• * Les ouvrages écrits par Jean Piaget

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    Les principaux ouvrages écrits par Jean Piaget

    Les lecteurs intéressés par une bibliographie exhaustive des travaux de Jean Piaget, du moins en ce qui concerne ceux qui ont été publiés jusqu'en 1966, la trouveront dans un ouvrage collectif intitulé "Psychologie et épistémologie génétique, thèmes piagétiens" publié à Paris chez Dunod en 1966 à l'occasion du 70ème anniversaire de Jean Piaget.

    Le langage et la pensée chez l'enfant

    Ce livre, dont la première édition date de 1923 (Neufchâtel & Paris, Delachaux & Niestlé) est le tout premier de la longue série d'ouvrages publiés par Jean Piaget. Il a immédiatement suscité l'intérêt - parfois critique - des psychologues du monde entier. Trois quarts de siècle après sa parution, il est toujours aussi actuel et c'est un document précieux pour tous les psychologues et les éducateurs soucieux de connaître les liens qui unissent l'acquisition du langage au développement de la raison.

    Cet ouvrage regroupe toute une série d'observations sur la fonction du langage parlé chez l'enfant de quatre à sept ans. Jean Piaget analyse des échanges verbaux entre enfants d'une part, entre enfants et adultes d'autre part (questions suivies d'explications).

    Piaget recherche les preuves techniques de l'égocentrisme. les résultats obtenus permettent de distinguer plusieurs fonctions du langage, en particulier, les formes plus ou moins évoluées de monologues (langage "égocentrique"), où l'enfant parle à haute voix, mais sans s'adresser à un interlocuteur particulier et sans attendre de réponse et, par ailleurs, diverses formes de "conversations", où les points de vue réciproques sont plus ou mins ordonnés et coordonnés.

    A partir d'observations du langage spontané d'enfants de 4 à 8 ans, l'auteur a saisi le noyau fonctionnel de la connaissance qui sous-tend le langage des petits, l'égocentrisme de leur pensée. C'est cet égocentrisme qui expliquerait la difficulté du jeune enfant à différencier son point de vue propre de celui de son interlocuteur. L'auteur montre également comment, au cours de son développement, l'enfant parvient progressivement à se situer dans la perspective d'autrui et à organiser son discours en fonction de son partenaire.

    D'autres recherches, sur les formes d'interaction sociale à propos d'une situation concrète à expliquer ou de données verbales à transmettre, permettent l'analyse simultanée de la capacité de compréhension de l'enfant et de la capacité de transmettre verbalement un contenu.

    Le jugement et le raisonnement chez l'enfant

    Dans cet ouvrage paru pour la première fois en 1924 (Neuchâtel et paris, Delachaux et Niestlé), Jean Piaget analyse le raisonnement logique chez l'enfant à l'aide de données d'observation et d'expérimentation tirées, soit du langage spontané, soit des réponses obtenues dans la résolution du problème présenté sous forme verbale.

    Piaget analyse le caractère logique de l'égocentrisme et montre que l'enfant ne raisonne pas de la même façon que l'adulte.

    L'auteur met en évidence :

    • d'une part, la compréhension et l'utilisation des relations causales et des connexions logiques sous l'angle de l'emploi des conjonctions grammaticales "parce que", "donc", "alors", "mais"...
    • d'autre part, le raisonnement sur des systèmes de relations (test des trois frères, relation de fraternité, relativité des notions de gauche - droite et des systèmes de classes inclusives ("notion" de patrie : appartenir à un canton, un pays).

    C'est un essai théorique sur le raisonnement chez l'enfant (en particulier les formes prélogiques ou préopératoires).

    Dans la troisième édition de cet ouvrage (Avant-propos, 1947), on trouve une mise au point de Piaget sur la méthode clinique ou "critique" de recherche et ses développements.

    Piaget se préoccupe ensuite davantage des manifestations et surtout des conséquences de l'égocentrisme de l'enfant sur sa représentation du monde et sur sa causalité physique.

    La représentation du monde chez l'enfant

    Dans cet ouvrage paru en 1926 chez Alcan (Paris), Piaget expose d'autres preuves de l'égocentrisme : il montre comment cette représentation du monde chez l'enfant est participationniste, artificialiste, animiste.

    La causalité physique chez l'enfant

    Dans cet ouvrage paru chez Alcan (Paris) en 1927, Piaget démontre en quoi l'égocentrisme empêche l'enfant de relier correctement et logiquement dans le domaine de l'expérience physique un effet à une cause.

    L'ouvrage rassemble les recherches que Jean Piaget a effectuées sur le développement des explications enfantines relatives à des phénomènes physiques naturels et techniques. 

    On y trouve également : 

    • ses conclusions générales sur les notions de réel et de causalité chez l'enfant ;
    • l'explication du mouvement, de la force (propriétés de l'air et du vent, mouvement des corps célestes, la gravité, la flottaison, etc.) et
    • l'explication des effets d'immersion de solides dans un liquide, l'explication des ombres.

    Dans les conclusions, Piaget met les résultats obtenus en relation avec ses recherches antérieures sur les débuts du raisonnement et montre l'étroite liaison entre le développement de la logique et des catégories du réel chez l'enfant. Piaget a qualifié lui-même le contenu de cet ouvrage comme "une erreur de jeunesse" probablement parce qu'on y trouve qu'à l'état de germe les situations de conversation.

     

    Dès 1928, Piaget se met à étudier le problème de l'intelligence motrice.

    La naissance de l'intelligence chez l'enfant

    Paru en 1936 chez Delachaux et Niestlé (Neuchâtel et Paris), cet ouvrage, consacré aux origines et aux premières manifestations de l'intelligence chez l'enfant et aux débuts des fonctions symboliques, se base essentiellement sur un ensemble important d'observations que Piaget a faites sur ses propres enfants. Fidèle à lui-même, il a même provoqué les conduites de l'enfant par des situations appropriées, afin de comprendre, dans la mesure du possible, les mécanismes intérieurs - les schèmes - qui régissent le comportement de l'enfant.

    Cet ouvrage qui est essentiellement centré sur le développement sensorimoteur situe très clairement les étapes successives du développement cognitif de la naissance à l'âge de deux ans environ, et les produits de ce développement au niveau de la genèse de la connaissance et des conduites d'adaptation ou intelligentes.

    L'introduction et les conclusions sont consacrées à un vaste développement sur les problèmes de l'intelligence aux niveaux psychologique et biologique (adaptation) qui conduit à une première formulation de la théorie de l'assimilation. L'analyse des sous-stades du développement sensorimoteur permet de montrer comment l'enfant évolue du niveau des montages héréditaires ("réflexes") à des conduites de mieux en mieux adaptées et intentionnelles ; l'enfant devient finalement capable de s'adapter à des situations inconnues, à enrichir des conduites établies par des variations multiples à résoudre des problèmes simples (intelligence pratique) par des tâtonnements effectifs ou intériorisés.

    Dans l'oeuvre gigantesque de celui que l'on considère souvent comme l'un des plus grands psychologues du 20ème siècle, "La Naissance de l'intelligence chez l'enfant" est, à coup sûr, l'un des livres les plus importants. C'est d'ailleurs lui qui lui apporta la notoriété. C'est là, en effet, qu'il met au point sa théorie « constructiviste », tordant le cou aux deux autres théories dominantes de l'époque : la psychologie de la forme (Gelstat) qui, pour lui, fait la part trop belle à l'inné, et le behaviorisme, qui part du principe que les connaissances s'inscrivent dans le cerveau comme dans une « cire molle ».

