• Titre II - L'éducation à Rome

    Introduction

    1. L'histoire du monde romain recouvre une période assez longue qui s'étend depuis la fondation de Rome en 753 avant notre ère jusqu'à la fin de l'empire romain d'occident en 476 de notre ère.

    2. Comme la plupart des historiens, nous délimitons trois périodes en fonction de leurs incidences sur l'éducation romaine :

    a) La première période, qui s'étend de la fondation de Rome (- 753) à la conquête dela Grèce (-196), soit 1/2 millénaire de vie patriarcale et de simplicité.

    b) La  deuxième période, qui s'étend de la conquête de la Grèce (- 196) à l'apogée de l'empire (138), soit une durée de plus de trois  siècles.

    c) Le troisième période, du règne d'Hadrien (138) à la chute de l'empire d'occident (476), d'une durée de plus de trois siècles également. 

    3. Bien que l'histoire des doctrines et institutions éducatives romaines fut l'héritière de celle de la Grèce, elle nous apparaît cependant moins complexe.

    Chapitre I : Caractères et évolution de la société romaine

    I. La société romaine et les institutions royales à l'époque de la Rome archaïque

    1. La population libre romaine se composait de patriciens. Le patriciat était constitué par l'ensemble des "gentes". Plus vaste qu'une famille, la "gens" comprenait tous ceux qui avaient le même ancêtre, le même culte familial, la même sépulture et qui vivaient d'un même domaine rural. Chaque "gens" était placée sous l'autorité absolue du paterfamilias, père de famille de plus ancien, chef religieux et justicier. Depuis le 6ème siècle avant notre ère, les "gentes" avaient pris possession de toutes les terres et acquis de gros troupeaux. 

    2. Hommes isolés, sans appuis ni ressources, les "clients" vivaient auprès des grandes familles patriciennes. Leur patron leur concédait des terres et des défendait en justice. En retour, les "clients" accompagnaient les "gentes" à la guerre. 

    3. Simples spectateurs de la vie publique, les plébéiens sont tous ceux qui n'appartenaient pas à une gens. Ce sont des étrangers, des esclaves affranchis, des petits paysans isolés, des marchands ou artisans à Rome. Ils formaient la masse de la population libre mais dépourvue de tout droit.

    4. Le gouvernement de la cité était entièrement aux mains des patriciens. Le roi était élu par l'Assemblée du peuple. Grand prêtre de la Cité, le roi était aussi chef de l'armée et juge suprême. Le Sénat qui comprenait les chefs des grandes familles, avait pour mission de conseiller le roi et de sauvegarder les coutumes des ancêtres. L'Assemblée du peuple approuvait par acclamations les lois et décidait de la paix ou de la guerre. Les patriciens adultes y avaient seuls accès. Les plébéiens faisaient partie de l'armée. Ils ne jouaient aucun rôle dans le gouvernement de la cité. Ils ne votaient pas et ne pouvaient devenir magistrats ni prêtres. la loi ignorait les plébéiens et leur interdisait d'épouser une patricienne. Ainsi, le gouvernement  de Rome, avant la conquête de la Grèce, était aristocratique. 

    5. Au milieu du 3ème siècle avant notre ère, les mariages entre patriciens et plébéiens furent autorisés. Dès lors les membres des dernières "gentes" se confondirent avec les plébéiens aisés qui représentaient une richesse nouvelle, celle de l'argent. le plébéien devenait un "homme nouveau", accédant à la magistrature et au Sénat. Il se forma donc une aristocratie nouvelle : la noblesse. les conflits sociaux n'opposèrent plus les patriciens et les plébéiens, mais les riches et les pauvres !

    II. Les transformations sociales à la suite des grandes conquêtes

    1. Les conquêtes ne furent pas de tout profit pour Rome. Devenue capitale du monde méditerranéen, Rome accueillait les idées et les habitudes des peuples qu'elle avait annexés. la société romaine perdit la sévérité de mœurs et l'esprit de sacrifice qui avaient rendu la république invincible. Le butin ramené des conquêtes enrichissait l'Etat et ses généraux. De leur côté, les financiers romains qu'on appelait les "publicains", levaient plus d'impôts qu'il n'en fallait. Le luxe se répandit rapidement chez les nouveaux riches, contrastant avec la sobriété d'autrefois.

    2. La classe moyenne était composée principalement de petits propriétaires campagnards. Elle avait fourni la majeure partie des légions et avait été en grande partie victime sur les champs de bataille. Sa disparition allait mettre en péril le recrutement de l'armée. 

    3. La noblesse, accrue des chevaliers, publicains et hommes d'affaires qui avaient tiré grand profit des conquêtes, dominait un prolétariat misérable. Seule cette aristocratie détenait les magistratures et remplissait les assemblées. la noblesse s'était donc réservée le domaine public. Elle avait aussi acheté à bon compte les terres des petits paysans ruinés par l'importation à bas prix du froment sicilien, gaulois ou africain. La noblesse exploitait ainsi les "latifundia", immenses propriétés dans lesquelles travaillaient de très nombreux esclaves. 

    4. Les vétérans ruinés vinrent à Rome grossir les rangs d'une masse de pauvres et de désœuvrés. Ils vivaient de la sportule, aliments complétés d'une aumône reçus chaque jour chez les riches. Ils n'attendaient des magistrats ambitieux que des distributions de blé et des spectacles gratuits, bref, le pain et les jeux du cirque. Cette déchéance de la plèbe urbaine permit la corruption électorale, mit ainsi la république en péril et compromit en outre le recrutement de l'armée et le maintien de la domination romaine en Méditerranée, car seuls les propriétaires devaient le service militaire.

    III. La société romaine aux deux premiers siècles de notre ère, à l'époque de la Rome impériale

    La population urbaine restait divisée en classes bien tranchées.

    1. La noblesse sénatoriale et les chevaliers étaient attachés au pouvoir, par leurs richesses et leurs fonctions. Ces "honorables" vivaient dans un luxe inouï et tous les honneurs leur étaient réservés.

    2. Contrastant avec cette classe riche, Rome possédait une masse de citoyens libres, les "humbles", rassemblant les artisans, les ouvriers, des indigents assistés, des affranchis et des petits commerçants. beaucoup de ces "humbles" vivaient dans des conditions pénibles. Tous les efforts des empereurs pour trouver une solution au problème de la plèbe romaine échouèrent. Celle-ci réclamait toujours de plus en plus de pain et de jeux.

    3. Enfin, moins nombreux qu'autrefois, les esclaves se situaient toujours au bas de l'échelle sociale. Leur sort s'améliora lentement. Sous la république, ils étaient souvent maltraités et leur propriétaire pouvait les mettre à mort. Depuis Hadrien, l'affranchissement était fréquent et certains affranchis purent dès lors occuper des situations très importantes et réaliser des fortunes considérables.

    Chapitre II : L'ancienne éducation romaine

    I. Une éducation familiale

    1. Des origines (- 753) à la conquête de la Grèce, soit pendant plus de quatre siècles, l'unique institution éducative que les Romains connurent, c'est la famille.

    2. Jusqu'aux guerres puniques, en effet, l'éducation des enfants se fit principalement au sein de la famille. Elle était orientée vers la formation morale et vers l'acquisition de quelques connaissances pratiques plutôt que vers la culture intellectuelle et artistique.

    3. Le jeune Romain subissait l'autorité et le contrôle de sa famille durant toute son enfance, son adolescence et souvent même au-delà de sa majorité.

    4. L'idéal moral domine une éducation austère, orientée vers l'amour de la patrie et le culte des dieux. L'éducation morale avait surtout pour but d'inspirer l'obéissance, de rendre les jeunes gens capables de commander en apprenant à obéir.

    5. L'éducation physique resta toujours utilitaire. Les jeunes Romains pratiquaient l'escrime, la voltige, la lutte, la nage, l'athlétisme et maniaient les armes. L'adolescent romain fréquentait le cirque et appréciait les combats de l'amphithéâtre.

    6. A l'opposé de la Grèce, où l'Etat faisait tout, à Rome il n'y avait aucune trace d'éducation réglée, du moins dans les premiers temps de la République. Le but de l'éducation visait à assurer la puissance militaire et l'autorité absolue de l'Etat.

    7. La famille n'était pas considérée comme hostile à la communauté mais comme un élément favorable. Tout contribuait à resserrer les liens qui unissaient ses membres. Instituée à l'abri des troubles intérieurs, la famille romaine ne donnait aux enfants que des exemples salutaires et devait préparer des citoyens honnêtes dévoués à l'Etat.

    8. Bon fils, bon citoyen et bon soldat, tel était l'idéal éducatif, mais l'homme fut oublié. En négligeant la culture intellectuelle, l'éducation romaine, malgré ses mérites, fut incomplète et inférieure à l'éducation athénienne.

    9. L'éducation romaine primitive fut le fait d'une civilisation de paysans, propriétaires attachés aux traditions ancestrales et préoccupés de gérer leurs biens. Le peuple romain avait l'esprit utilitaire, patriotique et guerrier. C'est pourquoi, l'enseignement se limitait aux éléments pratiques de l'éducation et à la préparation aux activités agricoles ou commerçantes.

    II. Les étapes de l'éducation

    1. Le père, paterfamilias, grand prêtre de la religion domestique, admettait l'enfant au cours d'une cérémonie d'acceptation. la loi des XII tables prescrivait d'étouffer ou d'abandonner les enfants difformes. C'est encore lui qui, dans les premiers temps, apprenait à lire, à compter et à écrire à ses fils et qui surveillait leurs exercices physiques.

    2. La mère élevait elle-même ses enfants, leur donnait la première éducation morale, sévère et austère et exerçait une grande influence sur ses enfants.

    3. L'éducation du jeune Romain commence à 7 ans, en privé. Au début, le père s'en chargeait mais, pour les plus riches, ce fut bientôt le rôle d'un esclave précepteur ou encore d'un maître privé. n'importe qui pouvait ouvrir une école : des esclaves ou des affranchis. Dès lors, on vit se développer quelques écoles de quartier.

    4. Ce maître, "litterator" ou magister, apprenait à lire, à écrire et à calculer. Les enfants copiaient des textes de lois avec un stylet en fer sur des tablettes de bois recouvertes de cire. Plus tard, ils écrivirent sur du papyrus ou du parchemin avec un roseau taillé.

    5. La discipline très stricte prévoyait des châtiments corporels à la moindre erreur. le respect était donc imposé par la force et la contrainte.

    6. Quant aux filles, elles recevaient une éducation strictement familiale, s'initiant aux travaux féminins.

    7. A 17 ans, une nouvelle cérémonie faisait du "puer" un "juvenis". L'enfant déposait la bulle et la robe prétexte, toge bordée de pourpre - objets reçus lors de la cérémonie d'acceptation - puis recevait la toge virile, toge blanche que portaient les hommes. Loin d'être livré à lui-même, le jeune Romain subissait encore le contrôle de sa famille bien au-delà de sa majorité. Confié à un ami de sa famille, le plus souvent un homme public, il était initié au droit par ce dernier qui lui servait également de parrain dans le monde.

    III. Conclusion

    Cette éducation, qui se caractérise par une indigence intellectuelle, par une absence totale de littérature nationale a suffi aux Romains jusqu'à la fin de la République. elle visait à former des citoyens loyaux et dévoués, durs et égoïstes.

    D'un esprit terre à terre et intéressé, les Romains utilisaient toutes les ruses pour triompher. Pour eux, le bien suprême c'était le bien de l'Etat.

    L'influence hellénique se manifesta après la conquête de la Grèce.

    Chapitre III : L'éducation romaine sous l'influence grecque

    I. A la rencontre de la civilisation grecque

    1. Lorsque les Romains entreprirent la conquête de la Grande Grèce et de l'orient, leur  civilisation encore très rudimentaire reposait sur les vertus familiales. La civilisation grecque, au contraire, atteignait alors son apogée. La rencontre de ces deux civilisations amena un bouleversement profond. le grand mérite de Rome fut d'avoir compris la valeur de la civilisation grecque, de l'avoir assimilée et transmise, malgré quelques transformations, à tous les peuples qu'elle conquit ensuite.

    2. Les institutions éducatives hellénistiques ont alors été adoptées quasi instantanément par les Latins, non sans lutte avec les traditions. Ainsi, parmi quelques intransigeants, Caton l'Ancien (232 - 147) lutta pour préserver les caractères archaïques de l'austère éducation romaine, interdisant à son fils de consulter les médecins qui étaient d'origine grecque. Mais ces irréductibles n'ont pu empêcher les grandes familles d'envoyer leurs fils dans les écoles grecques de tous les degrés.

    3. Dans les premiers temps, on avait songé à employer des précepteurs grecs dans ces grandes familles. Il s'agissait bien souvent d'otages ou d'esclaves, suffisamment instruits, que les guerres victorieuses avaient donnés à l'aristocratie. Cependant, même si les Romains les plus fortunés se rendaient en Grèce pour compléter leur culture, des écoles secondaires placées sous la direction de rhéteurs étrangers s'ouvrirent à Rome.

    Ainsi, la grammaire et la littérature vinrent compléter l'instruction rudimentaire des jeunes Romains qui étaient également très instruits, dans cet enseignement grec, par la rhétorique et la philosophie. Un enseignement officiel prit lentement naissance. Il faut remarquer que les Latins n'ont jamais entièrement adopté la musique, ni la danse, ni l'athlétisme des Grecs.

    II. Les nouvelles étapes de l'éducation

    1. La famille était donc devenue totalement incapable d'assurer toute seule la formation de l'enfant. L'école du "litterator", elle aussi, était insuffisante. C'est pourquoi deux types d'école sont apparues : l'école du "grammaticus" qui accueillait les jeunes gens de 12 à 17 ans et l'école du rhéteur fréquentée après l'âge de 17 ans.

