• * L'héritage de l'Antiquité

    L'héritage de l'Antiquité

    Pour comprendre notre système éducatif et notre régime scolaire, il nous a paru inutile de remonter au déluge, mais nécessaire de décrire ce que nous ont laissé les anciennes civilisations du bassin méditerranéen et de préciser les conceptions éducatives chez les Égyptiens, les Perses, les Phéniciens, les Grecs et les Romains. 

    I. L'héritage des plus anciennes civilisations

    1. C'est dans le vaste territoire du Proche-Orient actuel que se sont formées les deux plus anciennes des grandes civilisations du bassin méditerranéen.

    Remarquables par l'effort collectif dont elles témoignent, les premières réalisations sont apparues en Égypte et en Mésopotamie.

    Les premières grandes civilisations de l'Antiquité ont pris naissance dans des régions qu'arrosaient des fleuves dont les inondations recouvraient chaque année le sol d'alluvions.

    C'est le cas de l'Egypte, don du Nil ; c'est le cas de la Mésopotamie, région fertile sise entre le Tigre et l'Euphrate.

    La civilisation indienne a pris naissance sur les bords de l'Indus tandis que c'est sur les bords du fleuve jaune, l'Hoang-Ho, qu'est née la civilisation chinoise.

    Les travaux d'irrigation et de drainage, la construction de temples, la navigation, l'usage de la roue témoignent, parmi tant d'autres exemples, de l'ingéniosité de ces peuples.

    Leur organisation sociale facilita l'invention de l'écriture, du calcul et du calendrier, qui sont autant de manifestations de leur habileté à manier les idées abstraites. 

    2. Vingt siècles avant notre ère chrétienne, Babylone est la ville qui attire les hommes d'affaires des anciens centres de commerce sumérien. L'activité économique de l'époque s'y concentre ; on y emprunte des capitaux à des taux favorables.

    Des scribes, formés dans les écoles des temples où ils apprennent l'écriture, les quatre règles simples, le calcul des intérêts, entrent au service du roi.

    L'écriture est assurément le plus grand progrès intellectuel accompli au cours du troisième millénaire avant  notre ère. Elle ne pouvait naître que dans une société déjà organisée et dans laquelle se pratiquait la division des tâches. Chez les Égyptiens et les Sumériens, les premiers exemples de ce qui devait devenir l'écriture sont des dessins assez réalistes, œuvres très probablement dues aux scribes.Sur des tablettes plus récentes, les scribes ont simplifié leurs dessins qui se résument à quelques traits essentiels puis à des traits qui n'en suggèrent plus que très vaguement la forme.

    Le premier pictogramme babylonien remonte au milieu du quatrième millénaire. Mille ans plus tard, on trouve des documents en caractères cunéiformes dont on peut vraiment dire qu'ils ont été écrits.Ces signes ressemblent à un clou ou à un coin. la tête est souvent triangulaire et la tige pointue. ces coins assemblés en symboles représentent des syllabes.

    Bien que la manière dont les scribes écrivaient ne soit pas connue avec certitude, on suppose qu'ils se servaient d'un roseau taillé en biseau à une extrémité. Quand les deux côtés de la tablette d'argile étaient couverts de signes, le scribe la faisait cuire au four pour la conserver. 

    3. Les Égyptiens ont utilisé trois types d'écriture. Comme les Sumériens, ils ont commencé à représenter les objets par des images gravées dans la pierre des monuments. C'était une écriture sacrée. Les signes de ces hiéroglyphes étaient des idéogrammes représentant l'idée du mot et non le son.

    A la longue, ce signes désignaient aussi des sons, des lettres, mais les Égyptiens n'ont jamais constitué un véritable alphabet.

    L'écriture hiéroglyphique s'est conservée intacte jusqu'au moment où l'alphabet grec la remplaça après la conquête romaine. Les prêtres égyptiens utilisaient une écriture aux signes plus faciles à tracer rapidement : l'écriture hiératique.

    On écrivait en hiératique au moyen d'un roseau pointu, trempé dans une encre, sur du papyrus provenant de la moelle de roseau.

    Enfin, vers le 8ème siècle avant notre ère, apparut un troisième type d'écriture dont se servait le peuple : c'st le démotique qui fut d'usage courant sous les Ptolémée et durant la domination romaine. 

    4. Après la conquête arabe, les civilisations de la Mésopotamie et de l'Egypte, déjà dépassées, tombèrent dans l'oubli. Leurs écritures devinrent indéchiffrables.

    C'est par les découvertes d'archéologues aux 18ème et 19ème siècles et des recherches récentes très approfondies que la lecture des inscriptions en cunéiforme, en hiéroglyphes et en diverses autres langues est devenue relativement facile et que la connaissance de l'histoire de ces peuples anciens en a grandement profité.