    A partir de l'observation de ses trois enfants (Laurent, Lucienne et Jacqueline), qu'il scrute jour après jour pendant les deux premières années de leur vie, Jean Piaget découvre que l'enfant construit ses connaissances par ses propres actions (trouver le mamelon du sein, sucer son pouce, prendre un objet ou le lâcher...). Biologiste de formation, il conçoit l'intelligence comme une fonction qui permet à l'être humain de s'adapter à son environnement. Cette adaptation se fait selon deux processus fondamentaux, l'assimilation et l'accommodation : l'enfant assimile les données du monde qui l'entoure, mais doit, pour ce faire, accommoder ses structures mentales, c'est-à-dire les modifier (et par là même les développer) afin de se réajuster en permanence à son environnement.

    Les processus intellectuels décrits dans cette étude sont ceux de l'intelligence pratique, dite « sensorimotrice », correspondant aux deux premières années de la vie. Mais pour Piaget - et c'est ce qui fait de "La Naissance de l'intelligence chez l'enfant" son oeuvre majeure - ils seront reconstruits par la suite selon le même modèle à des niveaux de plus en plus abstraits. C'est en effet dans cet ouvrage qu'il met au point sa conception des stades : tout être humain passe obligatoirement par certaines périodes bien précises qui se succèdent invariablement. L'intelligence, d'abord sensorimotrice (qui manipule les objets), s'intériorise ensuite et se transforme en une pensée représentative portant d'abord sur les choses concrètes pour devenir enfin formelle, c'est-à-dire pouvant raisonner sur de pures abstractions. Cette modélisation de stades, identique pour chaque individu aux mêmes âges, est cependant aujourd'hui déconstruite par les avancées de la psychologie du développement. Piaget lui-même, à la fin de sa vie, avait d'ailleurs cherché à la nuancer.

    Toujours est-il qu'avec son approche « génétique » (il la qualifie lui-même ainsi) fondée sur la construction-acquisition de la connaissance, Piaget fournissait à la psychologie un cadre théorique de référence - le constructivisme - qui permettait de dépasser l'opposition inné-acquis et allait stimuler bien des recherches. Pourtant, ce n'est que par « par accident » que Piaget se transforma en psychologue d'enfant. Il s'était toujours défini comme épistémologue : ce qui motivait ses recherches était de comprendre comment la connaissance vient aux individus et comment ils la développent. Il pensa alors qu'une des meilleures façons de le trouver était d'observer des enfants dès la naissance afin de comprendre comment, partant de rien, le savoir est progressivement acquis par l'être humain. Et pour lui, l'instrument de cette acquisition était l'intelligence. D'où le titre de cet ouvrage.

    La construction du réel chez l'enfant

    Dans cet ouvrage paru en 1937 chez Delachaux et Niestlé (Neuchâtel et Paris), Jean Piaget étudie les étapes  par lesquelles, au cours des deux premières années, l'enfant parvient à se faire la représentation d'un monde objectif permanent et indépendant de cette représentation elle-même.

    Dans ce livre qui fait suite à la naissance de l'intelligence chez l'enfant, Jean Piaget étudie les étapes par lesquelles, au cours de ses deux premières années, l'enfant parvient à se faire la représentation d'un monde objectif permanent et indépendant de cette représentation elle-même. Cette construction s'effectue par deux mouvements complémentaires : accommodation de la pensée aux choses et assimilation des données nouvelles par l'acquis antérieur. 

    L'auteur met en évidence la complémentarité de deux catégories d'acquisitions : l'organisation de l'intelligence et l'organisation de la réalité qui s'effectuent solidairement et l'une par l'autre. Cette complémentarité résulte de celle qui réunit l'accommodation de la pensée aux choses et l'assimilation des données nouvelles par l'acquis de l'antérieur.

    • Le développement de la "permanence de l'objet" montre que le jeune enfant n'acquiert que progressivement la connaissance que les objets continuent à exister, indépendamment de l'observateur, même s'ils ne sont pas immédiatement perceptibles.
    • Les déplacements dans l'espace deviennent composables et se construisent au niveau de l'action directe en groupe de déplacements (possibilité de faire des détours, de revenir au point de départ par un détour, etc...)
    • L'enfant devient capable de lier ses actions à des effets désirés ; il y a coordination entre les moyens disponibles et les buts visés ; l'enchaînement des actions indique également le début d'une articulation temporelle de l'univers enfantin.

    Ce livre peut être considéré comme un classique de la psychologie de l'enfant.

     

    Les années 40 furent, à tout point de vue, décisives pour Piaget. Alors que cette période a couvert l'Europe de ruines et menacé l'existence de notre culture, Piaget a pu poursuivre, avec sérénité, dans le calme d'un pays heureux et épargné par la tourmente, ses recherches de science pure.

    Les travaux qu'il a produits au cours de ces années représentent l'une des plus belles contributions aux progrès de la psychologie.

    En 1941 sortent simultanément deux ouvrages complémentaires. Réédités à plusieurs reprises et traduits dans différentes langues, ces deux livres comptent certainement pour beaucoup dans le renom de Piaget :

    Le développement des quantités physiques chez l'enfant

    Dans cet ouvrage paru en 1941 chez Delachaux et Niestlé (Neuchâtel et Paris), les auteurs - Jean Piaget et Bärbel Inhelder - entreprennent l'étude du développement des quantités continues ou "extensives" (caractérisées par la comparaison des parties entre elles sans spécification de l'unité) succédant à la notion de quantités logiques ou "intensives" (caractérisées par les simples rapports de parties à tout). Il s'agit d'une analyse de la manière dont l'enfant généralise les notions élémentaires de quantité logique et numérique et les applique aux principales données matérielles qui lui sont accessibles : la quantité de la matière, le poids et le volume physique.

    Ce qui constitue le thème majeur de cet ouvrage, c'est le problème des interactions entre l'activité mentale et l'expérience.

    Dans cet ouvrage dont abordées les notions physiques de poids et de volume, dans un cadre théorique différent de celui de 1927. C'est celui de la conversation. La méthode de Piaget devient plus efficace. Le but poursuivi par Piaget est de chercher à atteindre les secrets d'une pensée en évitant au maximum de la limiter, de la déformer et de l'influencer par la forme des questions posées.

    Le lecteur y trouvera la description des expériences qui ont permis à Piaget de mettre en évidence :

    • les invariances relatives à la déformation d'une boule de pâte à modeler ;
    • les invariances relatives à la dissolution d'un solide (morceau de sucre) dans l'eau ;
    • la dissociation des notions de poids, densité, masse, volume (flottaison des corps, poids d'un corps sur la balance, déplacement du volume d'eau par un solide immergé, etc.) ;
    • les invariances paradoxales : dilatations sous l'effet de la chaleur ;
    • les opérations de sériation d'objets de poids différent. 

    La genèse du nombre chez l'enfant

    Cet ouvrage, paru en 1941 (1ère édition) chez Delachaux et Niestlé (à Neuchâtel et Paris), est un ensemble de recherches sur le développement de la notion de nombre et de concepts reliés à ce concept.

    Piaget a suivi la construction du nombre entier chez l'enfant. Il souligne que cette construction est opératoire, qu'elle s'effectue à partir des groupements de classes et de relations. Il montre que l'acquisition verbale de la numération parlée ne suffit pas.

    Le nombre apparaît comme synthèse des structures de classification et des structures d'ordre, mais il dépasse les deux par sa flexibilité et son degré de généralité supérieurs et obtenus par des abstractions successives.