    2. Avec l'école du "grammaticus" apparaît pour la première fois dans l'histoire l'étude d'une langue étrangère. On y étudiait la langue grecque et la littérature. Pour arriver au haut degré de culture qui fut le leur, les Grecs n'avaient pas eu besoin d'une autre langue ; mais à Rome, faute de grands écrivains, on dut recourir aux auteurs grecs, et ce ne fut que sous l'Empire qu'on put enfin utiliser des extraits d’œuvres latines récentes : celles de Cicéron (106 - 43), d'Horace (64 - 8) et de Virgile (70 - 19). La culture classique latine prit dès lors son essor.

    3. Les écoles latines du rhéteur, qui s'adressaient aux jeunes gens de plus de 17 ans, ne sont apparues qu'au 1er siècle avant notre ère. Les censeurs aristocrates, qui voulaient s'emparer de toutes les magistratures au profit de leurs fils, s'efforcèrent d'interdire ce degré d'enseignement qui était plus accessible aux plébéiens que celui des écoles grecques. 

    Cicéron fut un brillant défenseur de ces écoles supérieures d'éloquence latine. Ses discours devinrent des modèles classiques.

    4. Les Romains ont été respectueux de la culture grecque et, en général, ils n'ont jamais imposé d'adoption de leur langue aux peuples conquis. Pendant plusieurs siècles, l'organisation administrative de ce vaste territoire rendit indispensable la diffusion d'un enseignement bilingue. C'est par la méthode directe, dans leurs contacts avec les esclaves, que les enfants apprirent le grec dès le plus jeune âge. De nombreux manuels de conversation et lexiques se répandirent à Rome et dans les régions conquises et occupées par les armées.

    Chapitre IV : Les institutions éducatives à l'apogée de l'empire romain

    Des écoles proprement latines avaient donc vu le jour au cours de la période précédente. la création de telles écoles se poursuivit en s'amplifiant durant les siècles suivants, depuis le 1er siècle avant notre ère.

    Progressivement, la langue grecque perdit de son prestige au profit du latin, mais les institutions romaines ne se distinguaient en rien des institutions hellénistiques dont elles étaient l'image fidèle.

    I. Le cycle des études

    De 7 à 12 ans, le jeune Romain apprenait la lecture, l'écriture et le calcul à l'école primaire sous la conduite d'un "litterator" ou magister.

    De 12 à 17 ans, il fréquentait l'enseignement secondaire où, sous l'autorité du "grammaticus", il apprenait la grammaire latine et les œuvres des grands classiques (Virgile, Ovide, Plaute, Térence, Cicéron...) selon des procédés formels et superficiellement encyclopédiques.

    A partir de 17 ans, le jeune Romain commençait des études supérieures sous l'autorité du rhéteur.

    Le but final de l'éducation romaine fut l'éloquence. Le barreau, à défaut de la politique, était devenu la seule carrière digne des hautes classes. La littérature en constituait la base.

    Bien que de nombreuses familles riches préféraient les services d'un précepteur à domicile pour éduquer leurs filles, il faut signaler que tous ces cycles étaient communs aux garçons et aux filles.

    La musique, le chant et la danse, interdits également aux épouses comme des arts efféminés, furent cultivés par les courtisanes que la civilisation grecque avait introduites.

    L'introduction des mœurs grecques fut néfaste pour la famille romaine.

    II. Portrait des enseignants

    1. Tout comme en Grèce, le magister vit difficilement. A peine rétribué par les honoraires de ses élèves, il devait souvent pratiquer un nouveau métier. Les programmes de son modeste enseignement coïncidaient avec ceux de l'école primaire hellénistique. Il pratiquait une pédagogie rudimentaire qui reposait entièrement sur le développement de la mémoire. les méthodes utilisées étaient livresques et fastidieuses. 

    2. Le "grammaticus", professeur de l'enseignement secondaire, était apparemment un peu moins mal payé que le magister. Il recevait l'équivalent de quatre journées d'ouvrier pour enseigner pendant tout un mois la grammaire latine et les classiques latins. Malgré l'influence grecque, il faut remarquer que l'enseignement des mathématiques était peu suivi : les professeurs spécialisés dans cette discipline ne groupaient que de rares élèves autour d'eux.

    3. Quant eu rhéteur, au contraire de ses autres confrères, il était un personnage important, souvent honoré de l'empereur, bénéficiant d'exemptions fiscales. les pouvoirs publics lui octroyaient un traitement important.

    III. Les rapports entre les écoles et l'Etat

    1. Les écoles d'enseignement supérieur dispensaient un enseignement oratoire d'inspiration grecque et formaient les futurs fonctionnaires, magistrats et avocats.

    2. A côté de l'école du rhéteur se sont créées des écoles de droit romain. Encouragées par l'empereur Auguste (- 63 à 14), elles se développèrent en général à proximité des temples dont elles utilisaient les riches bibliothèques.

    3. L'enseignement pouvait se donner soit dans des écoles privées, soit dans des écoles publiques municipales dans lesquelles travaillaient des professeurs choisis et payés par les villes.

    4. Les enfants des esclaves, réunis dans la maison du maître, par un pédagogue, recevaient une formation utilitaire à des fins domestiques. Lorsqu'un enfant présentait des qualités particulièrement brillantes, on l'initiait aux rudiments de la culture.

    5. C'est l'empereur Vespasien (69 - 79) qui fut le premier à octroyer une rétribution fixe ou des exemptions fiscales à certains professeurs qui devinrent ainsi des fonctionnaires rétribués. Les empereurs prirent assez vite l'habitude d'intervenir dans les nominations du personnel enseignant. A partir du règne de Julien, le pouvoir central exerça le contrôle officiel des nominations, éliminant les professeurs chrétiens.

    IV. Conclusions

    1. Rome a eu le mérite de reconnaître la valeur de la civilisation et de l'éducation grecques à l'époque hellénistique, puis de la transmettre. Ayant utilisé l'expérience grecque au profit de leurs institutions éducatives, les Romains purent rapidement romaniser les élites des peuples conquis et intégrés à l'empire. C'est ainsi que peut s'expliquer la persistance du prestige de Rome après l'effondrement de sa puissance militaire et politique.

    2. Les pays conquis puis occupés par l'armée romaine furent romanisés. C'est pourquoi la latinité des langues romanes en résulta. cette expansion s'est manifestée d'autant plus quand le christianisme, ayant conquis Rome, adopta le latin comme langue véhiculaire de la foi et comme langue liturgique.

    3. Tel fut le destin d'une langue et d'une éducation d'où sortirent notre langue française et notre éducation secondaire. Ce fut le cas de la science et des arts non littéraires. La science ne réapparut qu'à la Renaissance par le détour de l'Orient et du monde arabe !

    4. Le peuple romain, conquérant, organisateur et respectueux de la loi, fut le créateur du Droit. Le Droit romain a influencé toutes les lois et institutions futures, notamment la justice sous Charlemagne et Napoléon.

    5. Les différentes écoles s'éteignirent plus ou moins rapidement selon les circonstances. Les petites écoles furent victimes, les premières, de la désorganisation lente qui précéda la chute de la puissance romaine. Désertées par les élèves, beaucoup d'écoles se fermèrent avant l'arrivée des Barbares. La Gaule, dernier territoire entré dans l'empire, conserva aussi la dernière la culture des lettres. la fin du régime, qui avait établi les écoles en Gaule, devait amener leur ruine rapide. Les invasions des Barbares renversèrent les dernières écoles existantes. 

    Chapitre V : Les penseurs pédagogiques latins

    I. Sénèque

    1. La philosophie morale fut l'objet principal de l'oeuvre de Sénèque. S'inspirant de la formule stoïcienne selon laquelle on apprend à se libérer des passions, à supporter les souffrances de la vie et à conserver la paix intérieure, il formula des conseils pratiques d'une haute élévation et procéda à une adaptation romaine de la sagesse grecque. La sympathie pour les misères de l'homme commande toute son oeuvre philosophique.

    2. Ce philosophe latin, né l'an 4 de notre ère à Cordoue, fut le précepteur de Néron. Il dut se suicider sur l'ordre de l'empereur en 65, en s'ouvrant les veines.

    3. Les esprits les plus éclairés de l'Antiquité n'ont cessé de dénoncer le formalisme des écoles. Parmi eux, Sénèque rappelle, dans une de ses lettres, que ce qui compte, ce sont les choses et non les mots. Ses "Lettres à Lucilius" sont remplies de préceptes pédagogiques.

    4 Le but qu'il donnait à l'éducation, c'était d'apprendre, non pour l'école, mais pour la vie, en réaction contre une rhétorique trop factice. Pour lui, les bons exemples conduisent plus vite au but que les préceptes arides.

    5. Sénèque exigea des maîtres qu'ils aient de la patience et qu'ils apprennent à bien connaître leurs élèves. Les exercices physiques brutaux, qui occupaient une place prépondérante à Rome, furent souvent critiqués par les hommes de lettres pénétrés de culture hellénique. Ainsi, Sénèque plaida en faveur d'une gymnastique hygiénique d'inspiration grecque, mais sans succès.

    6. Son influence, quasi nulle à Rome, a marqué l'oeuvre de Montaigne au 16ème siècle et celle de Rousseau au 18ème siècle.

    II. Quintilien

    1. D'origine espagnole comme Sénèque, Quintilien naquit vers l'an 42. Très jeune, il vint à Rome et y étudia le droit avec des maîtres très distingués. Il devint un avocat illustre et s'établit comme professeur de rhétorique et acquit une très grande renommée. Bien qu'il reçut de Vespasien un traitement annuel élevé, il quitta sa charge pour se consacrer à la publication d'ouvrages sur l'enseignement.

    2. Considéré comme le premier écrivain pédagogique professionnel, Quintilien a touché aux points principaux de l'éducation des enfants. Partisan de l'éducation et de l'instruction dès le premier âge, on trouve dans son ouvrage "Institution oratoire" - cours de rhétorique et traité d'éducation - une série d'idées essentielles qui seront continuellement reprises par la suite.

    3. Suggérant un enseignement public et considérant l'éducation comme chose importante, Quintilien recommanda de choisir attentivement les maîtres qui soient de véritables pères pour leurs élèves. Il faut se rappeler en effet qu'à Rome, n'importe qui pouvait s'installer "litterator". Les maîtres devaient apprendre à observer les enfants, spécialement pendant leurs jeux où ils révèlent leur caractère.

    4. Quintilien condamnait l'emploi du fouet et d'une manière générale toutes les peines corporelles. Au contraire, il préconisait de recourir à l'affection : produite par les qualités de l'éducateur, soutenue par l'action des parents, assurée par la reconnaissance de l'élève, elle devait permettre l'obéissance et le travail.

    5. Quintilien influença l'éducation pendant le moyen âge. Il est l'auteur classique de la formation humaniste et inspirera surtout Erasme.

    III. Plutarque

    1. Plutarque pourrait être aussi bien placé parmi les maîtres qui ont illustré la Grèce. Il est en effet grec de naissance et d'éducation. Il ne vint à Rome que sous le règne de Domitien. Ses écrits sur l'éducation et sur l'histoire le firent bientôt remarquer et lui méritèrent les plus hautes fonctions.

    2. Les idées de Plutarque étaient très peu en rapport avec le caractère de ce peuple. Sous l'influence de sa patrie adoptive, lui aussi confia l'éducation à la famille.

    3. Plutarque semblait préférer l'éducation particulière, non qu'il critiquait l'école mais parce qu'il ne s'occupait que des qualités du précepteur. Le maître devait être un modèle de vie privée et publique. Les plus grandes précautions devaient donc être prises dans le choix d'un homme digne de confiance.

    4. Plutarque s'est aussi préoccupé de l'éducation physique, morale et intellectuelle. Il proposait de recourir à la gymnastique pour atteindre l'élégance et la force dans les exercices corporels mais rejetait les excès, les exercices violents et prolongés qui nuisent au travail intellectuel.

    5. Plutarque qui vivait à une époque où la corruption des mœurs avait envahi toutes les classes et tous les âges de la société, donna aux jeunes gens des conseils dont l'application serait encore bien nécessaire à une époque comme la nôtre, où la jeunesse ne pense guère qu'à satisfaire les plaisirs du présent.

    6. La pensée générale qui domine dans les écrits de Plutarque sur l'éducation, est la confiance dans le cœur de l'homme, la certitude que la volonté et la droiture des sentiments suffisent à le guider à travers les dangers de la vie.

    7. Disciple de Socrate par l'éducation morale qui doit se proposer de modifier les désirs, Plutarque l'est encore par l'éducation intellectuelle qu'il ne veut pas trop étendue et par la discipline qu'il fait reposer sur l'affection. Plutarque condamna l'éducation qui ne visait qu'à communiquer des connaissances nombreuses et qui parfois accablait l'enfant. Pour lui, l'enfant doit toujours être entouré d'affection et d'encouragements. Ainsi comprise, l'éducation gagne en puissance et en noblesse. L'influence de Plutarque sera très grande encore à l'époque de la Renaissance. 

    Chapitre VI : Développement du christianisme et éducation antique

    I. La fin de l'humanisme païen

    1. Ce que nous avons dit de l'éducation en Grèce et à Rome a permis de déterminer le but que se proposait d'atteindre la société païenne qui se faisait une idée assez étroite de la divinité de l'homme. Cela limita ses aspirations à la vie terrestre. Les peuples anciens n'avaient pas le sentiment de l'infini.

