissage fondée sur le savoir, théorie qui prend soin de ne pas dissocier l'étude de l'acquisition de la mathématique de l'étude de la mathématique elle-même.

    Jusqu'à un date récente, ces aspects épistémologiques de la pensée de Piaget ont été quelque peu laissés de côté parce qu'ils n'offraient guère de possibilité d'action dans le monde de l'éducation traditionnelle. mais dans un milieu éducatif riche en ordinateurs, il devrait en aller autrement.

    Avec la théorie des stades de développement, Piaget est essentiellement conservateur, même réactionnaire car il met l'accent sur ce que les enfants ne peuvent pas faire. Papert a cherché à révéler un Piaget plus révolutionnaire, un Piaget dont les idées épistémologiques pourraient bien  conduire à faire reculer les limites admises de l'esprit humain. Piaget a sa place dans une structure théorique touchant à une notion de monde de l'informatique, celle d' "intelligence artificielle". Ce terme désigne la discipline qui se donne pour but d'accroître la capacité des machines à accomplir des performances que l'on considérerait comme marque d'intelligence si elles étaient le fait d'êtres humains.

    pour créer une machine capable d'apprendre, il nous faut approfondir au maximum notre connaissance de l'acte d'apprendre. Et c'est dans ce genre de recherches qu'il faut voir la plus large définition de l'intelligence artificielle. il s'agit en fait d'une science cognitive, une science qui s'intéresse aux sources du savoir.

    Papert propose que les enfants soient initiés à l'intelligence artificielle afin qu'eux aussi soient en mesure de réfléchir plus concrètement sur les processus mentaux. 

    Alors que les psychologues se servent des idées tirées de l'intelligence artificielle pour élaborer des théories formelles et scientifiques sur les processus mentaux, les enfants, eux, à partir des mêmes idées, aboutissent à une réflexion sur eux-mêmes, moins formelle mais plus personnelle. C'est une excellente chose parce que savoir analyser et reconstituer les cheminements de notre pensée, c'est nous mettre en mesure de les améliorer.

     

    4. Piaget est donc un épistémologue. L'épistémologie est l'étude de la connaissance. Bien que ce terme pourrait couvrir toutes les connaissances concernant la connaissance, on l'utilise surtout dans un sens assez particulier : l'épistémologie désigne d'abord l'étude des conditions de validité du savoir.

    Mais l'épistémologie de Piaget se préoccupe davantage de l'origine et du développement du savoir. ce qui a intéressé Piaget, c'est la genèse et l'évolution des connaissances. c'est ce qu'il souligne en dénommant son champ de recherches "l'épistémologie génétique". 

     

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  • Piaget et la psychologie

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    Piaget a le mérite d'avoir parachevé ce qu'Alfred Binet croyait avoir atteint. Il est parvenu à concilier la méthode expérimentale et l'idéation. Il a rendu possible l'étude expérimentale de l'intelligence.

    Avec Ribot, la méthode expérimentale permettait de laisser de côté les questions "insolubles".

    Dans la démarche de Piaget, les questions difficiles sont "résolues" d'avance puisqu'elles se marient parfaitement avec les expériences. Il y a identification totale entre chaque question théorique et l'expérience prévue pour la démonstration.

    Piaget a toujours évité les considérations théoriques et a construit une théorie de l'intelligence. Théorie et méthode expérimentale se confondent donc dans le système de Piaget.

    Toute critique du système de Piaget ne peut être entendue par les psychologues expérimentalistes. Elle ne les intéresse en rien. Seule la critique méthodologique peut contribuer à la scientificité de la discipline.

    La psychologie de Piaget, sortie des laboratoires, se fait en particulier à l'école. C'est là qu'elle récupère l'enfant.

    La pédagogie, l'éducation sont, pour Piaget, une affaire officielle dans laquelle la psychologie a un rôle à jouer, un rôle de stimulateur de réformes, un rôle d'expertise scientifique.

     

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