• * Perspective historique du développement de l'étude scientifique

    Perspective historique du développement de l'étude scientifique

    Cette perspective historique va nous permettre d’examiner comment fut envisagée l'étude scientifique, historique, géographique, scientifique... dans notre société occidentale. Elle s’applique donc tant à la géographie, à l'histoire, aux sciences qu’à la mathématique.

    La SCOLASTIQUE, philosophie scolaire, science des écoles au Moyen Age, prit naissance dans les écoles abbatiales et épiscopales. Elle atteignit l'apogée de son développement dans les universités de Paris et d'Oxford.

    Son caractère essentiel consistait à subordonner toute la science à la théologie, dont l'unique source était la Bible expliquée par les pères, les conciles et le pape. Elle n'avait pas le droit d'examiner les vérités formulées par la théologie.

    A côté de la religion qui est la base de tout, le cadre scientifique de la scolastique renferme les sept arts dits libéraux :

    • le TRIVIUM (grammaire, rhétorique, dialectique) et
    • le QUADRIVIUM (arithmétique, géométrie, musique et astronomie).

    Les sciences naturelles, rentrant dans la sphère du nominalisme, furent proscrites jusqu'à la fin du Moyen Age.

    Roger Bacon dont les conceptions l'ont fait considérer comme l'esprit le plus vaste et le plus hardi du Moyen Age, reprocha à la scolastique sa crédulité aveugle pour Aristote et son ignorance de l'Antiquité. S'il n'a pas formulé les lois de l'observation et de l'induction qu'il appliquait déjà, il a cependant préparé la voie à Copernic,  facilité les travaux de Newton en optique par l'explication du mécanisme de la vision, de la réfraction.

    Avec François Rabelais, c’est l’encyclopédisme et le retour à la nature ! C'est surtout dans l'enseignement des sciences que Rabelais s'éloigne des traditions suivies dans les écoles. Rejetant la méthode déductive et les hypothèses chimériques auxquelles la science avait forcément recours pour établir ses déductions plus subtiles qu'exactes, Rabelais recourt à l'observation et à l'induction.

    Montaigne qui rejette la science purement livresque, a montré qu'il faut combiner l'enseignement oral direct et l'enseignement par le livre, le résumé fait par l'élève et celui fait par le maître.  Le vrai procédé se trouve dans leur emploi combiné qui soutient l'intérêt, excite les facultés et donne la vraie connaissance.

    Plein de confiance dans l'avenir des sciences naturelles, Francis Bacon, a entrevu la grandeur des applications, résultat du travail intelligent. Il a appliqué une méthode d'induction basée sur l’expérimentation (N.B. Aristote basait sa méthode d'induction sur le raisonnement !). Francis Bacon ne raisonnait pas ; il expérimentait et les expériences mêmes établissaient la théorie.

    Comenius accordait une place considérable à la formation scientifique.  Disciple fervent de Francis Bacon, il recommanda de rendre l'enseignement intuitif, basé sur une étude concrète de la réalité, sur l'observation vivante et féconde de la nature.

    La première partie du «Discours sur la méthode», intitulée «Considérations sur les sciences» montre l'incertitude des connaissances de Descartes. Pour obtenir la certitude, Descartes remplace l'obligation de croire par le libre-examen. Il soumet toutes les notions à l'évidence que donne la raison.

    Prêtres pieux, les Oratoriens, étaient les amis de la science. La partie scientifique de leur programme comprenait les sciences naturelles, physiques et mathématiques. Ils insistaient sur la formation du jugement.

    Pour Jansenius, le jugement est tout si le raisonnement l'accompagne !

    Avec John Locke débute l'ère de l'utilitarisme ! Il rejeta les idées innées et considéra la sensation comme point de départ de toute notion.  C'est sur elle et par elle que la réflexion agit pour en tirer des pensées, simples et concrètes d'abord, d'où l'esprit s'élève aux idées complexes, abstraites et générales.  La conséquence naturelle de ce système était l'enseignement par les choses, l'observation et l'expérience comme point de départ de toute étude, la condamnation de la méthode déductive.

    Pour John Locke, qui veut surtout que l'enfant ait l'amour et le respect de la science, l'étude sera toujours attrayante. Les sciences seront enseignées intuitivement.  Elles seront de véritables leçons de choses.

    Rollin, humaniste par excellence, fait une place aux sciences, même dans l'enseignement élémentaire. Il trouve indigne de l'homme d'ignorer les merveilles de la nature. Elles fortifient le sentiment religieux puisqu'elles révèlent la grandeur divine.

    Au 18ème siècle, le français et les sciences étaient sacrifiés dans l'enseignement secondaire.  Par contre, l'histoire et la géographie avaient une place d'honneur aux côtés des langues anciennes, de la religion et de la rhétorique.

    Jean-Jacques Rousseau préconisa le recours à la nature. Il donna à son élève des leçons de choses. Il l'instruisit par tout ce qu'il voyait, entendait et sentait.  L'observation attentive et la perception nette étaient de toute nécessité pour avoir des idées exactes.

    Le programme qu'avait élaboré Diderot pour l'enseignement secondaire donnait la prédominance aux sciences.

    Pour Kant, « le meilleur moyen de comprendre, c’est de faire ! »

    Le 19ème  siècle accorda aux sciences une place en rapport avec leur importance. L'école devait vulgariser les sciences, les fortifier.

    Avec Pestalozzi, les élèves étudiaient le lieu natal sur le terrain même. Ils prenaient des croquis. Les sciences naturelles devaient être enseignées par des exercices d'intuition et complétées dans des excursions.

    Pour Herbert Spencer, l’éducation, basée sur la science, devait préparer la vie complète. Les sciences occupaient donc une place plus que prépondérante.

    Pour Auguste Comte, les sciences constituaient le fondement de l'éducation. Ce sont elles qui ont conduit au positivisme.

    John Dewey, plus social que Descartes, nous a dit comment nous pensions. Pour lui, c'était la pensée réfléchie qu'il importait de développer car cette pensée réfléchie s'apparente à la pensée scientifique. C'est pourquoi Dewey a fixé cinq étapes à suivre pour résoudre un problème :

    1. Prise de conscience et compréhension du problème
    2. Recherche de la clarté : faire le point
    3. Emission d'hypothèses et recherche de solutions
    4. Application rationnelle : discussion pour le choix de la solution
    5. Vérification expérimentale

    Se référant à des travaux américains récents, Jean Piaget a constaté qu'il existait une discordance complète entre l'esprit de la science en marche et l'enseignement des sciences à tous les niveaux. C'est pourquoi Jean Piaget a attribué une importance essentielle à l'esprit expérimental. Pour lui, l'initiation aux  sciences physiques et naturelles est obligatoire.

    Son ouvrage «où va l'éducation ? Comprendre, c'est inventer » comprend notamment une partie prospective.  Sa thèse est la suivante : un enseignement des sciences devrait permettre de faire comprendre à des enfants du niveau primaire certains phénomènes physiques simples au moyen de dispositifs manipulés par l'enfant avec une part maximale de spontanéité et d'activité de recherche.

    SYNTHÈSE de cette perspective historique :

    • Le Moyen Age est fort peu soucieux de sciences.
    • Avec la Renaissance, c'est I’encyclopédisme qui s'installe, avec une « fenêtre ouverte » timidement sur la nature (compilation mentale de l'idée scientifique).
    • L'ère des lumières ouvre deux courants qui s'affrontent encore aujourd'hui : l'encyclopédisme français et l'utilitarisme anglo-saxon.
    • ROUSSEAU, en précurseur génial, a voulu donner les moyens d'acquérir l'un et l'autre.

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