    2. Seuls quelques philosophes avaient regardé au-delà de la tombe et considéré la vie comme un passage à une existence supérieure. Mais leur influence ne s'exerça que dans un cercle très restreint, leurs disciples étant peu nombreux.

    3. L'éducation physique, intellectuelle et morale avait pour but la formation de l'homme beau, bon, heureux, jouissant de la plénitude de ses forces et de ses facultés, la préparation du citoyen utile à ses semblables, dévoué à la patrie, mais rien de plus.

    II. Le christianisme

    1. Tout autre fut l'enseignement du Christ dont la morale élevée et pure ne s'adressait plus à une caste mais à l'humanité entière. La morale chrétienne apportait avec elle les germes de la régénération sociale.

    2. Le christianisme, avec ses idées de filiation divine de tous les hommes et en conséquence de fraternité universelle, devait contribuer à libérer peu à peu l'individu des liens étroits qui le rivaient aux groupes humains de la cité, de la nation ou de la race.

    3. Du fait que cette religion donnait à la personne humaine une valeur sacrée la plaçant au-dessus de l'Etat et de toutes les puissances sociales, il ne pouvait plus s'agir de former seulement le citoyen pour la cité ou pour la patrie mais pour lui-même et pour Dieu.

    4. L'idée d'une commune paternité de Dieu à l'égard de tous les hommes devait conduire à la conception d'une éducation universelle où femmes et esclaves seraient les égaux de l'homme libre et où l'enfant allait devenir une valeur sacrée. C'est pourquoi saint Jérôme s'occupa de l'éducation des filles, sujet nouveau dans la pédagogie.

    5. Les devoirs devenaient les mêmes pour tous et dans toutes les conditions. Cette haute moralité qui avait été le privilège d'un Socrate et qui soumettait à ses lois les actes, les pensées, les sentiments et la volonté fut rendue obligatoire pour tous : les plus humbles et les plus ignorants. les droits donnés par la nature, les honneurs dus à l'hérédité ou aux titres n'étaient rien auprès des mérites accordés à la vertu. Un principe d'égalité unifia toutes les conditions.

    Les écoles que l'Eglise créa, et où le peuple se forma, s'ouvrirent à tous ceux qui voulurent la parole de vie. Grands et petits vinrent y écouter le langage simple des pasteurs, y recevoir le premier enseignement. L'avènement du christianisme allait révolutionner les conceptions éducatives en honneur jusque-là dans l'Antiquité. L'Eglise imposa à ses adeptes de donner aux enfants une éducation chrétienne.

    III. L'éducation chrétienne

    1. Le christianisme se rendit compte que former un homme, ce n'était pas uniquement lui inculquer certaines habitudes ni orner son esprit de certaines idées : c'était créer en lui une orientation stable de l'esprit et de la volonté qui lui fasse voir les choses et orienter son action dans un sens bien déterminé.

    L'éducation chrétienne n'est pas une préparation à la vie terrestre considérée comme une action sur les êtres et les choses. Elle se désintéresse de la réalité qui ne peut que troubler la recherche spirituelle.

    2. Dans les premiers temps du lent développement du christianisme, l'éducation chrétienne se donnait donc pour but la formation religieuse des enfants et c'était la famille seule qui pouvait et devait l'assurer.

    Lien URL avec le Titre III : "L'éducation en Gaule"

     

    Bibliographie partielle du Titre II

    Baudrillart André - L'éducation à Rome - Paris, Enfance et Jeunesse, 1905

    Brunier Charles - La pédagogie de Sénèque - Paris & Lausanne, Payot, 1914

    Hayt Franz - L'Antiquité et le Haut Moyen Age - Namur, Wesmael-Charlier, 1973

    Humbert Jules - Histoire illustrée de la littérature latine - Précis méthodique - Paris, H. Didier, 1948

    Marrou M.-I. - Histoire de l'Education dans l'Antiquité - Paris, Editions du Seuil, 1971

    Michel G. et Gysels G. - L'Antiquité et le Haut Moyen Age - Liège, Sciences et Lettres, 1961

    Quintilien - Institution oratoire - Livres I, II et III - Texte établi et traduit par Jean Cousin - Paris, Belles Lettres, 1976

     


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  • Titre I - L'éducation en Grèce

    Chapitre I : L'éducation athénienne

    I. La vie politique à Athènes, de 500 à 320

    La Médie était une contrée d'Asie. Les mèdes étaient soumis par les Perses de Cyrus le Grand. La fin des guerres médiques délivra la Grèce du péril barbare.

    1. Les tyrans renversés, Clisthène élabora la première constitution démocratique. Il instaura l'ostracisme (le bannissement pour dix ans) afin de chasser les amis des tyrans se trouvant encore dans la cité.

    2. L'aréopage (le tribunal suprême d'Athènes) redevint le pouvoir dirigeant et gouverna avec sagesse et impartialité.

    3. En 490, Miltiade, général athénien, vainquit les Perses à Marathon. Aristide, surnommé "le Juste", donna à la République l'hégémonie maritime.

    4. Ephialte, homme politique et pionnier du mouvement démocratique athénien, ruina le conseil de l'aréopage avec l'aide du peuple qui avait souffert des fautes des démagogues sous ce dernier régime.

    5. Sous le règne de Périclès (449 - 429), la démocratie atteignit son apogée. Athènes devint une cité commerçante grâce à ses ports.

    6. Un conflit survint entre Sparte et Athènes. Ce fut la guerre du Péloponnèse (431 à 404). Athènes perdit sa puissance politique au profit de Sparte, mais garda sa suprématie intellectuelle et artistique. Pendant cette période, le pouvoir appartint d'abord au Conseil des "Quatre Cents" puis il fut confié à l'assemblée des "Cinq mille citoyens".

    7. Athènes fut tyrannisée par le gouvernement aristocratique des "Trente" puis des "Dix" qui rétablirent l'oligarchie.

    8. En 362, Thèbes écrasa Sparte. Athènes redevint alors une cité libre au sein de laquelle Démosthène lutta de toutes ses forces contre les conquérants.

    9. En 338, Athènes, vaincue par Philippe de Macédoine, perdit à nouveau la liberté, mais ne fut plus tyrannisée comme elle l'avait été auparavant sous la domination politique de Sparte.

    Cette évolution peut se résumer de la façon suivante : 

    • tyrannie et oligarchie
    • naissance et développement de la démocratie
    • retour à la tyrannie

    II. Caractères de la société (400 - 322 avant J.-C.)

    Trois groupes sociaux, ou classes sociales, composaient la société grecque.

    1. Les citoyens grecs

    Pour être citoyen, il fallait être né de parents athéniens et avoir atteint l'âge de 20 ans. Seuls les citoyens participaient au gouvernement de la cité, soit en faisant partie de l'assemblée du peuple, soit en devenant membres du tribunal de l'Héliée, soit en devenant magistrats.

    Ce sont :

    • les guerriers, défenseurs de la cité, vivant à la solde de l'Etat ;
    • les artisans, laboureurs et commerçants. Parmi ceux-ci, une minorité pauvre cultivait les champs des riches et gardait 1/6 de la récolte ;
    • les magistrats étaient élus pour un an ; ils pouvaient devenir archonte à partir d'Aristote le Juste. Jusqu'au milieu du 5ème siècle, les archontes, les plus anciens magistrats, étaient les chefs du gouvernement. Sous Périclès (449 - 429), les juges recevaient un salaire pour la première fois. Les "représentants à l'assemblée du peuple" percevaient un salaire dès la fin de la vie d'Aristote (vers 325 avant notre ère).

    2. Les esclaves

    S'occupant généralement des travaux des champs, de l'atelier, de la mine, ils étaient la propriété de leur maître mais ne pouvaient pas être mis à mort.

    3. Les étrangers

    Appelés aussi métèques, ils étaient venus à Athènes pour y pratiquer une industrie ou pour y faire du commerce. Un nombre important d'étrangers pouvaient participer aux fêtes religieuses de la cité. Ils servaient dans l'armée et dans la marine. Ils payaient l'impôt ordinaire et, en plus, un impôt spécial qui les distinguait des citoyens grecs. On pourrait les comparer aux migrants de notre époque qui, chez nous, auraient acquis la "petite naturalisation". 

    Situation morale

    Les guerres incessantes ont amené la décadence de l'esprit civique ; les conspirations et les trahisons, l'exaspération des haines partisanes sont les maux de l'époque. C'est le désordre démoralisant de la démocratie qui caractérise la vie à Athènes. Le mal de cette cité, c'est l'esclavage qui détourne l'homme des activités auxquelles le destine sa nature d'être pensant.

    Situation intellectuelle et artistique

    Pour la première fois dans l'histoire, Périclès accorda l'hospitalité aux savants et aux philosophes. C'est sous son règne qu'apparurent les premiers grands sculpteurs et tragédiens (Sophocle, Eschylle) et que s'érigea le Parthénon.

    III. Le système éducatif en vigueur à Athènes

    1. Pendant les six ou sept premières années de sa vie, l'enfant était élevé par sa mère, dans l'appartement réservé aux femmes de la famille : le gynécée.

    2. Il n'avait d'autre occupation que le jeu : hochets, poupées, petits chariots attelés de canards ou de chèvres, petits pâtés faits avec du sable. plus tard venaient des jeux plus compliqués : course, poursuite, colin-maillard, osselets, billes, cerceau, toupie, balles, dés, etc. 

    3. De 7 à 13 ans, les garçons étaient conduits chez le "grammatiste" par des pédagogues (conducteurs d'enfants). Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, le pédagogue n'était pas un professeur. C'était généralement un vieil esclave dont la mission consistait à accompagner l'enfant de son domicile à l'école et de lui faire réciter ses leçons. Le petit garçon commençait à étudier chez ce maître, où il retrouvait d'autres compagnons de son âge. Il apprenait la lecture, l'écriture, le dessin, la récitation de poèmes, le chant, la musique et un peu de calcul. A propos de musique, il faut savoir que les Grecs lui donnaient le sens de "domaine des muses". C'est pourquoi ils faisaient constamment la liaison entre l'art musical proprement dit et le chant, la poésie et la danse notamment. la danse était donc liée à l'enseignement musical comme l'st la poésie à celui du chant. Tous les jours le garçon se rendait à la palestre ou gymnase public, lieu d'exercices athlétiques. Cette éducation élémentaire, à la fois intellectuelle et physique avait pour but de donner au jeune Athénien un corps robuste et harmonieux, en même temps qu'un esprit orné et exercé à raisonner juste.

    4. Les éducateurs athéniens ne hâtaient pas le développement physique et mental par des méthodes de travail intensif. Ce n'est qu'à partir de 14 ans que les exercices physiques devenaient la partie principale mais non exclusive du programme.

    5. A l'âge de 18 ans, l'Athénien devenait éphèbe, recevait des armes et effectuait un service militaire durant deux ans, au cours desquels il apprenait à manier la lance, le bouclier et l'épée, à faire des marches, à manœuvrer en armes, avec ses compagnons. En recevant ces armes, il prononçait le serment solennel de ne pas trahir sa patrie, de combattre à son poste et de rester fidèle aux lois d'Athènes. Une fois le service militaire achevé, à l'âge de 20 ans, il devenait citoyen. 

    6. Les filles vivaient dans le gynécée. Elles apprenaient uniquement à faire la cuisine, à coudre, à broder et à chanter. Quand elles étaient en âge de se marier, le père, sans les consulter, les mariait à qui bon lui semblait ! 

    IV. Caractères de l'éducation à Athènes

    1. C'est à Athènes que nous devons l'origine d'une part importante de notre pensée occidentale ainsi que de l'éducation libérale qui a été l'idéal de notre culture classique. 

    2. Athènes est arrivée à donner à tout le corps de ses citoyens une éducation commune. La cité les a élevés à un haut niveau de culture qui les rendait capables de s'intéresser tous aux affaires politiques comme aux grandes œuvres littéraires qui étaient jouées des journées entières au théâtre pendant les fêtes religieuses. 

    3. Cette éducation mérite d'être considérée comme un modèle dont nous aurions avantage à nous inspirer : elle est faite d'un astucieux dosage de formation physique conçue comme une harmonie du corps et de l'âme, et de formation esthétique, d'art et de pensée. 

    4. Ce type d'éducation était permis par un régime où les besoins matériels étaient assurés par le travail de nombreux esclaves privés de toute formation humaine. C'est grâce à leur travail que tant de loisirs pouvaient être assurés aux citoyens, et que ceux-ci disposaient de tant de temps pour vaquer à leurs occupations politiques et culturelles. 

    5. Athènes a conçu une éducation qui dépasse les impératifs sociaux. L'individu est étroitement subordonné à l'état mais on lui permet de déployer librement ses facultés. 

    6. Le développement de la personnalité, le souci d'une formation à la fois pour le bien et le bonheur de l'individu prennent une place importante dans cette éducation humaniste. L'idéal de l'homme beau et bon dépasse l'utilitarisme étroit. 

    7. Le travail des mains était méprisé et réservé aux esclaves. Nous avons malheureusement hérité de ce mépris du travail manuel et des ressources qu'il peut offrir à l'éducation. C'est seulement avec Jean-Jacques Rousseau (au 18ème siècle !) que l'on commencera à concevoir que le travail des mains pour avoir une valeur formatrice. La pédagogie traditionnelle et ses fondements philosophiques portent la responsabilité de ce mépris pour le travail des mains qui a entravé la formation et le développement intellectuel de la plupart des travailleurs exclus ainsi de tout humanisme.