    On y trouve des recherches sur la notion de l'invariance de quantités (continues et discontinues) physiques lors de la déformation d'un corps ; des analyses des conduites dans des tâches nécessitant des applications bijectives entre éléments (ordonnés ou non) de deux ou plusieurs ensembles ; des comparaisons qualificatives et quantitatives entre ensembles et sous-ensembles (finis), compositions additives et multiplicatives de classes et de relations.

    Comprendre ce livre n'est pas facile : la terminologie utilisée et même les concepts formels dont se servent les auteurs sont à la fois en marge de l'arithmétique classique et des mathématiques structuralistes. Au simple problème de compréhension s'ajoute la nécessité constante de traduire les concepts utilisés en un langage connu par le lecteur !

    Classes, réunions et nombres

    Paru en 1942 aux Editions Vrin à Paris, il s'agit du premier ouvrage à titre logique dans l'oeuvre de Piaget. Il s'agit d'un essaisurles groupements de la logistique et sur la réversibilité de la pensée. C'est aussi une tentative de formalisation des activités caractéristiques du niveau des opérations concrètes.

    Piaget y expose les "groupements", structures logiques isomorphes à la pensée et au raisonnement de l'enfant de 7 - 8 ans à 11 - 12 ans, la structure formelle et la genèse psychologique des groupes arithmétiques.

    Le lecteur y trouvera notamment :

    • une définition du concept "opération" sur le plan formel et sur le plan psychologique ;
    • la distinction entre activités de classification (fonctions propositionnelles saturées par une seule valence) et de sériation (fonctions saturées par au moins deux valences) qui s'articulent soit en systèmes additifs (inclusifs ou linéaires), soit en systèmes multiplicatifs ;
    • la distinction entre opérations simples et secondaires (portant soit sur les compléments de classes, soit sur les relations inverses) ;
    • le développement des huit groupements caractéristiques : (classification ou sériation) X (opérations additives ou multiplicatives) X (opérations simples ou secondaires) et d'un groupement "préliminaire des équivalences pures" ;
    • le passage des groupements logiques aux groupes arithmétiques comme synthèse des structures de classes et de relations, genèse psychologique de la notion de nombre ;
    • la parenté entre les structures logiques développées et la pensée de l'enfant au niveau des opérations concrètes.

    La formation du symbole chez l'enfant

    Cet ouvrage, publié par Delachaux et Niestlé en 1945 à Neuchâtel et Paris, constitue la suite logique de ceux parus en 1936 et 1937 : la reprise des problèmes relatifs à la pensée enfantine de la première période, mais revue au travers des acquisitions de la seconde période.

    Piaget y montre principalement comment l'enfant passe d'une intelligence sensorimotrice, sans langage ni représentation, à une intelligence représentative essentiellement symbolique.

    Piaget analyse le passage de l'intelligence sensorimotrice à la pensée qui s'appuie sur des symboles et des signes, passage crucial pour l'évolution de la raison humaine : les conduites sensorimotrices (action directe) et l'apparition de la représentation et de ses formes de pensée (pensée préconceptuelle, pensée intuitive, égocentrisme intellectuel) ; analyse de l'univers cognitif de l'enfant de 2 à 6 ans.

    C'est à partir d'observations longitudinales sur l'imitation du nourrisson jusqu'à l'imitation intérioriste et imagée de modèles non présents que Piaget retrace la genèse de la représentation.

    A. Origines et évolution de l'imitation ; l'imitation différée comme point de départ de la représentation et des fonctions symboliques ou sémiotiques ; analyse et critique des théories de l'imitation.

    B. Développement du jeu enfantin (jeux d'exercices, jeux symboliques, jeux de règles) ; analyse critique des théories sur le jeu.

    Une analyse fonctionnelle des jeux et des rêves enfantins le conduit à élaborer une conception originale du symbolisme qui s'écarte sur certains points des théories traditionnelles du symbolisme et en particulier de celles des écoles psychanalytiques. La pensée symbolique est décrite comme une pensée reposant surtout sur des images mentales, symboliques, individuelles et pratiquement incommunicables.

    Les notions de mouvement et de vitesse chez l'enfant

    Paru en 1946 aux P.U.F. (Paris), cet ouvrage regroupe les recherches de Jean Piaget relatives aux notions et aux opérations dans les domaines du mouvement (placements successifs, déplacements) et de la vitesse.

    • expériences sur les notions d'ordre et de succession spatio-temporelles ;
    • comparaisons de chemins différents parcourus à la même vitesse, composition des déplacements, analyse de mouvements relatifs ;
    • développement d'une métrique de la vitesse ;
    • conservation des mouvements et des vitesses uniformes, notions d'accélération, etc...

    Le développement de la notion de temps chez l'enfant

    Paru en 1946 aux P.U.F. (Paris), cet ouvrage rassemble les recherches piagétiennes sur les notions et les opérations relatives aux évènements qui se déroulent dans le temps :

    • expériences sur l'écoulement du temps (ordre des évènements ; comparaison de durées successives ou emboîtées) ;
    • études des problèmes de simultanéité, sériations, composition de durées ; mesure du temps, isochronisme d'intervalles temporels successifs, etc...
    • conscience du temps vécu ("temps psychologique"), développement de la notion d'âge.

     

    En pleine guerre mondiale (1942), le Collège de France a invité Jean Piaget à donner une série de leçons sur la psychologie de l'intelligence. Il a accepté. Malgré la déconstruction de la France occupée, Piaget continuait de construire résolument son édifice scientifique, tout comme l'enfant doit, selon lui, construire son intelligence par le choix de ses actions et la prise de distance par rapport au réel.Soixante-dix ans plus tard, la réédition de ces leçons, présentées par Olivier Houdé, permet de constater que, à l'heure des sciences cognitives, certaines fulgurances de Piaget restent d'une étonnante actualité : par exemple, l'idée que les vérités logico-mathématiques sont le produit du cerveau et donc de la pensée en développement chez l'enfant. En une audacieuse remise en cause de l'échelle des sciences d'Auguste Comte, Piaget place non seulement la psychologie de l'intelligence aux fondements des mathématiques et de la logique, mais l'inscrit elle-même dans la biologie, la chimie et la physique.

    Ce changement de point de vue - si original pour l'époque (et qui le reste aujourd'hui) - a donné une place inédite à la psychologie, au cour même du dispositif de la science dite « dure ».

    La seule idée qui intéresse Piaget dans ses ouvrages de logique, c'est la notion de réversibilité car elle permet de parler, d'assimiler l'action à la raison logique. C'est sur cette notion d'assimilation que repose le petit ouvrage théorique qui paraît en 1947 à Paris chez A. Collin :

    La psychologie de l'intelligence

    Cet ouvrage a été écrit d'après les conférences que Piaget a données au Collège de France en 1942 à la demande d'Henri Piéron. Piaget y dresse le bilan des acquisitions concernant les opérations et les théories de l'intelligence.

    L'auteur y fait la synthèse de sa théorie du développement des fonctions cognitives de la naissance à l'adolescence.

    Mais cet ouvrage ne constitue qu'une introduction à la pensée piagétienne. Les grands axes et les grands cadres y sont donnés mais seulement comme des approximations.

    On y trouve une définition de l'intelligence et de son rôle comme fonction d'adaptation, une analyse des théories existantes, des relations entre la logique et la psychologie.

    Piaget développe les relations entre l'intelligence et les conduites sensorimotrices, la perception, les habitudes ; le passage de l'intelligence sensorimotrice à la pensée symbolique et pré-conceptuelle ; la pensée intuitive et les opérations concrètes ; l'achèvement du développement au niveau des opérations formelles.