    Le premier alphabet, à l'origine des alphabets grec et romain, semble avoir été utilisé par les Phéniciens entre le 17ème et le 15ème siècle avant notre ère. il se propagea petit à petit chez les peuples sémitiques de Palestine, de Syrie, d'Arabie, de Grèce, puis chez les peuples d'Europe.

    Cet alphabet se composait de vingt-deux signes phonétiques (une lettre = un son simple). il fut d'abord en usage à Byblos, ville qui vit naître aussi, sous forme de rouleau, le livre antique. 

    5. Ce qui frappe le plus pour l'histoire de la science, c'est la perfection géométrique de ces énormes monuments que furent les pyramides égyptiennes.

    Pourtant, les Égyptiens étaient loin d'être de bons géomètres mais ils avaient accumulé de nombreuses connaissances pratiques dans le domaine de l'arpentage des terrains et du calcul des superficies.

    en arithmétique, les Égyptiens étaient moins avancés. outre les quatre règles simples, ils connaissaient des progressions arithmétiques et géométriques. leur numération était décimale. Ils pouvaient résoudre des problèmes relativement simples.

    les sources de nos connaissances sur les mathématiques égyptiennes se trouvent dans quelques papyrus qui nous révèlent les problèmes qu'avaient à résoudre les mathématiciens entre le 20ème et le 17ème siècle avant notre ère. ce fut la grande époque des  mathématiques égyptiennes. 

    6. Moins bons géomètres que les Égyptiens, les Babyloniens les surpassaient dans la virtuosité acquise dans l'usage du calcul. leur numération sexagésimale leur fut très utile pour l'étude du cercle. Bien qu'elle nous paraisse encombrante, les Sumériens qui l'ont inventée, les Babyloniens et les Assyriens qui s'en sont servi, ont accompli des prodiges en l'utilisant. Malheureusement, ils ne nous en ont pas transmis le mode opératoire. Ils nous ont laissé des tables de multiplication, de division, d'élévation au carré et au cube, de racines carrées et cubiques. ils ont résolu des problèmes par des méthodes algébriques, des équations à une, deux inconnues, des équations quadratiques et cubiques. Les babyloniens inventèrent aussi des mesures de temps (année de 360 jours, mois de 30 jours et semaine de 7 jours), de longueur et de poids. Nous leur devons également l'invention du cadran solaire. 

    7. L'historien grec Hérodote nous assure que c'est en Egypte que les Grecs apprirent ce qui devait leur servir à constituer la géométrie et l'astronomie dont ils devinrent les maîtres. cependant, la plupart des philosophes et savants grecs sont venus de Milet en Ionie, ville située sur la côte de l'Asie Mineure. Une bonne partie de leurs connaissances a donc pu leur venir de Mésopotamie également. 

    8. On suppose généralement que les Égyptiens ont été, en date, les premiers éducateurs. Ils ont constitué la plus ancienne des sociétés organisées dont la division en castes n'était pas absolue. Entre les classes supérieures, nobles, composées des prêtres, des architectes, des guerriers, des médecins et des scribes, et les classes inférieures regroupant bergers, agriculteurs, bateliers, artisans et marchands, il n'y avait pas de barrière vraiment infranchissable. Comme en Inde, cette division de la population en castes déterminait la culture spécifique de chacune d'elles. 

    9. Les lettrés semblent plutôt appartenir aux classes populaires qu'aux classes prépondérantes. L'importance de l'écriture devait donner aux scribes une situation privilégiée. Les services qu'ils rendaient aux fonctionnaires royaux leur attribuaient nécessairement la considération publique. Selon leurs aptitudes, ils étaient aussi appelés à remplir les fonctions de receveurs des contributions, ingénieurs, architectes.

    10. La caste des prêtres cultivait la philosophie, l'histoire, la médecine, l'astronomie, l'astrologie et la magie. Les obélisques et les pyramides témoignent des connaissances des Égyptiens en mathématiques, en mécanique, en architecture et en sculpture. les Égyptiens délassaient la gymnastique et la musique.

    Essentiellement pratique et fonctionnelle, familiale ou corporative pour les gens du peuple, l'instruction comprenait la lecture, l'écriture, le calcul simple et la géométrie pratique. 

    11. Tenue par un prêtre et établie ordinairement dans le temple, la "maison d'instruction" initiait les enfants à la lecture, à l'écriture, à la religion et aux éléments des sciences (arithmétique, géométrie pratique, dessin) dès l'âge de 6 - 7 ans. Les élèves écrivaient sur des tablettes en bois recouvertes d'une légère couche de stuc blanc ou rouge. Plus  tard, ils se sont servi de papyrus. 