    Chapitre II : L'éducation spartiate

    I. Introduction

    1. Les Spartiates étaient des guerriers doriens ayant envahi le sud de la Grèce. Ils constituaient une petite armée campée en pays conquis.

    2. A Sparte, l'état est omnipotent. Les affaires sont centralisées. 

    3. C'est vers 880 avant notre ère que le sage Lycurgue aurait fixé les lois de la ville et proposé un système éducatif rigide. 

    4. L'éducation spartiate s'explique en partie par la situation politique, géographique, économique et historique.

    II. Caractères géographiques, économiques et historiques dominants

    1. La situation géographique était favorable au type de société. les communications terrestres étaient difficiles et la côte ne se prêtait pas au trafic maritime. Quant aux échanges commerciaux, ils se limitaient de ce fait à l'intérieur de la Laconie. 

    2. La terre arable fut très tôt exiguë pour nourrir la population croissante. Ce fait détermina les Spartiates à conquérir des terres au détriment de leurs voisins. Sparte domina la majeure partie du Péloponèse et fut l'état le plus étendu de la Grèce. 

    3. Les conditions géographiques de la Grèce ont fortement contribué à lui donner son aspect historique. Le morcellement physique du territoire a déterminé ou en tout cas facilité le morcellement politique. C'est pourquoi autant de nationalités s'y distinguaient. 

    4. Il faut aussi admettre qu'aux influences du milieu se sont combinées, dans la formation de la cité, les circonstances historiques. né du besoin de vivre bien, l'Etat (la communauté parfaite) n'existe et ne dure que s'il se suffit à lui-même. 

    5. Les Spartiates ont rapidement compris que le maintien des institutions oligarchiques et de leur hégémonie sur les territoires conquis dépendait, avant tout, d'une organisation rigoureuse des mœurs. Aussi ne doit-on pas s'étonner de voir appliquer les lois de Lycurgue d'une façon de plus en plus rigoureuse, surtout durant la période classique, alors que les autres cités grecques s'orientaient vers la démocratie. 

    III. Caractères de la société à Sparte

    L'Etat spartiate comportait trois catégories d'habitants : 

    1. les Spartiates, citoyens
    2. les périèques, individus libres mais sans droits politiques
    3. les hilotes, serfs indigènes et esclaves importés

    Les classes laborieuses pourvoyaient aux besoins de la classe dominante.

    1. Les Spartiates, caste privilégiée des citoyens

    L'unique préoccupation des Spartiates fut de s'exercer au métier des armes pour maintenir leur suprématie. Pour assurer leur pouvoir de domination, les Spartiates devaient disposer de la puissance militaire, de la force physique de chacun des membres de la minorité et posséder les vertus morales propres à exprimer cette force et à imposer le respect aux populations asservies.

    C'est pour ces raisons que les Spartiates ont limité les naissances, recherché la pureté de la race, accordé le plus grand prix à la santé physique, élaboré un système politique et social fortement centralisé dans lequel l'Etat était tout puissant, supprimé les différences dues à la fortune, accentué les mérites liés aux faits militaires et civiques, accordé le maximum d'importance à deux fonctions sociales : le droit et l'éducation.

    Chaque lot de terre (kléros) appartenait à une famille spartiate qui résidait à Sparte et jamais dans son domaine.

    Le chef de famille ne gérait pas son bien. Les Spartiates n'avaient pas le droit de cultiver la terre ni de se livrer au commerce ou à l'artisanat. Chaque famille obtenait une part de la récolte de son lot de terre.

    Les Spartiates étaient les seuls qui jouissaient des droits civiques et politiques. Pour être inclus parmi les citoyens spartiates, corporation fermée, c'est-à-dire pour obtenir les droits civiques, il fallait être descendant des conquérants originels de la Laconie. De plus, il fallait se soumettre à la discipline !

    Il est certain que si un enfant spartiate ne parcourait pas les diverses étapes de dressage, il ne pouvait prétendre à la pleine jouissance des droits civiques.

    2. Les périèques 

    Constituant la population d'origine de la région, les périèques étaient les descendants des Achéens de la Laconie conquise.

    Plus ou moins au contrôle des dominateurs spartiates, il différaient d'eux en ce sens qu'ils se livraient au commerce et à l'industrie, en s'enrichissant probablement aux dépens de l'aristocratie des citoyens.

    Ceci expliquerait sans doute un mépris accru de la part des Spartiates, dédaigneux de toute occupation utilitaire.

    Toute la population des périèques était astreinte au service militaire. Étaient retenus ceux qui étaient aptes à faire campagne. Ils n'étaient pas voués à la préparation exclusive de la guerre, comme les Spartiates.

    3. Les hilotes 

    Ils formaient une classe méprisée de paysans asservis, semblables à des serfs au Moyen Age.

    Attachés à la glèbe, ils étaient contraints de procurer à leur seigneur, en quantité fixe, des produits de la terre. Ils étaient serfs de l'Etat. Les Spartiates n'avaient personnellement aucun droit de propriété sur eux. Seul l'Etat pouvait les affermir. Ils ne possédaient aucun droit politique, aucune liberté d'expression, constamment suspectés d'hostilité ou de révolte, ils étaient souvent traités avec dureté.

    Chaque lot de terre était cultivé par plusieurs familles d'hilotes qui, par leur travail, entretenaient le propriétaire et sa famille.

    Les hilotes étaient nécessaires à la culture des champs. rendre leur existence misérable et impossible aurait été de mauvaise politique. Une certaine clémence était nécessaire, sans quoi le système se serait effondré sous son propre fardeau de mécontentement et de misère. Ils ne recevaient aucune éducation et de ce fait ne possédaient aucun droit politique.

    Conclusion

    1. La société spartiate est donc dominée par une aristocratie purement militaire qui vit pauvrement du travail des populations asservies.
    2. Les considérations politiques et économiques déterminent et expliquent tout le système éducatif.

    IV. Le système éducatif en vigueur à Sparte

    1. But de l'éducation

    Comme nous l'avons précisé précédemment, la cité spartiate avait été organisée par Lycurgue au 9ème siècle avant notre ère. Cette législation réglait entre autres l'éducation des enfants. Cette éducation prenait une allure nettement militaire. Il s'agissait en effet de transformer l'enfant en citoyen combattant, obéissant, dur de cœur et de corps, capable de résister aux pires épreuves physiques. La sécurité de la république reposant sur la valeur de la milice dorienne, il fallait former de bons soldats et développer les qualités militaires. Les enfants devaient bénéficier d'une robuste constitution. C'est pourquoi le législateur devança même leur naissance en édictant des lois sur le mariage et l'âge des époux !

    2. Première enfance

    Aussitôt le petit être né, l'Etat, représenté par le Conseil des anciens, la Gérousia, venait s'assurer de sa santé et, si l'enfant naissait faible, pouvait décider de le sacrifier sur l mont Taygète. Si au contraire, il naissait fort et robuste, sa mère l'élevait jusqu'à sept ans. Cette éducation familiale visait déjà à endurcir l'enfant : sevrage rapide, isolement, habitude à l'obscurité, punition en cas de cris.

    3. Cycles éducatifs et institutions pédagogiques

    A partir de sept ans, l'enfant était éduqué par l'Etat qui déléguait ses pouvoirs à un magistrat spécial qu'on appelait le "pédome", véritable commissaire de l'éducation nationale. L'enfant était embrigadé dans "l'agèle", mouvement de la jeunesse spartiate. L'éducation collective se faisait dans des maisons communes où les enfants étaient groupés en trois cycles éducatifs selon leur âge : de 7 à 11 ans, "les petits gars" ; de 12 à 15 ans, "les garçons" et de 16 à 20 ans, les "éphèbes".

    4. L'éducation physique

    L'éducation physique constituait l'essentiel de la formation de l'enfant. Il ne s'agissait donc pas de développer uniquement les aptitudes du corps : on l'endurcissait progressivement en vue des campagnes militaires. Il fallait le préparer à résister à de dures épreuves. L'enfant restait nu jusqu'à sept ans. Plus tard, se couvrant d'une tunique ou d'un manteau léger, il courait nu-pieds. Les bains étaient quotidiens ; la beauté corporelle et la propreté extrême caractérisaient les Grecs de l'âge classique. Pour l'habituer à la douleur corporelle, on fouettait l'enfant chaque année en présence des parents qui encourageaient à frapper longtemps et fort !

    5. L'éducation civique, morale et intellectuelle

    S'il n'y avait pas d'enseignement moral proprement dit, les qualités de force d'âme et d'obéissance étaient développées à l'occasion des exercices physiques ou préliminaires. Le jeune Spartiate devait acquérir la maîtrise des réactions du corps devant la souffrance. Il devait avoir une volonté de fer. Respect de la tradition, chants et poèmes patriotiques constituaient l'essentiel de l'éducation civique. L'éducation intellectuelle, à peu près inexistante, comprenait la lecture, l'écriture, la récitation et un peu de calcul pratique que chacun était libre d'acquérir. 

    6.  L'éducation des filles

    Loin d'être négligée, l'éducation des filles avait pour but d'en faire des mères saines et vigoureuses. Les filles recevaient une éducation strictement réglementée où la gymnastique et le sport jouaient un grand rôle. destinées à être épouses et mères de soldats, les jeunes filles n'échappaient pas à la sévérité des méthodes. Elles étaient réparties en groupes comme les garçons, mais elles vivaient chez leurs parents. elles pratiquaient les mêmes types d'exercices que les garçons et assistaient à leurs concours. On peut donc dire qu'il y avait coéducation. 

    7.  Le service militaire

    A 18 ans, le jeune homme quittait la maison commune d'éducation. Il était ensuite admis dans l'armée. Jusqu'à 30 ans, il restait sous la direction des "pédonomes" et habitait dans les casernes. A cet âge seulement il devenait libre, citoyen et pouvait se marier. Il entrait alors dans le service militaire actif jusqu'à 60 ans. privé de toute vie familiale, le Spartiate prenait ses repas avec ses compagnons de combat. 

    V. Caractères de l'éducation à Sparte

    1. Les institutions éducatives mises en place à Sparte sont très peu en rapport avec l'idée que nous nous faisons actuellement de l'école. L'éducation est collective et communautaire. Les jeunes gens sont embrigadés dans des formations qui font surtout songer aux mouvements de jeunesse des pays totalitaires de type fasciste.

    2. L'éducation est est fortement commandée par des impératifs sociaux. Totalement organisée en fonction des besoins de l'Etat, elle se trouve entièrement entre les mains de celui-ci.

    Recevoir l'éducation est une condition suffisante et nécessaire pour l'exercice des droits civiques. La vie du citoyen est entièrement engagée dans la cité. L'Etat est tout.

    3. Toute l'éducation consiste à faire d'un individu un membre de la communauté, c'est-à-dire ayant la mentalité commune, le sens enraciné de l'appartenance au groupe et la volonté ferme de la défendre. La personne se trouve modelée et embrigadée, intriguée corps et âme dans la collectivité.

    4. Une des conséquences de la vie communautaire est l'homosexualité. L'amitié entre hommes paraît d'ailleurs une constante des sociétés guerrières, où un milieu d'hommes tend à se refermer sur lui-même. A Sparte, la pédérastie est considérée comme la forme la plus parfaite d'éducation.

    5. L'éducation physique est donc prépondérante. Toutes les exercices servent de préparation et d'entraînement à l'activité du soldat. Tout concourt à endurcir le corps et à forger la volonté.

    6. L'éducation intellectuelle est considérée comme accessoire. Peu de Spartiates savent lire, écrire et calculer. La danse et la musique ne sont cultivées que dans la mesure où elles peuvent servir à la préparation guerrière.

    7. Plus soignée, l'éducation morale est orientée vers la formation du caractère. Les Spartiates sont reconnus pour leur politesse qu'ils portent aux vieillards. Leur façon de parler par phrases brèves et coupantes reste célèbre sous le nom de laconisme.

    8. L'éducation spartiate est donc le type d'éducation étatique, militaire et communautaire dont les états totalitaires se sont consciemment inspirés (Gioventu fascista ; Hitlerjugend).

    VI. Comparaison entre l'éducation à Sparte et l'éducation à Athènes

    1. Si l'éducation chevaleresque des anciens temps s'est desséchée à Sparte pour devenir une éducation strictement militaire, embrigadant l'individu dans la sévère discipline de l'état, elle a, au contraire, évolué en Attique par une accentuation des éléments culturels d'ordre sportif, artistique et intellectuel.

    2. La conception athénienne de l'éducation n'est ni militaire comme à Sparte, ni littéraire puisqu'on parle beaucoup plus qu'on ne lit et écrit, ni orientée vers la formation de scribes. Elle est sous-tendue par un idéal esthétique : le culte du beau. L'Athénien apprécie les dispositions d'ordre musical, poétique, plastique, oratoire, comme qualités intellectuelles. Il apprécie surtout ces qualités quand elles sont associées à un beau corps. On trouve ici l'amorce d'une culture de soi-même qui tend à dégager l'individu du groupe et à faire apparaître l'éducation de la personne comme un idéal.

    Chapitre III : La naissance d'un enseignement secondaire et supérieur plus structurés

    I. Introduction

    1. Mieux que tout autre peuple, les Grecs avaient compris que pour demander à l'homme la supériorité physique, intellectuelle et morale, il fallait qu'elle eût été préparée dès le plus jeune âge et qu'elle fût le partage de tous. La loi avait tout réglé. Elle suivant l'enfant pas à pas dans la vie, lui montrant ce qu'il serait plus tard, lui indiquant ce qu'il fallait faire pour y parvenir. 

    2. Les caractères principaux de cette éducation étaient la relation comprise et utilisée du corps et de l'âme, l'union du beau et de l'utile. 