    La représentation de l'espace chez l'enfant

    Ecrit en collaboration avec Bärbel Inhelder, cet ouvrage date de 1948  et a été publié à Paris aux P.U.F.

    Piaget étudie le développement des mécanismes permettant à l'enfant de contrôler ses actions dans l'espace puis de se représenter des relations spatiales.

    Ses observations et expériences conduisent Piaget à distinguer un espace d'action d'un espace représentatif.

    Les premières propriétés de l'espace que l'enfant peut se représenter et qu'il sait reproduire sont de type topologique (ouverture, fermeture d'une figure géométrique, inclusion, exclusion d'une figure dans une courbe fermée, etc...) et de type ordinal (avant, après sur une figure continue, relation ou propriété, "entre", etc...).

    Ensuite l'enfant passe à la construction d'un espace projectif, dont témoignent, selon Piaget, la compréhension de projections, sections de volumes, développement des surfaces, de volumes, etc...

    Un chapitre important porte sur la mise en relation des perspectives relatives à la perception d'un objet complexe (imaginer un paysage, comme il est  vu d'en face, de gauche ou de droite, etc...).

    La géométrie spontanée chez l'enfant

    Ecrit en collaboration avec B. Inhnelder et A. Szeminska, cet ouvrage (paru aux P.U.F. à Parie en 1948) décrit le développement conduisant à la mesure et à l'analyse quantitative des longueurs, surfaces et volumes. Piaget étudie ensuite l'acquisition des invariants géométriques nécessaires à cette évolution :

    • représentation des déplacements dans l'espace, techniques de mesures spontanées ;
    • conservation des longueurs après décalage de l'objet ; de l'égalité de deux surfaces après soustraction de deux surfaces égales ou après modification de leur forme ; reconstruction de volumes égaux, mais de base différente ;
    • localisation de points dans des espaces à deux et trois dimensions, mesures d'angles et de triangles,etc...
    • partitions, soustractions, compositions, etc... de grandeurs géométriques.

     

    Les investigations de Piaget ont donc porté jusqu'ici tant sur les aspects figuratifs de la connaissance (perception, espace, temps, mouvements, vitesse) que sur les aspects opératifs (nombre, quantités).

    Sa réflexion se formalise en une logique opératoire qui se veut logique de l'action. il la traduit dans l'ouvrage suivant dont l'importance est considérable.

    Traité de logique

    Publié à Paris chez A. Collin, cette "esquisse d'une logique des opérations élémentaires" vise, d'une part, à introduire le débutant (et plus particulièrement le psychologue qui se préoccupe de la genèse des opérations de l'intelligence) au langage formel dont se sert Piaget pour décrire le processus de  la pensée, d'autre part, à développer les thèses piagétiennes sur les structures de la pensée (réversibilité, systèmes d'ensembles).

    L'exposé est (mathématiquement) "naïf" ou "intuitif", c'est-à-dire que les structures logiques développées ne sont pas entièrement axiomatisées (et peut-être même pas entièrement axiomatisables).

    Cet ouvrage est l’un des trois écrits consacrés par Piaget à l’exposé de la "logistique" opératoire construite dans le but de modéliser les conduites et les opérations logiques de la pensée concrète et de la pensée formelle. Son introduction présente les rapports de la logique avec la psychologie et discute le problème de l’objet de la logique.

    Dans cet ouvrage, Piaget formalise les opérations logico-mathématiques concrètes concernant les classes additives et multiplicatives, les relations, les opérations formelles de combinatoire, c'est-à-dire les opérations intrapropositionnelles et les opérations interpropositionnelles.

    Grâce à cette tentative remarquable de catégoriser en termes logiques les opérations effectives de la pensée de l'enfant et de l'adolescent, Piaget va pouvoir se livrer à des investigations plus systématiques sur les classes, les relations, les inclusions et leur quantification.

    Cet ouvrage a soulevé quelques objections de la part des mathématiciens.

    Introduction à l'épistémologie génétique

    Cet important ouvrage (3 volumes, Paris, P.U.F. 1950), modestement intitulé "Introduction" représente la première véritable synthèse des recherches, si diverses en apparence, de Piaget : philosophie de la pensée scientifique, développement de la connaissance chez l'enfant, formalisations des conduites opératoires du sujet, analyse des mécanismes d'adaptation aux niveaux biologique et psychologique, etc...

    Les multiples interactions entre le sujet et l'objet, tant au niveau de l'histoire de la pensée adulte qu'en ce qui concerne la genèse des fonctions cognitives chez l'enfant, conduisent à la formation de connaissances qui s'articulent finalement en sciences, caractérisées par leurs problèmes spécifiques, leurs méthodes particulières, leurs résultats propres.

    Bien qu'autonomes à bien des égards, les divers domaines scientifiques sont liés par une série de connexions, ce qui permet de postuler "un cercle des sciences" allant des sciences formelles (logiques, mathématiques) à la physique, puis à la biologie, aux sciences de l'homme (psychologie et sociologie) pour revenir aux sciences formelles.

    Les trois volumes contiennent l'analyse des grands problèmes de l'épistémologie sous l'angle historico-critique et des apports de la psychologie génétique.

    Quelques-uns de ces problèmes :

    1. Le passage des opérations logico-mathématiques tirées d'une manipulation d'ensembles d'objets aux opérations formelles des mathématiques, rigoureusement déductives et indépendantes du réel (et le dépassant ou préparant une connaissance plus approfondie de celui-ci en fournissant des outils conceptuels mieux appropriés).
    2. Le passage des opérations infralogiques à la géométrie axiomatique et aux modèles abstraits de la physique.
    3. Les problèmes de l'explication en science.
    4. Les tendances d'évolution en sciences.

    La genèse de l'idée de hasard chez l'enfant

    Edité à Paris aux P.U.F., cet ouvrage, coécrit avec B. Inhelder, constitue une analyse du développement des conduites d'enfants dans des situations où le résultat d'un intervention sur le réel est entièrement ou partiellement déterminé par le hasard.

    Les recherches présentées s'inspirent des démonstrations classiques des lois du hasard : tirage au sort, distributions statistiques, mélanges irréversibles, etc...

    Quelques recherches sont consacrées aux combinaisons, permutations, arrangements. 

    De la logique de l'enfant à la logique de l'adolescent

    Le double titre de cet ouvrage coécrit avec B. Inhelder et édité à Paris aux P.U.F., tient à la dualité des problèmes que les auteurs se sont posés. On y trouve les résultats de l'étude génétique de l'induction expérimentale faite par Piaget.

    Ce livre est le reflet de l'ensemble des recherches pour éclairer le passage du raisonnement concret à la pensée formelle et hypothético-déductive, le passage des groupements opératoires au groupe des quatre transformations (I N R C), la combinatoire et la logique des propositions.

    Les situations expérimentales proposées incitent le sujet à tenter de dégager les variables pertinentes et leurs rôles respectifs dans différentes situations plus ou moins complexes.

    Dans cet ouvrage, le lecteur trouvera tous les détails de la constitution de la logique des propositions, combinatoires, induction de lois générales et leur explication, distributions aléatoires et corrélations.

    Chaque chapitre expérimental est accompagné d'une tentative de formalisation des conduites observées. les auteurs présentent des interprétations de la pensée de l'adolescent sur le plan intellectuel.

    Pour analyser les structures opératoires propres à la pensée formelle de l'adolescent, B. Inhelder a eu besoin des algorithmes de la logique des propositions ainsi que du groupe des quatre transformations concernant les inversions et les réciproques.