    12. L'instruction supérieure fut probablement donnée dans les temples des grandes villes, comme Thèbes qui possédait la plus ancienne bibliothèque. il convient cependant de noter que des indications précises et certaines manquent à ce sujet. 

    13. En Chine, en Inde et en Egypte, l'éducation a été ou est encore dominée et réglée par un principe théocratique. Les préceptes viennent du ciel ou des divinités reconnues. En Perse, l'Etat entre comme un nouveau facteur dans l'éducation. il y partage avec la religion le droit de régler la culture et les mœurs du peuple. L'Etat veillait sur l'enfance et l'adolescence. il les entourait l'une et l'autre de soins minutieux, de règles sages mais rigoureuses. L'action morale débute à l'âge de 6 ans. On recourait aux punitions corporelles si d'autres moyens avaient connu l'insuccès. l'obéissance était absolue : envers les parents, parce qu'ils ont donné la vie ; envers les maîtres parce qu'ils sont les mandataires de l'Etat. Les éducateurs de l'âme avaient donc pleine autorité !

    14. La "Cyropédie" nous enseigne davantage sur l'éducation des Perses. Cet ouvrage de Xénophon est plutôt un roman retraçant l'enfance et la vie de Cyrus. Une classe élevée n'admettant que des soldats, le reste de la population étant voué à l'agriculture, une société privée de commerce et de sciences puisque les marchands et les savants en sont exclus, tel est le rêve de Xénophon.

    Son système éducatif, qui sacrifiait tout au militarisme et à l'Etat afin d'assurer sa force, ne s'étendait apparemment qu'à une classe de citoyens. Il est difficile d'admettre que toute la nation perse aurait pu être jetée dans un système d'éducation où il n'y a place ni pour l'agriculture, n pour les arts, ni pour le commerce, mais seulement pour les fonctionnaires publics et les militaires. 

    15. Les Phéniciens nous offrent l'image d'un peuple commerçant. Sa culture a dû être plus libre que celle des autres peuples d'Asie. Le principe de l'utilité dominait chez les Phéniciens comme chez tous les peuples marchands. leurs connaissances se rapportaient à leur commerce. leur morale s'accommodait à leurs intérêts.

    A Carthage, ville fondée par les Phéniciens, les garçons apprenaient à lire, à écrire, à calculer, à manier les armes. On ne sait hélas rien de précis sur leurs principes et leurs procédés particuliers d'éducation. 

    16. En quittant l'Asie pour passer à l'Europe, nous entrons sur un terrain pédagogique nouveau. C'est en effet sur une base toute humaine que repose la civilisation des Grecs et des Romains. S'ils avaient aussi un culte et des dieux, leur mythologie n'était en fait qu'un produit de leur développement moral et physique.

    Cette base de la civilisation gréco-romaine renfermait un élément social et un élément individuel bien distincts. L’individu était censé appartenir à la société, à l'Etat. Le citoyen avait le pas sur l'homme. le Grec et le Romain étaient avant tout citoyens, mais le Grec recherchait le beau et le bon, tandis que le Romain recherchait l'utile. 

    II. L'héritage de la civilisation grecque

    1. Nous devons à la Grèce ancienne, et particulièrement à  Athènes, non seulement la source de notre inspiration littéraire, philosophique et artistique ainsi que la science qui y naquit sous sa forme théorique, mais encore la forme d'éducation supérieure qui laisse sa trace dans notre enseignement secondaire classique. 

    2. La pensée grecque nous a légué son amour de la  liberté. Elle en a enseigné la valeur aux hommes. Elle leur a appris à penser et à écrire librement. Cette pensée grecque  se continue de nos jours.

    Les Grecs nous ont montré de beaux exemples de patriotisme même s'ils ne sont pas parvenus à atteindre la notion de patrie unifiée.

    C'est Athènes qui inventa la démocratie, régime en vigueur actuellement dans beaucoup d'états, système qui nous garantit un maximum d'égalité et de liberté.

    Si les Grecs ont donné l'exemple de tous les régimes politiques, leur idéal social, comme celui de tout le monde antique, est assez éloigné du nôtre car leur sociétés'appuyait sur l'esclavage. Il faut cependant reconnaître qu'elle ne savait comment s'en passer ! 

    3. Par la pratique de l'observation et de l'expérience, les Grecs sont parvenus à s'élever au-dessus de la technique. Ils sont les premiers à avoir rassemblé les connaissances humaines en sciences raisonnées. Ainsi le mot "méthode" est grec !

    Ayant le souci d'explications dans les domaines les plus divers, les Grecs ont précisé les buts de la science naissante. La géographie, la géométrie, l'astronomie et la physique reçurent des Grecs des principes inébranlables. Grâce à eux encore, la médecine fit des progrès. Ausculter les malades, tâter le pouls étaient des pratiques courantes au temps d'Hippocrate. 