    3. Un autre caractère est la la prédominance de l'Etat dans l'éducation. Par suite des nécessités politiques et des éléments divers qu'elles renfermaient, les Républiques durent considérer les enfants comme appartenant à la patrie plutôt qu'aux parents. 

    4. Dans cette éducation si brillante, il faut regretter l'oubli de la famille. Le Grec ne connut ni les affections du foyer, ni la vie intérieure, conséquence de ce que l'Etat, qui lui réclamait toute son existence, lui remettait tous les droits. 

    5. Il semble bien que dans l'ancienne Grèce, la culture n'était pas réduite à l'instruction. Si le développement harmonieux des aptitudes du corps et des facultés de l'esprit atteignait déjà un niveau appréciable, l'instruction restait sommaire. Ainsi, de grands hommes du 5ème siècle avant notre ère, tels Périclès, Sophocle et Phidias, n'auraient reçu une instruction qui ne dépassait que rarement le niveau de nos classes primaires actuelles. 

    6. Il faut attendre Socrate et Platon pour que les institutions secondaires et supérieures naissent, se développent et trouvent une structure définitive. cependant l'école des Sophistes, datant du 5ème siècle avant J.-C., passe pour en être une préfiguration saisissante. 

    II. Les Sophistes

    1. A partir de la deuxième moitié du 5ème siècle avant J.-C., apparut la conception d'une éducation à dominante intellectuelle. Sans ouvrir d'écoles au sens institutionnel du mot, des professeurs assumaient la formation complète des jeunes gens issus de familles aisées. Ces professeurs privés se faisaient d'ailleurs payer puisque ces émoluments leur permettaient de vivre.

    2. Souvent ces maîtres de musique ou ces Sophistes comme on les appelait sous Périclès, ne se limitaient pas à un art seul. Ils se chargeaient de toute l'instruction des jeunes gens.

    Alors que la Grèce n'avait connu jusque-là que des entraîneurs sportifs, des chefs d'ateliers et d'humbles maîtres d'écoles, les Sophistes apparaissaient comme les premiers professeurs d'enseignement supérieur.

    Les Sophistes recrutaient leurs élèves sur la place publique pérorant au milieu de la foule pour les allécher en leur montrant leur savoir. Ils apprenaient à leurs élèves à convaincre, à persuader, à briller dans les joutes oratoires. En fait, ils s'adressaient à quiconque voulait acquérir la supériorité requise pour triompher dans la vie politique. 

    3. Protagoras d'Aledère, Gorgios de Leotum, Huppias, Prodicas, principaux Sophistes, auraient séjourné plus ou moins longtemps à Athènes et semblent avoir été extrêmement intelligents, instruits, très sérieux malgré leur scepticisme et avoir rendu à la Grèce ce très grand service de faire une analyse pénétrante, la première de notre faculté de connaître.

    Moitié rhéteurs, moitié philosophes, les Sophistes cherchaient plus à faire parade de leur esprit qu'à connaître la vérité, à donner à l'ignorance l'apparence du savoir qu'à instruire réellement. Ils avaient plutôt en vue la discussion que la science. Ils soutenaient successivement le pour et le contre.

    Chargés seuls de la direction de la jeunesse, les Sophistes amenèrent une décadence rapide. La sévérité de l'ancienne éducation fit place à une faiblesse qui, sous prétexte de liberté, dégénéra en licence, désordres et ivrognerie. L'éducation physique disparut et l'éducation intellectuelle était complètement faussée. 

    4. Le but des Sophistes était avant tout d'équiper l'esprit pour une carrière d'homme d'Etat. Une place très importante de leur enseignement était consacrée à la formation de l'orateur. Ils apprenaient à parler en public car dans la vie politique, la parole est reine. 

    III. Pythagore

     * Titre I - L'éducation en GrècePythagore est né à Samos en 580 avant notre ère. Après de nombreux voyages, il vint à Métapone où il mourut en 481. Philosophe et mathématicien, il brilla autant par ses théories générales que par ses découvertes scientifiques. Esprit positif et réfléchi, Pythagore exigeait les mêmes qualités de ses élèves. Il recourait aux mathématiques pour les former, car elles fortifient la pensée et calment l'imagination. La méditation de maximes faisait également partie de ses méthodes.

    C'est à Pythagore que l'on doit plusieurs découvertes, entre autres les tables de multiplication, le carré de l’hypoténuse, diverses notions sur l'acoustique. Supérieur à ses contemporains par ses principes et sa moralité, il l'était encore par sa justice. On doit à son épouse Théona plusieurs lettres sur l'éducation des enfants.

    IV. Socrate

    A. Remarques préliminaires

    On connaît la doctrine de Socrate par les écrits de ses disciples, dont les plus notoires sont Aristippe, Euclide, Platon et Xénophon. L'étude de l'oeuvre de Platon nous renseigne davantage sur le socratisme.

    Selon différences sources, Socrate serait né en 469, en 470, voire en 485 avant notre ère. Heureusement, les auteurs sont généralement d'accord en ce qui concerne la date de sa mort : en 399 avant notre ère !

    Si la nature l'avait peu favorisé sous le rapport physique et si lui-même négligeait sa tenue, contrairement aux habitudes athéniennes, il avait la parole si séduisante qu'il était toujours entouré de toute la jeunesse.

    Socrate a voulu remédier à l'éducation des Sophistes, éducation dont il avait lui-même souffert, et qui devait avoir pour conséquence l'abaissement moral du peuple. Socrate était vraiment l'opposé de ces hommes d'argent : pieux et simple, désintéressé mais avide de savoir. 

    B. Biographie de Socrate

     * Titre I - L'éducation en GrèceFils d'un tailleur de pierres et d'une sage-femme, Phénarète, Socrate n'a écrit aucun ouvrage et il n'est connu que par les portraits qu'en ont donnés Aristophane dans "Les Nuées" (en 423), Platon surtout dans "Le Banquet" et Xénophon dans "Les Mémorables" (vers 370).

    Il fut condamné à mort en 399 par le parti démocratique pour avoir corrompu la jeunesse par une éducation nouvelle et aussi pour avoir introduit de nouveaux dieux. Après avoir prononcé une défense que Platon a reproduite dans "L'apologie de Socrate", il mourut en buvant la ciguë.

    C. Sa méthode

    Socrate renouvela les procédés des Sophistes ; il chercha le Vrai tandis que les Sophistes voulaient que l'homme s'étudiât pour être heureux. Socrate voulut qu'il s'étudiât pour être moral, honnête, juste, vertueux sans se soucier du bonheur.

    Sa méthode est basée sur l'interrogation : la maïeutique ou "l'art d'accoucher les esprits".

    La méthode socratique : Socrate n'est pas un savant qui expose une vérité acquise. Il se garde de proposer d'autorité la solution des questions posées à ses interlocuteurs, mais il les aide, par un système de questions et de réponses, à la trouver par un effort de réflexion.

    D. Réflexions

    1. Socrate a employé contre son temps l'arme de son temps ; contre la raison qui détruit, la raison qui construit ! Il a affirmé que la mission de la raison n'était pas de se mettre au service de l'individu mais de mettre l'individu à son service, de servir de règle et non pas de moyen.  

    2. Avec les Sophistes, il partagea la confiance en la raison. Il fut suspect aux yeux des Athéniens car il attenta à la religion traditionnelle de la cité en introduisant de nouveaux dieux et corrompit la jeunesse par une éducation nouvelle. Ces chefs d'accusation, qui le firent condamner à mort par le tribunal démocratique, ne marquent-ils pas surtout la réaction contre l'esprit sophiste ?

    3. Ce que la foule ne vit pas, ce que comprirent seulement quelques disciples enthousiastes et émerveillés, c'est que, par cette critique négative et par ses interrogations, il forçait ses auditeurs à remettre leurs convictions en question, à mieux se connaître personnellement, et ainsi, à essayer d'atteindre la vérité.

    4. L'influence d'Homère se fit sentir chez Socrate dans la recherche du vrai. Il donna à la pédagogie une puissance quine fit que s'affirmer à mesure que la science et la moralité s'élevèrent, que l'éducation se fit par l'élève et moins par le maître.

    5. La méthode socratique est celle qui consiste, de nos jours, à poser adroitement des questions de manière à tirer de l'élève ce qui est l'objet de la leçon. Ce procédé scolaire est évidemment dépouillé de l'ironie socratique. Celle-ci montrait insensiblement l'étendue de la sottise d'une opinion fausse. Le devoir de l'éducateur est de faire naître l'idée plutôt que de la communiquer.

    V. Platon

    A. Biographie

     * Titre I - L'éducation en GrècePlaton naquit à Athènes en 430 avant J.-C. (Selon d'autres sources, ce serait en 427 et même en 428). Doué d'une intelligence supérieure et favorisé par une éducation soignée tant pour le corps que pour l'âme, il débuta dans l'art d'écrire par des poésies. Il appartenait à l'une des familles les plus en vue et les plus riches d'Athènes.

    Sa haute naissance lui donna toutes les facilités pour jouer un rôle de premier plan sur la scène politique. mais lorsqu'il fit son entrée dans le grand monde, il se passa un évènement qui allait donner un tout autre cours à sa vie : il fit la connaissance de Socrate !

    Platon prit à 28 ans la décision irrévocable de suivre les traces de son maître. Il fut d'abord l'élève le plus remarquable de Socrate. Il suivit pendant 8 ans les leçons de ce stage.

    Il essaya de sauver son maître lorsque les magistrats lancèrent contre celui-ci l'accusation d'impiété et de corruption de la jeunesse.

    Socrate mort, Platon se retira à Mégare, patrie d'Euclide. Puis il voyagea en Italie, en Sicile, en Lybie, en Egypte. Les guerres d'Asie le ramenèrent à Athènes où il fonda, en 388, l'Académie et où il demeura jusqu'à sa mort en 347.

    B. Ses idées politiques

    1. Si Platon a écrit "La République", c'est parce qu'il envisageait une république idéale. Il n'avait pas pu trouver, dans le monde où il vivait "la bonne formule". Il était profondément déçu par ce qu'il avait vécu comme expérience politique. En venant à Athènes, Platon voulait entreprendre l'oeuvre de sa vie : améliorer la société en rendant les hommes plus nobles.

    2. Dans "la République", Platon expose, dans ses grandes lignes, l'organisation de l'Etat idéal. L'appareil étatique n'est valable à ses yeux que s'il est dirigé par des hommes qui peuvent agir en éducateurs du peuple, qui peuvent rendre les hommes bons et heureux parce que leur regard est dirigé vers un monde plus élevé, éternel. "La seule forme d'état valable est celle dans laquelle ceux qui disposent de la puissance sont des philosophes."

    3. Platon porte sa réflexion sur les structures de l'Etat et montre comment réaliser une vraie théorie et une authentique action politique. Il en est venu à la conviction que l'état tel qu'il existe à son époque ne peut plus être amélioré par des réformes de détail. Il est convaincu qu'une véritable rénovation de l'Etat n'est possible que par l'action de la philosophie qui se préoccupe de l'essentiel. Dans l'absolu, Platon a voulu montrer quelle organisation politique pourrait permettre aux individus de se consacrer à la recherche du bien.

    C. Ses idées en matière d'éducation

    Platon a exposé ses idées dans deux ouvrages fondamentaux : "La république" et "Les Lois". Quoique, partout, il veuille quel'éducation soit en union intime avec l'Etat, il y a, entre les systèmes exposés, des différences notables. Comme celui de tout grand philosophe, le projet de Platon est d'abord pédagogique, et la politique elle-même est la pédagogie du citoyen.

    D. Ses idées en ce qui concerne l'organisation de l'enseignement

    1. Le plan platonicien d'éducation est inspiré de toutes ses considérations doctrinales.

    2. Tout est centré sur la cité, sur l'Etat. Platon ne traite de l'éducation qu'en fonction de la cité idéale.

    3. La cité idéale, réglée par la justice, ne peut être dirigée et organisée que par les hommes parfaits, les philosophes-rois, sélectionnés progressivement et ayant pu s'élever au domaine des idées. S'inspirant de l'éducation spartiate, Platon préconise donc une éducation sélective.

    E. Les buts de l'éducation

    Nous allons tenter de dégager les buts de l'éducation, selon Platon, au travers de l'analyse de ses deux œuvres importantes : "La République" et "Les Lois".

    Quelles sont les idées contenues dans le premier ouvrage, "La République" ?

    1. Dans "la République", Platon considère le peuple comme formé de 3 castes, différentes par leur intellectuelle et morale : les guerriers, les magistrats, les artisans et laboureurs, mais il ne s'occupe que de l'éducation des 2 classes supérieures.

    2. S'il oublie volontairement le petit peuple et son instruction professionnelle, c'est sans doute que son rôle comme rouage de l'Etat était moins important. Ce n'est point par mépris pour les humbles. Il portait trop haut le sentiment de justice pour ne pas récompenser le mérite dans quelque rang qu'il se montrât, et il était trop sage pour priver la république de serviteurs capables.

    Seule, la valeur personnelle conférait les plus hautes fonctions, mais les nécessités sociales tenant les classes inférieures éloignées de la vraie culture intellectuelle, explique la distinction de Platon.

    3. L'éducation des guerriers porte sur le corps et le caractère. Pour Platon, la force physique est condition d'existence. "On laissera mourir ceux dont le corps n'est pas bien constitué" car ils ne peuvent servir le république. La gymnastique fortifiera et endurcira ce corps afin de le mettre à l'épreuve de toutes les privations et de toutes les fatigues. Ici le philosophe n'a pas su se mettre au-dessus du préjugé. Même à l'armée, un faible n'est pas nécessairement un inutile, une âme courageuse peut loger dans un corps débile.