    Inhelder élabore les instruments d'analyse logistique permettant l'interprétation des résultats obtenus par Piaget.

    les deux buts poursuivis par les auteurs de cet ouvrage sont :

    • la description des différents passages de la logique de l'enfant  à celle de l'adolescent ;
    • la description des structures formelles marquant l'achèvement du développement opératoire de l'intelligence.

    La perception

    A première vue, les travaux de Piaget et de ses nombreux collaborateurs dans le domaine de la perception visuelle portent essentiellement sur les insuffisances des systèmes perceptifs : Piaget étudie les illusions optico-géométriques, les mouvements apparents, les constances perceptives, la perception de la causalité. cependant, cette préoccupation s'insère tout normalement dans les recherches sur l'intelligence et l'épistémologie génétique, puisqu'une théorie de la connaissance ne doit pas seulement se poser la question de la construction du savoir, mais aussi des questions sur la prise d'information par le sujet et les interactions éventuelles entre savoir établi et  information nouvellement acquise.

    Selon Piaget, il semblerait que les déformations dans le champ perceptif soient essentiellement dues à deux grands ensembles de facteurs :

    • les illusions primaires, perceptives qui semblent diminuer avec l'âge. la plupart des illusions "optico-géométriques" font partie de cette catégorie.
    • les illusions secondaires qui augmentent en intensité avec l'âge.

    Cet ouvrage a été publié en 1955 aux P.U.F. à Paris.

    Le problème des stades en psychologie de l'enfant

    Pour Piaget, il ne suffit pas d'ordonner chronologiquement quelques conduites apparemment particulièrement typiques du comportement de l'enfant à un âge donné. il pose un certain nombre de conditions auxquelles la description du développement doit suffire, pour se donner le droit de parler de stades. Il faut :

    1. que la succession des conduites soit constante, indépendamment des accélérations ou des retards qui peuvent modifier les âges chronologiques moyens. On distingue toujours en psychologie l'âge chronologique et l'âge mental en fonction de l'expérience acquise et du milieu social (comme ds aptitudes individuelles) ;
    2. que chaque stade soit défini, non pas par une propriété simplement dominante, mais par une structure d'ensemble caractérisant toutes les conduites nouvelles propres à ce stade ;
    3. que ces structures présentent un processus d'intégration tel que chacune soit préparée parla précédente.

    Il va de soi qu'à ces conditions formelles s'ajoutent des conditions plus pratiques. On ne peut, e effet, pas exiger qu'un stade se présente immédiatement en sa forme la plus évoluée et on distinguera dans la pratique la phase de préparation ou les "processus de formation" et la période d'achèvement ou les "formes d'équilibre finales".

    Piaget dit qu'un stade a atteint son niveau d'équilibre lorsque la structure d'ensemble qui caractérise ce stade a atteint son niveau final, c'est-à-dire que toutes les opérations participant à l'élaboration de celles-ci sont effectivement coordonnées et réversibles, ce qui permet au sujet (dans les limites de la structure d'ensemble typique) de compenser au maximum les perturbations de son univers cognitif. Ce sont pourtant les formes finales d'équilibre qui définissent, à des niveaux différents, les structures d'ensemble qui caractérisent le comportement su sujet. Nous distinguons donc trois stades essentiels du développement intellectuel de l'enfant, à savoir :

    1. le stade du développement sensorimoteur, de la naissance à l'âge de deux ans ;
    2. le stade des opérations concrètes, de 2 ans à 11-12 ans ;
    3. le stade des opérations formelles qui débute vers 11 - 12 ans.

    Cet ouvrage a été publié en 1956 aux P.U.F. à Paris.

    Le genèse des structures logiques élémentaires

    Ecrit en collaboration avec Bärbel Inhelder, cet ouvrage date de 1959  et a été publié à Neuchâtel et Paris par les éditions Delachaux et Niestlé.

    Piaget et Inhelder ont analysé dans cet ouvrage la manière dont les enfants, lors de manipulations d'objets ou d'images, parviennent à les classer ou à les sérier pour trouver les premiers linéaments de leur logique.

    C'est donc l'étude du développement de ces opérations de classification et de sériation (structures d'ordre) portant sur des objets concrets :

    • les premières formes d'articulation de type classificatoire : classifications simples, emboîtement et multiplication des classes, le problème du "tous" et du "quelques" (classes constituées par un nombre fini d'objets concrets), la notion  de complément, réarticulation progressive d'un système de classification en progrès, etc...
    • le développement des conduites de sériation (ordination, ordonnancement) d'objets selon un ou plusieurs critères.

    Les mécanismes perceptifs

    Voici un ouvrage de synthèse qui résume les recherches sur la perception parues entre 1942 et 1964 dans les "Archives de Psychologie" et qui constitue une analyse des relations entre la perception (visuelle) et l'intelligence.

    Y sont successivement décrits :

    • les illusions perceptives et leur évolution en fonction de l'âge ; la perception du temps, de la vitesse, du mouvement et de la causalité ;
    • les activités perceptives, les mouvements oculaires, l'action de l'exercice et de la répétition, l'anisotropie du champ visuel exploré, les activités de mise en relation et d'anticipation, les schématisations ; les transports et transpositions spatiaux et temporels ;
    • les effets de champ et activités perceptives ; les modèles probabilistes des effets de champ, de la loi de Weber, des effets temporels ; la structure des activités perceptives ;
    • les différences, ressemblances, filiations et interactions entre la perception et l'intelligence ; les informations, les notions et les opérations, l'épistémologie de la perception, les aspects figuratifs et opératifs d la connaissance, l'empirisme, l'innéisme et l'interaction entre le sujet et l'objet.

    Cet ouvrage a été publié en 1961 aux P.U.F. à Paris.

    En 1963, Piaget collabore à la publication du

    Traité de psychologie expérimentale (9 volumes - Paris, P. U. F. 1963 à 1965)

    Parmi les neuf volumes de ce traité, les volumes I, VI et VII contiennent quelques mises au point et présentations résumées intéressantes :

    Volume I (Histoire et méthode), Chap. III, p. 121 - 152

    "L'explication en psychologie et le parallélisme psychophysiologique" par Piaget : analyse des formes d'explication en psychologie ; légalité et causalité ; parallélisme psychophysiologique ; relations entre la causalité en sciences et l'implication logique.

    Volume VI (La perception), Chap. XVIII, p. 1 - 57

    "Le développement des perceptions en fonction de l'âge" par Piaget : compte-rendu de l'ensemble des recherches piagétiennes sur les mécanismes perceptifs et leur développement. 

    Volume VII (L'intelligence), Chap. XXIII, p. 65 - 108

    "Les images  mentales" par Jean Piaget et Bärbel Inhelder : exposé résumé du problème de l'image mentale, de ses formes, des expériences sur son évolution, des relations entre l'image, la perception et la pensée. 

    Volume VII (L'intelligence), Chap. XXIV, p. 109 - 155

    "Les opérations intellectuelles et leur développement" par Jean Piaget et Bärbel Inhelder : présentation synthétique de l'ensemble des recherches sur le développement opératoire de l'enfant ; aperçu historico-critique ; les facteurs du développement ; les notions de conservation, opérations de classification et de sériation ; la construction du nombre  entier, les opérations infra-logiques et le hasard ; les opérations formelles.

    Six études de psychologie

    Le progrès de la conduite et de la pensée, la genèse des fonctions logique, perceptive, affective, tels sont les thèmes centraux qu'aborde Jean Piaget dans Six études de psychologie, ouvrage paru en 1964 à Genève, aux éditions Gonthier.