    4. Le siècle de Périclès a laissé dans tous les domaines des modèles d'unité et de simplicité qui ont inspiré les artistes de tous les temps. La mesure et l'équilibre dans l'architecture grecque n'ont jamais été dépassés. la sculpture grecque est un miroir de la beauté humaine. Sa noblesse de ligne et d'attitude ont vraiment animé la pierre. Le théâtre et le stade sont deux édifices qui furent particulièrement caractéristiques de la civilisation grecque. On les trouve près des temples, partout où les Grecs ont fondé des villes.

    Les Grecs ont créé l'histoire. Hérodote, considéré comme le père de l'histoire, fut un narrateur pittoresque, soucieux d'objectivité. L'art oratoire est aussi né en Grèce. Les discours de Démosthène restent des modèles de composition et d'éloquence. 

    5. De grands auteurs comme PLATON, ARISTOTE, XÉNOPHON et ARISTOPHANE, des œuvres d'art et diverses inscriptions constituent les sources essentielles de renseignements au sujet des conceptions éducatives en Grèce (voir Titre I - Lien URL).

    La curiosité universelle des Grecs les amena à rechercher la raison suprême des choses. cette étude, la philosophie, prit tout son essor avec trois maîtres qui ont influencé le domaine de la pensée jusqu'à nos jours : Socrate, Platon et Aristote. 

    III. L'héritage de la civilisation romaine

    1. Avant la romanisation de nos régions, l'éducation orale, essentiellement religieuse et morale, était le  privilège des druides et des bardes. 

    2. Le régime scolaire fut introduit chez nous par les Romains qui le tenaient eux-mêmes des Grecs (voir Titre II - Lien URL).

    Il  faut se rappeler, en  effet, que la conquête de la Grèce par Rome eut lieu au milieu du 2ème siècle avant notre ère et que les anciens Belges connurent les premières  écoles romaines dès la fin de la conquête de la Gaule (- 51). 

    3. L'Empire romain incarnait la notion de l'Etat qui assurait l'unité, l'ordre et la paix.

    La clarté de la législation romaine, son bon sens et son interprétation judicieuse lui valurent le nom de "raison écrite". le droit romain imposa l'idée d'une société policée dans laquelle l'état protégeait ses membres dans leurs personnes et dans leurs biens.

    4. Le latin a subsisté comme langue de l'Eglise romaine, malgré les invasions, comme langue des études, et fut utilisé au Moyen Age dans les relations écrites entre chefs d'Etat, dans la liturgie chrétienne et dans l'enseignement : c'était la seule langue commune uniformément comprise. Le latin populaire donna naissance aux dialectes romains. 

    5. Le christianisme naquit et se développa primitivement dans le cadre de l'empire romain. il reprit les divisions administratives romaines pour la délimitation des diocèses et archevêchés. Rome est restée la capitale de l'Eglise catholique. Cette religion rassembla les peuples d'Europe dans la même communauté spirituelle et forma ainsi une unité de civilisation. 

    6. Les Romains furent les bâtisseurs par excellence. Le génie pratique de ce peuple le prédestinait à réaliser de grands travaux d'utilité publique : ponts, aqueducs...  Ce n'est qu'à la fin des Temps Modernes que le réseau de chaussées romaines eut un équivalent. 

    7. Les Romains ne nous ont pas laissé de véritable science car ils ne s'intéressaient qu'à l'aspect pratique des connaissances.

    Mais c'est dans la littérature qu'après s'être soumis aux modèles grecs, les Latins sont devenus des maîtres incomparables en s'adressant à une humanité plus vaste que chez les Grecs dont l'horizon était la cité.

    En se détachant du particularisme, les Latins se sont fait comprendre de tous les esprits élevés. Leurs œuvres ont ainsi eu une action plus étendue et plus durable.

    IV. Ce qui subsiste de cet héritage antique

    De cet héritage de l'Antiquité, il nous reste les langues grecque et latine, la langue française qui en dérive en partie ; l'idée de scolarité ; une  religion, le christianisme.

    Subsistent également certains mots dont le sens repris plus tard a parfois changé : gymnase, pédagogue, académie, lycée, architecture, sculpture, poésie, philosophie, mathématique, démocratie.

    certaines idées, théories ou systèmes comme la logique d'Aristote, l'idée de démocratie, le droit romain, de nombreuses œuvres d'art, d'architecture et des sculptures font également partie de cet important héritage.

    Lien URL avec le Titre I : " L'éducation en Grèce " 


  • Commentaires

    1
    Eli
    Vendredi 12 Avril 2019 à 14:07
    L'education en inde antique
      • Eli
        Vendredi 12 Avril 2019 à 14:08
        comment etait l'éducation en inde antique?
    2
    gamete cudasai
    Samedi 5 Novembre 2022 à 10:12
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