    4. La formation du caractère doit être l'objet de soins très attentifs car le courage dans la lutte, même devant la mort, est indispensable au soldat.

    On profitera des premières impressions, dont l'action est si durable et si profonde, non seulement pour faire aimer le beau et le bien mais pour fortifier la volonté, pour inspirer le mépris du péril.

    5. Platon veut qu'on choisisse avec grand soin les récits que l'on confie à l'imagination des enfants ; il faut éviter ceux qui pourraient affaiblir la majesté des dieux, le respect de l'autorité ou seraient de nature à faire craindre le danger. Aussi blâme-t-il les "faiseurs de faibles" lorsque, par des extraits d'Homère et d'Hésiode, ils montrent les vices des divinités et les succès des méchants, dépeignent les horreurs de la mort ou chantent les regrets de la vie.

    Quelles sont les idées contenues dans le second ouvrage, "les Lois" ?

    1. Les principes éducatifs contenus dans "Les lois" sont plus humains que ceux de "La République". Le but est encore le même, mais Platon y adoucit les moyens et veut rendre vertueux par la vue de bons exemples et la pratique d'habitudes morales. Ce n'est plus le jeune philosophe qui veut voir plier le monde à ses vues, c'est le vieillard prudent qui, revenu de ses utopies, fait des concessions à la nature humaine.

    2. Platon y définit la bonne éducation, "celle qui donne au corps et à l'âme toute la beauté, toute la perfection dont ils sont capables". Afin d'assurer cette beauté corporelle, il règle les mariages, l'âge des époux, leur caractère, leur fortune. Afin d'assurer la beauté morale, il enlève l'enfant dès la naissance à ses parents. Ainsi soustraits à leurs parents et confiés à des nourrices communes, les enfants sont élevés aux frais de l'Etat qui pourra diagnostiquer leurs capacités et les orienter "selon qu'ils sot faits d'or, d'argent ou d'airain".

    3. Platon craint la famille qui, par sa faiblesse, sa diversité de mœurs doit, selon lui, nuire à la stabilité de l'Etat. Ainsi il brise le lien du corps, le lien du cœur et le lien de la raison qui unissent les parents aux enfants. Il oublie que ces derniers doivent appartenir à ceux sans lesquels ils ne seraient pas et que c'est imposer à l'Etat une charge dont il n'est point responsable. Il oublie qu'il ne faut en attendre qu'une sollicitude vague et générale, si elle n'est partiale en faveur de ceux dont il espère le plus d'avantages.

    4. L'importance qu'il attachait à l'éducation se montre dans le choix des magistrats à qui elle est confiée : "le chef et ceux qui le nomment doivent se persuader qu'entre les plus grandes charges de l'Etat, celui-là a le premier rang".

    5. Quoique partisan du libre développement, Platon donne des conseils aux nourrices. Il recommande le maillot jusqu'à ce que l'enfant puisse se tenir debout. Il veut qu'on berce parce que le rythme du berceau et le chant calment les frayeurs et donnent à l'âme paix et repos : "l'enfant devrait être à la maison comme un bateau sur la mer".

    6. A ces soins physiques se joint la première éducation morale par la formation du caractère. Le philosophe considère ce dernier comme dépendant beaucoup de la manière dont on élève les enfants : trop de faiblesse les rend chagrins, despotes ; trop de dureté les rend esclaves et peu sociables. Cette idée est si juste qu'il est reconnu qu'avec des précautions et de la persévérance, on peut, en éloignant  les impressions défavorables, modifier le caractère d'enfants déjà difficiles.

    7. Il rejette la musique instrumentale ; il n'encourage que la musique chantée, dont les paroles, comme les fables, seront choisies avec soin et dont le rythme sera approprié à la destination du chant : calme, ferme, pour l'armée ; doux pour le service religieux.

    8. En même temps que les lectures et les chants donnaient à l'esprit une nourriture saine, les autres arts (sculpture, peinture, etc.) doivent entourer l'enfant d’œuvres morales afin qu'il vive dans un air pur et sain. En élevant ainsi l'âme dans le bien, en la soustrayant au mal et à ses tentations, Platon espère la délivrer de ses luttes contre le vice qui, quel que soit le dénouement, la troublent et l'affaiblissent.

    F. Les étapes de l'éducation

    L'Etat doit s'emparer de l'enfant à 3 ans et le préparer, jusqu'à 20 ans, à sa fonction. les enfants sont élevés en commun pour détruire tout sentiment particulariste de famille, pour faire de la cité toute entière une grande famille.

    1er cycle 

    a) De 3 à 5 ans, les enfants sont conduits à la palestre où ils exercent leur corps et leurs sens. Jusqu'à cinq ans, tous jouent dans un lieu commun sous la surveillance de nourrices intelligentes.Platon désire que, dans les divertissements comme dans les occupations sérieuses, on prépare le développement futur : que l'enfant bâtisse des maisons, remue la terre, ait pour jouets "de petits outils sur le modèle des outils véritables" ; en un mot, "qu'au moyen de jeux on tourne le goût et l'inclination des enfants vers le but qu'ils doivent atteindre pour remplir leur destinée". On retrouve ici l'idée des jardins d'enfants tels qu'ils sont organisés actuellement. Platon veut une obéissance absolue : il punit les actes répréhensibles, mais il défend les peines ignominieuses.

    b) De 6 à 10 ans, l'essentiel du programme est constitué par la musique, la gymnastique, les rudiments du calcul. cette éducation est commune aux filles et aux garçons. Platon estime que toutes les classes de la population libre doivent en bénéficier et qu'elle est suffisante pour les artisans. A six ans, les sexes doivent se séparer. L'éducation des filles est la même que celle des garçons, mais avec plus de modération dans les exercices. Platon trouve que la femme peut et doit défendre la patrie en cas de danger. les jeunes gens vont à la palestre "où ils exercent également leurs deux mains". Ils y apprennent la lutte et les danses, surtout les danses sacrées.

    2ème cycle

    Ce cycle sera fréquenté par les futurs guerriers et les futurs magistrats. Ce n'est qu'à dix ans que commence l'instruction proprement dite. De 10 à 17 ans s'échelonnent les études secondaires.

    Trois années sont consacrées à la lecture, à l'écriture, au calcul ; trois autres années aux études grammaticales, littéraires et musicales. 

    S'il recommande de bien choisir, d'éviter tout ce qui amollit, Platon veut aussi qu'à tous les degrés, le travail soit attrayant : "Un esprit libre, dit-il, ne doit rien apprendre en esclave".

    Après avoir écarté l'injure, Platon écarte la violence, insistant ainsi sur l'obligation pour les parents et les éducateurs de tenir pour sacrés l'honneur et la volonté de l'enfant.

    Parvenu à l'âge de 13 ans, le jeune homme étudie la musique, "toute puissante pour tremper l'âme d'énergie", et cette étude est telle que, pendant trois ans, il ne se laissera détourner par aucune préoccupation. Platon exagérait l'influence de cet art au point de dire qu'on ne peut toucher à ses règles sans ébranler les lois de l'Etat.

    Platon ordonnait d'observer d'une manière invariable les règles consacrées par le chant et la danse afin d'empêcher les jeunes gens si facilement séduits par ce qui est nouveau, de prendre d'autres habitudes, d'autres mœurs, de mépriser ce qui est ancien et d'apporter ce goût de changement dans les lois elles-mêmes.

    Pour les jeunes gens, de 18 à 20 ans, Platon préconisait un service de gymnastique obligatoire, d'allure militaire.

    L'éducation des guerriers se terminait à 20 ans, âge auquel commençait celle des magistrats ; jusqu'alors les leçons avaient été communes. S'il suffisait aux premiers d'être courageux, il fallait que les seconds fussent des hommes de science, des philosophes. Pour être admis à cette éducation qui formait les premiers citoyens, on exigeait des jeunes gens des facultés puissantes et l'amour du travail, on leur imposait l'obligation patriotique de faire tourner leur savoir au profit de tous. Platon jugeait ce second cycle suffisant pour la classe des guerriers.

    3ème cycle

    Enfin le jeune homme, tout en continuant son éducation guerrière par la chasse et les combats, aborde les sciences pures : l'arithmétique, la géométrie et l'astronomie. Si les privilégiés peuvent seuls les connaître à fond, tous, d'après le philosophe, doivent en posséder les éléments.

    De 20 à 30 ans, des élèves sélectionnés pour leurs aptitudes particulièrement brillantes, commencent un enseignement supérieur où ils doivent étudier les mathématiques : d'abord "la science des nombres et du calcul qui élève l'âme à la pure intelligence et l'amène à la contemplation de l'être", ensuite la géométrie, qui est aux surfaces ce que l'arithmétique est aux nombres ; l'astronomie qui habitue l'âme "à regarder en haut" afin que du ciel visible elle passe au ciel intelligible ; la musique, dans ce qui a trait aux lois des sons (l'acoustique).

    Du double avantage, matériel et formel, que ces branches présentent à l'homme, le premier, but des âmes vulgaires, ne pouvait pas, d'après Platon, entrer en ligne de compte pour les magistrats ; ils ne devaient avoir en vue que "d'élever leur âme en la menant à la vérité".

    Cette étude successive des branches était complétée par une étude d'ensemble, et quand l'esprit mûri par l'âge et le travail (à 30 ans), abordait la dialectique, il y apportait une science vaste et des facultés cultivées.

    De 30 à 35 ans, les études philosophiques devaient mener l'individu au sommet de la science.

    A 35 ans, le magistrat entrait dans l'armée afin d'apprendre à obéir, "car, dit Platon, celui qui n'a jamais servi ne peut être un digne gouvernant" ; c'est seulement à 50 ans qu'il recevait une charge et participait au gouvernement, s'il était sorti victorieux de toutes ces épreuves.

    Là se borne l'instruction désirée par les jeunes Athéniens. Si l'exclusion des sciences naturelles s'explique par la crainte que leur enseignement n'éloignât l'âme "du monde visible" au profit de la nature, il n'en est pas de même de l'histoire qui apporte le concours le plus puissant à une éducation vraiment nationale.

    Conclusion

    1. Il s'agit d'une éducation sociale et sélective. C'est un plan monumental.

    2. Platon peut être considéré comme le premier philosophe qui a conçu qu'une réforme des institutions sociales avait pour condition première une conversion totale de la nature humaine. Il est le premier pour qui l'éducation ait pris le sens d'une seconde naissance.

    3. La pédagogie platonicienne découle directement de ses postulats philosophiques : Platon affirme, comme son maître Socrate, que la vérité réside dans la connaissance des essences immuables que sont les idées. Celles-ci sont des modèles. Les idées pures sont extérieures à l'esprit qui les pense, mais l'esprit les a contemplées dans un monde extérieur. Il en conserve le souvenir. 

    L'éducation doit, sous sa forme achevée, faciliter la réminiscence. Elle doit permettre de contempler le vrai. Si le vrai existe, il doit y avoir une manière de le découvrir et, par la suite, de bien vivre et de biens organiser l'Etat. Cette découverte du vrai suppose une méthode.  

    G. La méthode

    1. La connaissance ne se donne pas de l'extérieur, ni par la contrainte ; chaque homme doit découvrir le vrai pour son propre compte, par une ascension toute intérieure vers les idées.

    2. Le rôle du maître est de faciliter cette ascension spirituelle par l'art du questionnaire ou maïeutique. La maïeutique est, au sens propre, l'art d'accoucher. Par analogie, la maïeutique est l'art d'accoucher les idées, de les porter à l'existence.

    3. Platon perfectionne la méthode de son maître Socrate - la dialectique - et l'applique aux problèmes métaphysiques. Sa doctrine gravite tout entière autour d'une thèse centrale : la théorie des idées. Les idées sont des principes éternels et parfaits de toutes choses, qui n'en sont que des imitations passagères et imparfaites ; la plus élevée de ces idées est celle du bien, modèle de tous les actes justes et bons. La philosophie est la recherche du bien, qui doit être réalisé dans une cité parfaite gouvernée par une aristocratie de philosophes.

    H. Comparaison entre Platon, Socrate et les Sophistes

    1. Par son caractère désintéressé, l'éducation platonicienne s'oppose à celle des Sophistes. L'enseignement des Sophistes est un enseignement utilitaire au service d'une clientèle. Pour Platon, la culture a sa fin en elle-même ; elle ne sert pas des intérêts temporels.

    2. Son enseignement ne s'adresse pas à ceux qui recherchent le savoir pour le profit mais à ceux qui sont animés de ce zèle qu'est la philosophie, l'amour de la sagesse et de la vérité. il ne veut que des élèves choisis.

    3. En contraste avec l'enseignement sophistique, public, sinon gratuit, vulgarisation payante, l'éducation platonicienne conserve le caractère d'une initiation.

    4. Platon affirme, comme son maître Socrate, que la vérité réside dans la connaissance des essences immuables que sont les idées. les bases philosophiques sont donc semblables. Il perfectionne la méthode de Socrate.

    VI. Aristote

    A. Biographie 

     * Titre I - L'éducation en Grèce1. Aristote est né à Stagire, ville de Macédoine, en 384 avant J.-C. Son père Nicomaque étant premier médecin du roi Amyntas III, il fut élevé à la cour de ce prince et vécut dans l'intimité de Philippe de Macédoine qui devint roi en 350.

    2. Après la mort de son père et de sa mère, il fut envoyé à l'âge de 17 ans dans la petite ville d'Atarné, en Mysie (contrée du nord-ouest de l'Asie mineure ancienne) par son tuteur Proxénos.