    Cet ouvrage réunit six articles originaux et le texte de conférences de Piaget parus de 1940 à 1964. Il semble tout indiqué pour une première introduction aux méthodes et aux résultats de la psychologie génétique, le style étant assez simple et le vocabulaire peu spécialisé ou technique (d'autant plus qu'il s'agit, en partie, de conférences publiées par la suite).

    La première partie de ce livre retrace l'essentiel des découvertes de Piaget dans le domaine de la psychologie de l'enfant : les étapes du développement mental de l'enfant, de la naissance à l'adolescence.

    Ces premiers articles exposent le développement de la pensée de l'enfant.

    La deuxième est consacrée à une approche de certains problèmes centraux tels que ceux de la pensée, du langage, de l'affectivité, selon une double perspective : génétique et structuraliste. Piaget tend à établir les lois d'une théorie de la connaissance. Les articles approfondissent quelques problèmes plus particuliers : équilibration, innéisme et empirisme, les structures en psychologie génétique, mais aussi des questions de méthode. 

    Écrits pour des spécialistes, les ouvrages de Piaget sont souvent d'une lecture difficile. Le présent volume, à l'inverse, constitue un raccourci saisissant en même temps qu'une introduction complète à l'œuvre de l'éminent psychologue.

    Etudes sociologiques

    Cet ouvrage publié chez Droz à Genève en 1965, est en fait la réimpression de quatre articles sur la sociologie et la socialisation de l'enfant, parus entre 1941 et 1950, augmentée d'une  préface originale.

    Le premier article - "L'explication en sociologie" - est extrait du tome III de l'introduction à l'épistémologie génétique tandis que les trois articles suivants avaient paru dans une collection difficilement disponible. 

    Le fond de ces articles concerne :

    • l'explication en sociologie, en biologie et en psychologie ; les problèmes synchroniques et diachroniques, les rythmes, régulations et groupements ; la formalisation ; la pensée sociocentrique, la coopération ;
    • les échelles de valeur, les valeurs inter-individuelles et collectives, les échanges de valeur, la coordination morale et juridique des valeurs ;
    • le développement opératoire et individuel et le processus de socialisation : dynamique et interactions ;
    • les relations entre les catégories de la morale et du droit.

    Combien de sociologues ont lu les livres de Piaget ? Pourquoi tant d'indifférence et d'incompréhension pour une œuvre qui est parmi les plus notables de notre siècle ? Peut-être parce qu'ils cherchent toujours à se convaincre de leur propre identité professionnelle, et c'est précisément pour l'affirmer et la faire valoir qu'ils plantent et replantent les bornes du domaine et continuent à crier la nature et l'objet de leur science. Or tout un chacun sait que Piaget se moque de ces faux problèmes. En secouant toutes nos vieilles habitudes il nous pousse à fréquenter cette biologie, cette psychologie, cette cybernétique, cette logique qui jusqu'ici n'ont jamais figuré aux programmes de licence en sociologie ou en sciences humaines.

    L'originalité de la sociologie piagétienne consiste surtout dans le fait qu'elle est émergée tout naturellement de la pratique du laboratoire. Etant parti de l'étude de la psychologie de l'enfant, voulant voir plus clair dans les processus de formation du jugement moral, Piaget découvrait l'importance primordiale du jeu dans l'élaboration de la personnalité et de l'organisation sociale au sens le plus fort du mot. Le jeu, en effet, par ses règles, permet de socialiser les individus, de les façonner de manière que chaque conduite individuelle puisse en principe s'adapter aux dynamismes du milieu et des autres. Le fait essentiel de la vie sociale est donc ce système de relations. La société est donc ce tout, cette unité foncière de pensées et d'actions. Entre l'individu et la société, il y a covariance et parallélisme, d'où la nécessité de ne pas séparer l'analyse psychologique de l'analyse sociologique.

    En analysant la fonction des symboles et des symbolismes dans notre vie, Piaget vient également à la rencontre de l'interactionnisme symbolique et donne une base expérimentale à la théorie des rôles telle qu'elle avait été énoncée par Mead, plus ou moins à la même époque, et pose la base de la théorie des rapports entre le caractère et la structure sociale. Ainsi il a mis en lumière les règles régissant les comportements des rôles et a tenté d'expliquer comment du symbole signifiant on arrive aux attitudes.

    Les travaux de Piaget en la matière sont capitaux pour connaître aussi les mécanismes nécessaires à l'acquisition du savoir collectif et à la compréhension des processus de socialisation des représentations. Toute pensée est une prise de conscience des conditions de l'action, elle est une synthèse entre le sujet et l'objet, entre l'homme et l'univers. Les interactions entre ces deux activités consistent "au sens propre en actions se modifiant les unes les autres selon certaines lois d'organisation et d'équilibre". Chacune de ces activités constitue pour Piaget une totalité en elle-même productive de rapports nouveaux, chaque totalité est une structure, où il est donc impossible de séparer la genèse de la transformation, l'équilibre de la fonction, la synchronie de la diachronie. Dans ce sens, Piaget retrouve certaines options de Pareto et de Max Weber. La voie indiquée par Piaget est bien tracée : l'analyse sociologique étudie toutes les actions réelles qui constituent l'infrastructure de la société. Elle étudie également l'idéologie qui est la conceptualisation des conflits et des aspirations nées de l'action. Elle les étudie avec la science sociologique qui prolonge les actions en opérations permettant d'expliquer l'individu et la société.

    Sagesse et illusions de la philosophie

    Edité à Paris aux P.U.F. en 1965, il s'agit d'un ouvrage autobiographique et polémique sur les relations entre la philosophie et les sciences. Piaget y fait l'analyse critique des tendances actuelles de la psychologie philosophique (ou philosophie anthropologique) et la psychologie scientifique et expérimentale.

    L'image mentale chez l'enfant

    Ecrit en collaboration avec avec Bärbel Inhelder, cet ouvrage, paru à Paris aux P.U.F. en 1966, rassemble les expériences et développements théoriques sur l'évolution des images mentales, leur structure et leur fonction dans la pensée du sujet et propose une classification des différents types d'images mentales :

    • les images reproductrices de situations statiques et cinétiques ;
    • les images reproductrices et anticipatrices de transformations de mouvements.

    Piaget y analyse aussi :

    • les relations entre les images reproductrices et l'action autonome du sujet ; les relations entre le développement opératoire et les images mentales ;
    • les relations entre l'image mentale et la perception, l'imitation, les notions préopératoires ; la nature symbolique de l'image, sa signification épistémologique, etc.

    La psychologie de l'enfant

    Exposé synthétique, clair et simple du développement de l'enfant, de la naissance à l’adolescence, cet ouvrage, écrit avec Bärbel Inhelder et paru à Paris aux P.U.F. en 1966, résume un bon nombre de travaux réalisés par Piaget et ses collaborateurs. Il tient compte des faits et points de vue complémentaires exposés par d'autres auteurs.

    Le lecteur y trouvera une bonne synthèse du :

    • développement sensorimoteur sous sous aspect intellectuel et  affectif,
    • développement de la perception et les relations entre l'intelligence et la perception de l'apparition et de l'évolution des différentes fonctions sémiotiques.

    Piaget synthétise également son point de vue à propos :

    • du passage de l'action directe aux opérations intériorisées, réversibles et composables en structure d'ensemble ;
    • du développement des opérations concrètes (opérations et notions relatives aux activités logico-mathématiques (classifications, sériations, nombre) et infra-logiques (invariants physiques, espace, temps, vitesse de mouvement, causalité et hasard) et à propos du développement effectif et la socialisation de l'enfant.

    Suivent les développements caractéristiques au niveau de l'adolescence sur les plans affectif et intellectuel (opérations formelles) et un aperçu des quatre facteurs du développement mental de l'enfant (maturation, hérédité, expériences logico-mathématiques, physiques, interactions, transmissions sociales, équilibration).

    Biologie et connaissance

    Edité à Paris chez Gallimard en 1967, ce grand ouvrage théorique et de synthèse sur la continuité entre les formes d'adaptation biologique et les fonctions cognitives, en tant que modes d'adaptation particulièrement évolués concerne :

    • la problématique, les questions de méthodologie, l'épistémologie de la pensée et de la connaissance biologique (évolution de la vie, des fonctions cognitives, phylogenèse, ontogenèse, psychogenèse ; espèces, systèmes génétiques, individus ; organisme et milieu, sujet et objet ; la causalité biologique) ;
    • les correspondances de fonction et analogies de structures entre les niveaux biologiques d'adaptation et la construction de la connaissance (organisation, adaptation, assimilation et accommodation, conservation et anticipation, régulation et équilibration) ;
    • l'épistémologie des niveaux élémentaires de comportement ; les connaissances innées et instruments héréditaires de connaissance ; les connaissances acquises et expérience physique ; les constructions logico-mathématiques ;
    • les "formes de connaissance en tant qu'organes différenciés de la régulation des échanges fonctionnels avec l'extérieur".

    Le structuralisme

    Publié à Paris aux P.U.F. en 1968, ce petit ouvrage, de caractère essentiellement théorique, présente un "état de la question" en ce qui concerne les tendances structuralistes dans les différentes sciences contemporaines.

    Piaget se limite aux structuralismes propres aux différentes sciences et à quelques mouvements philosophiques inspirés par les structuralismes issus des sciences humaines.

    "Si l'on cherche à définir le structuralisme en opposition avec d'autres attitudes et en insistant sur celles qu'il a pu combattre, on ne trouvera que diversité et contradictions, liées à toutes les péripéties de m'histoire des sciences ou des idées. Par contre, à se centrer sur les caractères positifs de l'idée de structure, on trouve au moins deux aspects communs à tous les structuralismes : d'une part, un idéal ou des espoirs d'intelligibilité intrinsèque, fondés sur le postulat qu'une structure se suffit à elle-même et requiert pas, pour être saisie, le recours à toutes sortes d'éléments étrangers à sa nature ; d'autre part, des réalisations, dans la mesure où l'on est parvenu à atteindre effectivement certaines structures et où leur utilisation met en évidence quelques caractères généraux et apparemment nécessaires qu'elles présentent malgré leurs variétés."

    Son contenu :

    • introduction du problème, caractères pertinents d'une structure, tendances du structuralisme, structures mathématiques et logiques ;
    • structures et structuralisme en physique, biologie, psychologie, linguistique, sociologie et anthropologie culturelle ;
    • la pensée structuraliste en philosophie, le structuralisme comme méthode scientifique.

    Mémoire et intelligence

    Ecrit en collaboration avec Bärbel Inhelder et publié à Paris aux P.U.F. en 1968, cet ouvrage regroupe les recherches sur le souvenir de situations de caractère opératoire chez l'enfant ; les relations entre l'évolution de la mémoire et le développement intellectuel (niveaux opératoire et opératoire).

    L'introduction et les conclusions développent successivement la position du problème dans la perspective de la psychologie génétique, puis tirent les conséquences des observations rapportées.

    Les expériences décrites concernent le souvenir de situations à structure logique (classifications et/ou sériations) additive ou multiplicative, le souvenir des situations présentant une structure causale et le souvenir des dispositions (ou de la structure) spatiales des objets considérés.

    Psychologie et pédagogie

    Que peuvent les méthodes psychologiques nouvelles, en quoi contribuent-elles au renouvellement de la pédagogie ? C'est là le thème central de Jean Piaget dans Psychologie et pédagogie. Qu'il s'agisse de l'affectivité, de l'intelligence, de l'acquisition du savoir, du travail individuel et en équipe, de la discipline, l'auteur indique les grandes lignes de la révolution scolaire qui s'impose. L'école, au cours des siècles, s'est constituée de manière très empirique, et c'est pourquoi, aujourd'hui, elle explose. Ce que propose le présent volume, ce sont les moyens de la reconstruire.

    Edité à Paris chez Denoël et Gonthier en 1969, cet ouvrage réunit deux articles initialement destinés au Tome 15 de l'Encyclopédie Française consacrée à l'éducation et portant sur les grands problèmes de la pédagogie contemporaine.

    La première partie, qui date de 1965, est une remise en question totale de la pédagogie de l'après-guerre.

    La seconde partie est plus ancienne. Elle est centrée sur les découvertes de la psychologie génétique encore peu connues vers 1935. Piaget y montre les implications pédagogiques et établit la liaison entre ces découvertes et les méthodes dites "actives" à cette époque très discutée.

    Ces articles résument et mettent à jour la position de Piaget concernant divers problèmes proprement pédagogiques (évolution des idées pédagogiques, les méthodes d'enseignement, problèmes de didactique, les relations entre la psychologie de l'enfant et la psychologie génétique, les styles pédagogiques, etc...) et un certain nombre de questions touchant plus directement aux questions d'organisation (formation des enseignants, collaboration internationale, réformes de structure et de programme, planification de l'enseignement). 

    Psychologie et épistémologie

    Edité en 1970 à Pris chez Denoël et Gonthier (collection Médiations), ce volume réunit cinq articles parus séparément entre 1947 et 1966, ainsi qu'une introduction originale de Piaget.

    Ces articles concernent, d'une manière générale, l'épistémologie, l'épistémologie génétique, la psychologie génétique et leurs relations et interdépendances. L'introduction peut servir de première initiation aux problèmes de l'épistémologie génétique (buts, méthodes, résultats) et les trois articles suivants comme approfondissements exemplaires des idées développées. Les deux articles finaux sont plus théoriques et concernent des problèmes relativement spéciaux (relations entre la science et la philosophie, classification des sciences sociales).

    Cet ouvrage peut constituer "l'entrée en matière" pour l'épistémologie génétique, sans pour autant apparaître comme un ouvrage simple ou dénué de subtilités.

    La prise de conscience

    Dans cet ouvrage publié à Paris aux P.U.F. en 1974, Piaget cherche à analyser la prise de conscience de l'action propre et en quoi celle-ci est modifiée par une telle intériorisation. Il examine ce que sont les conceptualisations des sujets, y compris les explications causales, lorsqu'elles portent, non plus sur des situations physiques quelconques, mais sur des effets dépendant entièrement des actions de l'enfant et de son intelligence pratique (résoudre des problèmes faciles avec succès précoces). Piaget étudie dans cet ouvrage les situations dans lesquelles la réussite des actions est précoce parce que les coordinations qu'elles supposent résultent de simples différenciations dues aux régulations plus ou moins automatiques d'une démarche globale initiale.

     

    Dans le volume suivant, "Réussir et comprendre", Piaget analyse par contre le cas des réussites plus tardives, par étapes successives dues à des coordinations entre schèmes distincts et à un réglage plus actif supposant en cours de route l'introduction de moyens nouveaux.

    Réussir et comprendre

    Dans cet ouvrage publié à Paris aux P.U.F. en 1974, Jean Piaget vérifie que le caractère cognitif de l'action se maintient antérieurement à la prise de conscience, jusque dans le cas des actions à réussite non précoce mais s'effectuent par étapes et au moyen de coordinations de plus en plus complexes.