    3. Peu de temps après, il vint à Athènes suivre les cours de Platon alors âgé de 60 ans (de 367 à 349). A la mort de ce dernier, en 345, Aristote lui fit dresser un autel. Il passa les années 348 à 345 auprès d'Hermias, tyran d'Aterné, dont il épousa la fille Pythias, et les années 345 - 344 à Mitylène.

    4. En 343, Philippe de Macédoine lui confia l'éducation de son fils Alexandre le Grand. Cette tâche terminée et son élève devenu roi (338), Aristote revint à Athènes où, deux ans après, il fonda le lycée qu'il dirigea jusqu'à la mort d'Alexandre (323).

    5. En 329, ce fut la rupture avec Alexandre qui lui reprochait de ne pas se prosterner à ses pieds. Accusé d'impiété pour avoir dressé un autel à son épouse Pythias, Aristote s'exila en 322 et fut condamné à mort par contumace.

    6. Retiré à Chalcis d'Eubée - île de la mer Egée - il y mourut d'une maladie d'estomac au mois de juillet de la même année. Le lycée fut confié à Théophraste, qu'il avait désigné pour lui succéder.

    B. Ses préoccupations politiques

    1. Aristote veut définir un système de gouvernement propre à contenir et à ordonner, entre tous, les destins humains, à les acheminer vers une fin conforme à leur nature.

    2. Il recherche une forme politique offrant un maximum de sécurité et de stabilité.

    3. Il est partisan de la démocratie car elle neutralise l'effet de l'inégalité de la naissance (base de l'oligarchie ou de la richesse, base de la tyrannie).

    4. Il veut donc régler l'égalité des richesses et du pouvoir entre tous les citoyens. Dans ce but, il réglemente la propriété, plus encore que Platon ne l'a fait dans "Les Lois". Pour réaliser son idéal en matière politique, il s'attache d'abord au côté pratique, c'est-à-dire à l'organisation de la constitution.

    5. Contrairement à Platon, Aristote est hostile aux plans de réformes radicales, surtout par rapport à la suppression de la famille et de la propriété privée. En effet, ces mesures ne rendraient pas l'Etat aussi unifié que possible ; au contraire, elles le priveraient du frein naturel des passions et du stimulant de l'activité.

    C. Ses idées

    En politique, comme en éducation, il existe entre tous les individus une "communauté d'oeuvre". Celle-ci, à la suite d'unions et d'échanges, devient un "tout de composition". Ainsi, l'Etat est la principale communauté humaine.

    D. Sa doctrine pédagogique

    1. Buts

    Bien que toujours appropriée à une constitution politique donnée, l'éducation devra contrebalancer les vices, en combattant les désirs et l'individualisme effréné.

    2. Style

    Aristote veut d'adresser à un public étendu. Il exprime ses idées sous la forme du dialogue, dans un style plein d'imagination, de grâce et de sensibilité.

    3. Différence avec Platon

    Platon s'adresse directement au lecteur, ne parle qu'à son intelligence et disserte dans un style d'une aridité toute géométrique, sans couleur et sans passion.

    4. Fondements philosophiques

    4.1. La connaissance doit être tournée vers le réel, vers la science des causes. L'expérience est à l'origine de la connaissance. Sa "métaphysique" passe en revue les doctrines antérieures et fonde sa méthode historico-critique.

    4.2. Sa "logique" est non seulement un moyen d'expressionmais aussi un moyen de contrôle, par l'étude minutieuse des termes et la répartition de leurs rapports en tant qu'essences, genres ou espèces. Sa "logique" est donc un instrument au service de la science. Il utilise la dialectique, technique empruntée aux Sophistes.

    5. Reproches adressés aux Sophistes

    Les Sophistes ne distinguent pas le raisonnement logique du raisonnement faux. Ils sont asservis aux désirs d'une clientèle. Aristote s'attaque à eux dans "la Réfutation des Arguments sophistiques".

    6. Son principal héritage intellectuel

    Aristote s'est inspiré des écrits socratiques sur la nature de la connaissance et la communication du savoir, des œuvres des Sophistes traitant de la nature du Bien et de l'inquiétude scientifique des Eléates.

    7. Quelques mots sur "la Rhétorique"

    Pour Aristote, la rhétorique est une méthode. Elle cherche à persuader, c'est-à-dire raisonne avec des vraisemblances et des opinions, tandis que la science démontre, c'est-à-dire raisonne avec des vérités évidentes par elles-mêmes et avec leurs conséquences nécessaires.

    8. Son point de vue à propos du langage

     Aristote a recherché les lois générales et les principes essentiels de l'élocution tandis que les Sophistes, qui avaient beaucoup travaillé sur le langage, s'étaient plus occupés de la grammaire ou de la composition de la phrase que du mérite de l'expression.

    9. Sa pédagogie

    9.1. Le plan d'éducation

    La grammaire, le dessin et la gymnastique sont seuls considérés comme utiles, tandis que la musique n'est qu'un agrément. Aristote veut que l'éducation dépasse l'utile et le nécessaire, qu'elle soit libérale et honorable.

    Son but est non seulement de bien employer le temps de travail, mais aussi de créer de nobles loisirs, un repos plutôt qu'un amusement. L'individu doit donc apprendre à profiter utilement des loisirs ; c'est pour cela que la musique doit être incluse à l'éducation.

    De plus, Aristote est partisan d'une éducation commune. En effet, tous les citoyens appartiennent à la cité qui n'a qu'un seul but : le bonheur de tous.

    Pour Aristote, tous les hommes présentent des valeurs et des aptitudes différentes ; leur association repose sur l'échange des produits de leurs activités.

    9.2. Le programme des études

    Il comprend trois cycles : les deux premiers sont consacrés à l'éducation libérale du citoyen, le troisième à la formation du savant.

    Il comprend trois sortes d'écrits :

    • les sciences poétiques : la connaissance de l'art selon les règles desquelles une oeuvre est faite ;
    • les sciences pratiques : elles envisagent, en elles-mêmes, l'activité de l'argent ;
    • les sciences théoriques : leur objet est le savoir pour le savoir ; c'est la recherche spéculative du vrai.

    Il conçoit trois philosophies :

    • la philosophie première ou théologie : l'objet est l'Etre en tant qu'être ;
    • la philosophie deuxième ou physique : elle rattache le mouvement à la nature ;
    • la philosophie troisième ou mathématique : c'est l'étude des nombres, des figures et des mouvements.

    9.3. Sa méthodologie

    Pendant vingt ans, Aristote reste à l'Académie - école fondée par Platon - où il est tour à tour élève et maître. Parmi les reproches adressés  à Platon : l'académie se préoccupe plus de la méthode que de la science positive.

    A son retour d'Asie mineure, Aristote fonde sa propre école, le Lycée. C'est une école péripatétique qui comprend notamment un gymnase et un promenoir. En plus, c'est une école organisée avec des salles de conférences, son matériel didactique, sa bibliothèque et ses collections.

    Le travail se fait par équipes spécialisées car il n'est plus possible de pénétrer seul la somme du savoir.

    Les écrits aristotéliciens sont souvent des expositions oratoires où plusieurs personnages, ou un seul, développent la pensée de l'auteur.

    Les enquêtes touchent aussi bien l'histoire des sociétés, des lettres et des arts que l'étude critique des systèmes philosophiques antérieurs et les sciences mathématiques et naturelles.

    Les élèves sont classés selon le degré de progrès et l'ancienneté. Les anciens servent de directeurs d'études aux novices.

    Tous les mois se tient une assemblée ("le banquet") pour mettre au point les programmes. Pour les principaux traités, les disciples recherchent les matériaux et Aristote rédige. Les cours destinés aux élèves sont parfois rédigés par eux.

    Le Lycée est donc une véritable université où s'enseigne la science totale.

    E. L'apport d'Aristote

    1. Aristote a donné au raisonnement ses règles et ses procédés de critique ; sa logique a encore sens aujourd'hui. Pour les attitudes de l'esprit, son exigence d'un exposé rationnel a tracé la voie dans toutes les activités intellectuelles.

    2. Il a fondé l'analyse logique, outil essentiel de la critique de la phrase. Son œuvre est restée, jusqu'à nos jours, le fondement de l'analyse grammaticale et logique, la règle du discours équilibré. Aristote a ouvert la voie à l'analyse psychologique par sa psychologie classique. Il a donné à l'Univers une image simple, cohérente, faite d'éléments définis.

    3. Son vocabulaire philosophique est ressenti, des siècles plus tard, dans la constitution du vocabulaire de presque toutes les langues de culture. Sa méthode historique, sa classification zoologique, sa méthode comparative en physiologie et en anatomie vont constituer pour longtemps des bases solides pour les progrès scientifiques de l'humanité. L'histoire des animaux et ses compléments est restée le premier recueil de sciences jusqu'à "l'Histoire naturelle" de Buffon au 18ème siècle.

    "L'Organon" - la théorie du raisonnement humain - a servi l'instituteur à tous les temps, à tous les peuples et à toutes les religions. C'est le plus grand et le plus important de tous les monuments de science logique et sa théorie est éternellement acquise à l'intelligence humaine.

    4. En ce qui concerne les mathématiques, Aristote a été témoin des découvertes d'Euxode de Cnide dans le domaine des rapports et proportions de la géométrie dans l'espace, notamment pour les propriétés de la pyramide et du cône. Il a d'ailleurs emprunté la théorie astronomique des sphères homocentriques. Aristote a introduit, dans ce système, des sphères destinées à répartir la transmission du mouvement dans un traité sur la mécanique. Il a également écrit des livres de problèmes et a étudié des lignes insécables.

    5. Dans l'oeuvre d'Aristote, nous distinguons deux sortes d'écrits, à savoir les livres destinés au public, dont la forme est plus dialectique que scientifique et qui sont des ouvrages non ésotériques ; et les traités destinés aux élèves, qui comprennent des leçons sur la nature et qui sont des ouvrages ésotériques. 

    F. Conclusion

    1. Chez Platon, les œuvres sont élaborées, stylisées, écrites pour un public lettré tandis que chez Aristote, la matière est nue, dépouillée, riche de faits jusqu'à la lourdeur.

    2. Dans l'oeuvre d'Aristote nous avons trouvé des erreurs fameuses : "... les poumons ou les branchies refroidissent au moyen de l'air ou de l'eau, le sang qui cuit au foyer du cœur..." ; "... la sensibilité dépend principalement du cœur..."

    3. Néanmoins, il faut reconnaître qu'Aristote était mal "outillé" et que toutes ses expériences sont remarquables.

    4. Alors qu'Aristote a été un partisan acharné de la démocratie, nous te trouvons antidémocratique sur le point de vue qui suit : 

    "Les travailleurs manuels (artisans, manœuvres, agriculteurs et même marchands) sont étroitement asservis à leur spécialité et aux désirs d'une clientèle : ils sont dominés par leur tâche et le salaire qu'ils en attendent. Leurs occupations déforment le corps, détruisent le développement harmonieux, suppriment les loisirs et entravent la recherche intellectuelle désintéressée. Ce ne sont pas des citoyens libres, donc pas de place pour eux dans l'Etat idéal car ces besognes appartiennent aux esclaves."

    VII. Xénophon

     * Titre I - L'éducation en GrèceÉlève de Socrate et célèbre des des titres divers mais principalement par la retraite des Dix Mille, Xénophon a laissé deux ouvrages sur l'éducation, "L'Economique" et "La Cyropédie". Dans le premier ouvrage, Xénophon confie l'éducation de la femme à l'époux qui doit lui apprendre que si tous les biens sont communs dans la famille, les devoirs sont spéciaux. Les devoirs extérieurs incombent  à l'homme. les devoirs intérieurs et en particulier ceux du ménage incombent à la femme.

    Xénophon précise une série de qualités qu'il considère comme devant être de patrimoine de toutes les femmes, qualités que la jeune femme acquiert si elle est soumise à son mode d'éducation : la femme doit être pieuse, modeste, économe, bonne envers ceux qui l'approchent, même envers les esclaves, dévouée à son époux et à ses enfants.

    L'éducation des Perses fait l'objet de l'ouvrage "La Gyropédie". Cet ouvrage est plutôt un roman qu'un système sérieux et réellement applicable. Xénophon y expose l'enfance et la vie de Cyrus en particulier tout en s'occupant de la jeunesse en général. Admirateur des lois de Lycurgue, Xénophon sacrifie tout au militarisme et à l'Etat afin d'assurer sa force. En quittant l'école, le jeune homme devient soldat et doit, comme tel, sa vie entière à l'armée. Il n'est plus question de femmes dans ce second ouvrage alors que Xénophon dépeint si bien les qualités de l'épouse dans "L'Economique". Il cède ici au courant qui les excluait de l'éducation publique, dans tout l'Orient comme en Grèce.

    Le rêve de Xénophon est celui d'une classe élevée n'admettant que des soldats, le reste de la population étant voué à l'agriculture, celui d'une société privée de commerce et de sciences, car les marchands et les savants en sont exclus. Mais l'existence d'un tel peuple est quasi impossible à réaliser et tout progrès intellectuel lui serait étranger.

    VII. Conclusion

    L'élargissement de la culture fort heureux dans son principe tourna malheureusement vite à la casuistique et à la chicane. Les méthodes employées, l'acquisition d'un savoir superficiel et prétentieux, l'argumentation artificielle et formelle, firent très vite tomber cette éducation dans un formalisme dangereux.

    Les mots, le verbalisme l'emportèrent sur les idées, sur la sincérité et sur la vérité. L'art de soutenir tantôt le pour, tantôt le contre, la jonglerie verbale et l'habileté à faire triompher même la mauvaise cause, ont marqué la culture supérieure pour des siècles.