    Il étudie ensuite le renversement progressif de cette situation lorsque la conceptualisation rejoint le niveau de l'action et finit, vers 11 - 12 ans, par le dépasser et par influencer en retour les actions jusqu'à pouvoir les diriger en les programmant avant toute réalisation.

    Où va l'éducation ? 

    Cet ouvrage, publié pour la première fois en 1971 à Paris aux Éditions Denoël et Gonthier, puis réédité en 1988 aux Éditions Gallimard 1988, a été rédigé à l'intention de la Commission Internationale sur le développement de l'éducation (organisme dépendant de l'UNESCO).

    La première partie de cet ouvrage est une partie rétrospective destinée à rappeler l'état des problèmes en fonction des tendances récentes de l'éducation.

    On y trouve notamment une analyse critique des "machines à apprendre", des procédures audiovisuelles, des nombres en couleurs de Cuisenaire, des "blocs logiques" de Dienas.

    Piaget y souligne également les grands progrès des recherches psychologiques sur le développement de l'intelligence et des structures cognitives, tout en distinguant les trois courants pédagogiques actuels :

    • l'associationnisme empiriste dans lequel la part de l'enseignant est prépondérante
    • le retour aux facteurs d'innéité et de maturation interne (sous l'influence de Chomsky)
    • le constructivisme piagétien dans lequel l'accent est mis sur les activités de l'enfant. 

    La partie prospective s'intéresse à l'enseignement des sciences qui devrait permettre de faire comprendre à des enfants de niveau primaire certains phénomènes physiques simples au moyen de dispositifs manipulés par l'enfant avec une part maximale de spontanéité et d'activité de recherche.

    La refonte des méthodes et de l'esprit de l'enseignement tout entier met en cause :

    • la didactique spécialisée de chacune des branches de cet enseignement scientifique, mais aussi
    • le rôle de l'enseignement préscolaire,
    • la signification réelle des méthodes actives,
    • l'utilisation des connaissances psychologiques acquises sur le développement de l'enfant,
    • le caractère interdisciplinaire nécessaire des initiations.

    La préparation des maîtres retient également l'attention de Piaget. Il préconise une formation universitaire complète pour les maîtres de tous les niveaux, une union étroite de l'enseignement et de la recherche ; des recherches en équipe dirigées par des représentants de spécialités complémentaires travaillant en constante coopération. 

    La troisième partie de cet ouvrage est un texte datant de 1948, commentant l'article 26 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, votée par les Nations Unies. C'est évidemment dans l'esprit de la constatation psychologique et sociologique la plus objective que Piaget insiste sur l'urgence des questions soulevées par l'état actuel de l'éducation.

    La plupart des échecs scolaires ont pour cause des méthodes scolaires inefficaces. Ce ne sont pas les matières qu'on leur enseigne que les enfants ne comprennent pas, mais les leçons qu'on leur donne sous forme d'exposés.

    Ce que Piaget préconise, c'est la fin du professeur-conférencier car comprendre, c'est inventer. Toute réforme sérieuse de l'enseignement doit donc commencer par l'information des maîtres qui assurent cet enseignement. Ainsi les méthodes dites actives, l'éducation préscolaire, la recherche interdisciplinaire deviendront autre chose que des mythes. En particulier, ce que préconise, ici, Jean Piaget c'est, avant tout, la fin du professeur conférencier. car comprendre, c'est inventer.

    Pour que l'école devienne plus efficace, les méthodes actives, l'éducation préscolaire et la recherche interdisciplinaire doivent devenir autre chose que des mythes.

    Par conséquent, toute réforme sérieuse de l'enseignement devra commencer par une réforme de la formation des maîtres qui assurent cet enseignement. Le dernier chapitre redéfinit le problème des finalités de l'éducation.

    L'épistémologie génétique

    L'épistémologie génétique explique l'acquisition de la connaissance chez l'enfant comme étant une construction. C'est James Mark Baldwin qui inventa cette expression, qui fut plus tard popularisée par Jean Piaget, directeur du Centre International pour l'Épistémologie Génétique de Genève de 1955 à 1980. Sur la fin de sa vie, Piaget se rattachera au courant constructiviste pour lequel il est une source importante d'inspiration.

    L'épistémologie génétique a, pour son fondateur Jean Piaget, " la double intention de constituer une méthode apte à fournir des contrôles et surtout de remonter aux sources, donc à la genèse même des connaissances, dont l'épistémologie traditionnelle ne connaît que les états supérieurs, autrement dit certaines résultantes. Le propre de l'épistémologie génétique est ainsi de chercher à dégager les racines des diverses variétés de connaissance dès leurs formes les plus élémentaires et de suivre leur développement aux niveaux ultérieurs jusqu'à la pensée scientifique ".

    « La connaissance ne saurait être conçue comme prédéterminée, ni dans les structures internes du sujet, puisqu’elles résultent d’une construction effective et continue, ni dans les caractères préexistants de l’objet, puisqu’ils ne sont connus que grâce à la médiation nécessaire de ces structures et que celles-ci les enrichissent en les encadrant (ne serait-ce qu’en les situant dans l’ensemble des possibles). En d’autres termes, toute connaissance comporte un aspect d’élaboration nouvelle et le grand problème de l’épistémologie est de concilier cette création de nouveautés avec le double faire que, sur le terrain formel, elles s’accompagnent de nécessité sitôt élaborées et que, au plan du réel, elles permettent (et sont même seules à permettre) la conquête de l’objectivité. »

    Publié initialement dans la collection « Que sais-je ? », L’épistémologie génétique pose les linéaments d’une méthode pour appréhender la genèse de la connaissance et suivre les conditions de son développement. Réédité à six reprises, l’ouvrage de Jean Piaget demeure un grand classique de la théorie de la connaissance. 

    Les formes élémentaires de la dialectique

    L'objectif central de cet ouvrage est d'analyser la formation de la dialectique en tant que construction de nouvelles interdépendances constituant l'aspect inférentiel de l'équilibration et procédant par implications entre actions en tant que porteuses de significations.

    Le second but de Piaget est de démystifier la dialectique en sa signification courante. Il suppose que la dialectique constitue l'aspect inférentiel de tout processus d'équilibration tandis que les systèmes équilibrés ne donnent plus lieu qu'à des inférences discursives, d'où une alternance continuelle, à durées variables, entre ces deux phases de construction dialectique et d'exploitation discursive. Toute dialectique comporte des processus circulaires entre des démarches proactives et rétroactives.

    L'étude des caractères classiques de la dialectique, tels que les déplacements, les circularités ou spirales et les relativisations s'insère naturellement dans ce cadre général.

    Jean Piaget est ses nombreux collaborateurs examinent cette notion de "dialectique" et cherchent à montrer qu'on peut observer des processus dialectiques à tous les niveaux de la pensée et même de l'action. 

    Paru en 1980 chez Gallimard, cet ouvrage tente de placer la pensée de Piaget dans la continuation d'une ligne épistémologique qui passe par Hegel et Marx mais qui a débuté bien avant eux.

    Enfin, une autre raison a poussé Piaget à examiner la genèse des formes élémentaires de la dialectique : c'est qu'elles montrent pourquoi la dialectique utilise une variété particulière d'implications : l'implication entre actions ou opérations, qui relie entre elles des transformations pour en engendrer d'autres. L'implication entre actions revient à relier leurs significations qui interviennent dès le savoir-faire sensorimoteur.

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