    La rhétorique est devenue l'art d'expression de la philosophie, l'art de persuader. Elle avait entrepris d'observer et de classer les faits physiques et naturels. Pourtant, ce n'est qu'un humanisme littéraire et verbal, dépouillé de sa sève, que la Grèce transmettra.

    Chapitre IV : L'éducation à l'époque hellénistique

    I. Importance de la période

    1. Situons-la d'abord dans le temps !

    L'époque hellénistique est celle qui débute avec les conquêtes d'Alexandre (IVème siècle) et qui se termine à la conquête romaine (IIème siècle). Elle correspond avec l'hellénisation de l'Orient.

    2. C'est à la civilisation de cette époque et non tant à celle de la Grèce classique que se rattachent nos origines gréco-latines.

    3. A cette époque, sans les prendre entièrement à sa charge, l'Etat codifie et contrôle les institutions scolaires qui se sont considérablement développées et régularisées.

    4. Pour entretenir les écoles et pour payer les maîtres, il est fait appel à un mécène, généreux donateur, en général un prince ou un riche particulier.

    II. L'enseignement primaire ou élémentaire

    Âgé de sept ans, l'enfant se rend à l'école primaire.

    1. L'école primaire et ses maîtres

    L'école primaire cesse donc d'être abandonnée à l'initiative privée et l'on commence à trouver partout de véritables écoles publiques, régies par des législations scolaires, entretenues par la collectivité, quelquefois l'Etat, mais le plus souvent par la Cité.

    Les écoles s'adressent aux filles et aux garçons. Le local se compose d'une seule salle, meublée de quelques sièges, d'une chaire pour le maître et de tabourets pour les élèves.

    Assez mal payé et peu honoré, le maître a pour mission de munir les enfants de bonnes habitudes plus que de les rendre savants. Sa culture est assez sommaire. 

    Les conseils que Socrate et Platon avaient donnés ne pénètrent jamais vraiment les habitudes pédagogiques.

    La correction corporelle restera longtemps florissante dans les écoles antiques !

    2. Les programmes et l'horaire

    Au début, les enfants ne se rendent à l'école que l'après-midi car la matinée est entièrement destinée à l'entraînement corporel qui se passe au gymnase. On trouve ici l'origine de la pratique du mi-temps pédagogique ! Plus tard, l'école sera fréquentée matin et soir.

    La gymnastique, étant dès lors reléguée à la fin de la matinée, perd son influence dans la vie scolaire en Grèce.

    A l'école primaire, on apprend à lire par la méthode syllabique, à réciter en psalmodiant, à écrire, à chanter, à compter sur les doigts les nombres entiers cardinaux et ordinaux. Bref, on y fait les mêmes exercices que par le passé.

    L'école ne donnant que l'instruction élémentaire, le pédagogue, esclave qui conduisait les enfants, commença à jouer un rôle éducatif en s'occupant de plus en plus de leur tenue et de leurs bonnes manières.

    Le modeste enseignement que dispensait l'école primaire n'était jamais coupé de vacances systématiques organisées. Les écoles étaient fermées lors des cérémonies religieuses ou civiques qui variaient selon les usages locaux.

    III. L'enseignement secondaire

    La nouveauté apparue au cours de cette période hellénistique sont les deux nouveaux niveaux d'enseignement qui se sont développés à partir de ce qu'enseignaient les Sophistes et les philosophes. Ils correspondent à nos degrés secondaire et supérieur.

    D'un niveau encore plus élevé, il y eut encore dans certaines grandes villes de hauts établissements scientifiques. Les enfants ayant terminé le cycle primaire étaient ensuite sélectionnés naturellement d'après la fortune de leur milieu familial. L'enfant pauvre quittait le maître primaire pour se consacrer à l'apprentissage d'un métier. par contre, s'il était issu d'un milieu riche, il allait suivre les cours d'un grammairien.

    1. Les institutions privées

    La loi s'occupait énormément de l'éducation et, si elle recommandait toujours une éducation commune, le régime que l'on rencontrait le plus souvent était celui de l'institution privée, payante, organisée par les rhéteurs. les seuls collèges organisés par l'Etat étaient les collèges éphébiques, forme mineure de l'enseignement supérieur que nous analyserons ultérieurement.

    2. Le programme

    Depuis Aristote, une place avait été réservée dans les programmes aux disciplines mathématiques : géométrie, arithmétique, astronomie, théorie musicale. L'influence de cet enseignement est loin d'avoir l'importance que les théoriciens avaient prévue.

    A ce propos, il faut rappeler ici que les symboles alphabétiques utilisés par les Grecs ne facilitaient guère la représentation des grands nombres comme le fera par la suite la numération arabe. Le développement des hautes études mathématiques en fut gêné.

    3. Les disciplines littéraires

    L'essentiel de la matière dans l'enseignement secondaire consistait à assimiler dans leur langue et dans leurs textes les auteurs classiques, ceux dont l'oeuvre constituait le capital intellectuel de la civilisation : Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide, Hérodote, Xénophon...

    Il existait déjà des anthologies, recueils de textes choisis. Le patrimoine littéraire se transmettait par une sorte de piété, de génération en génération. L'étude de ces œuvres se faisait de façon méthodique. Après l'analyse d'un résumé de l'ouvrage, l'élève abordait l'examen critique du texte par une lecture commentée. Il apprenait ensuite le texte de mémoire. Ces exercices de commentaires tournaient très souvent au formalisme verbal ou en vaine érudition.

    4. La grammaire et la rédaction

    On se souvient que Platon s'était souvent efforcé, dans ses dialogues, de préciser l'esprit de la langue, de jeter les bases d'une grammaire génétique. Toutefois, l'enseignement secondaire de l'époque hellénistique n'en reste pas moins formel et la nomenclature grammaticale est souveraine. Les exercices pratiques de rédaction étaient soigneusement gradués mais restaient en grande partie imitatifs. Les élèves devaient s'exercer à la fable (brève rédaction qui se rapportait à un apologue lu ou entendu), à la narration (c'est-à-dire écrire quelques lignes relatives à une histoire qu'ils venaient de lire), à la "chrie" (sorte de développement bref d'une anecdote morale attribuée à un personnage connu ; citation ou développement d'un mot sentencieux ou d'un fait mémorable), à l'éloge, à la comparaison, à la confirmation, à la discussion des lois.

    La persistance de cet enseignement sous une forme presque littéralement semblable jusqu'à la fin du 20ème siècle, à travers le Moyen Age et la Renaissance est un phénomène qui mérite d'être souligné !

    L'enseignement secondaire de l'époque hellénistique absorba peu à peu certaines matières comme la philosophie, longtemps considérée comme supérieure. Les programmes s'alourdirent progressivement par l'étude élémentaire des sciences mathématiques tandis que l'enseignement primaire manifestait de plus en plus ses tendances encyclopédiques.

    IV. L'enseignement supérieur

    L'enseignement supérieur se scinde en deux parties appelées "degrés" : d'une part, les collèges éphébiques et les gymnases que les étudiants pouvaient fréquenter à partir de 18 ans, et, d'autre part, les écoles de philosophie et les écoles de rhétorique qui formaient le haut enseignement et qui ne cessaient de se concurrencer dans la Grèce hellénistique.

    1. Le collège éphébique

    On se souvient que c'est à 18 ans que le jeune homme entrait dans le groupe des éphèbes. A l'origine, l'éphébie était une préparation militaire obligatoire. Elle subit une lente évolution qui la transforma, à l'époque hellénistique, en un entraînement pré-militaire beaucoup plus libéral.

    L'éphèbe achevait sa culture au collège éphébique, tout en développant son corps et en apprenant la science des armes. Il y suivait des leçons, des conférences, des auditions consacrées aux disciplines littéraires.

    Les établissements restent, à ce niveau, des établissements d'Etat. Organismes officiels, ils comportaient un corps de professeurs spécialisés placés sous le contrôle d'un comité de contrôleurs de la sagesse que dirigeait de haut le gymnasiarque ou chef du gymnase. 

    2. Le gymnase

    L'histoire du gymnase, appelé aussi la palestre, se confond avec l'histoire même de la Grèce. Le gymnase est la partie principale de l'école. Au cours de la période hellénistique, le gymnase devient une sorte d'école des hautes études d'éducation physique. Le sport restait le fondement de l'éducation mais l'importance scolaire de la gymnastique ne cessa de croître.

    Les programmes prévoyaient davantage d'athlétisme que de gymnastique : course à pied, saut en longueur, lancer du disque et du javelot, lutte. A ces épreuves qui, réunies, forment le pentathlon, s'ajoutaient la boxe et le pancrace, combinaison de la lutte et du pugilat.

    3. Les écoles de rhétorique

    Le véritable enseignement supérieur était l'apanage des écoles de rhétorique et des écoles de philosophie.

    Les écoles de rhétorique sont les plus recherchées car elles préparent aux fonctions administratives, juridiques et politiques. L'éloquence est fortement prisée : l'esprit grec a un net penchant pour le formalisme et la codification raffinée qui s'épanouit dans l'enseignement "rhétorique".

    Peu à peu la rhétorique se détourne de la vie et devient u n art déclamatoire fictif. Isocrate fut le type parfait du rhéteur. Il exerça son métier de professeur de 393 à 338 avant notre ère, soit pendant 35 ans. Son école fut le centre de formation d'une élite politique. Il proposa un enseignement concret et littéraire sur lequel s'élabora en partie la culture hellénistique. 

    4. Les écoles de philosophie

    L'enseignement philosophique était donné dans des écoles régulières de type classique comme le lycée d'Aristote et les Jardins d'Epicure.

    Il y avait des philosophes sédentaires, comme Epictète qui regroupaient autour d'eux des élèves choisis.

    A la manière des Sophistes, il y avait enfin des philosophes itinérants qui rassemblaient des auditoires improvisés, dans les villes qu'ils traversaient.

    Les nombreuses sectes philosophiques méprisaient les rhéteurs. Toute doctrine philosophique élaborait une logique, une physique, une  éthique et une métaphysique. parmi les plus célèbres doctrines, nous avons retenu l'épicurisme, le stoïcisme, le scepticisme, l'éclectisme et le probabilisme.

    Les écoles de philosophie dispensaient donc un haut enseignement scientifique.

    Le type de ces écoles est le Musée d'Alexandrie, créé sous les Ptolémée au 3ème siècle avant notre ère. Il comportait une bibliothèque de sept-cent mille volumes et disposait d'un observatoire, d'un jardin botanique et d'une ménagerie. Les recherches se faisaient dans tous les domaines. C'est dans ces écoles supérieures, véritables centres de recherches que progresseront les sciences : l'astronomie avec Aristarque de Sanos qui découvrit la révolution de la Terre autour du Soleil, la géométrie avec Euclide, la mécanique avec Archimède, la médecine avec la dissection des cadavres.

    V. Conclusions

    1. L'éducation vise à la formation de l'homme complet, petite catégorie de citoyens. En effet, le nombre des esclaves était dix fois plus élevé que celui des hommes libres.

    2. L'éducation hellénistique a fait prédominer la culture intellectuelle sur la culture physique et sur la culture artistique.

    Au cours de cette époque hellénistique, l'humanisme littéraire et verbal perd sa force créatrice et devient un art de compilation et d'érudition, d'imitation des modèles du passé.

    3. La disparition des cités au profit d'un grand état beaucoup plus impersonnel livre l'individu à lui-même.

    4. Peu à peu l'idéal de l'homme-citoyen fait place à un idéal nouveau : rechercher son bonheur, son salut en réalisant en soi la perfection humaine.

    Il ne s'agit pas de former des techniciens mais de développer l'humain dans l'homme. Cet idéal nouveau est un idéal de haute culture philosophique et scientifique. L'idée de l'homme universel s'oppose à l'ancien idéal des cités. On trouve ici l'idéal de l'humanisme classique, tout ce qui fait l'humain opposé à la barbarie et à l'animalité.

    5. Sur le plan scientifique, on voit apparaître un souci nouveau d'organisation collective de la science.

    6. La pensée prend cet aspect universel que les grands génies lui ont donné à l'époque classique mais qui ne cadre pas avec le particularisme étroit des cités. Elle devient une valeur internationale avec la langue grecque qui la porte.

    Lien URL avec le Titre II intitulé "L'éducation à Rome" 

     

    Bibliographie partielle du Titre I

    Abel Armand - Aristote : la  légende et l'histoire - Bruxelles, Collection Lebègue, 1944

    Cotton Gérard - Collection Lebègue - 4ème série, n° 48, Bruxelles, Office de Publicité, 1944

    Dantu - L'Education d'après Platon - Paris, Alcan, 1907

    Diakov V. et Kovalev S. - Histoire de l'Antiquité - Moscou, Edition en langue étrangère, 1960

    Ducasse P. - Les grandes philosophies - Paris, P.U.F., 1972

    Dupréel E. - La légende socratique et les sources de Platon - Bruxelles, 1922

    Dupréel E. - Les Sophistes - Neuchâtel et Paris, Editions du Griffon, 1948

    Girard P. - L'éducation athénienne - Paris, 1889

    Glotz G. - La cité grecque - Paris, Editions Albin Michel, 1968

    Humbert J et Berguin H. - Histoire illustrée de la littérature grecque - Paris, Didier, 1947

    Marrou H.- I. - Saint Augustin et l'Augustinisme - Paris, Editions du Seuil, 1955

    Marrou M.-I. - Histoire de l'Education dans l'Antiquité - Paris, Editions du Seuil, 1971

    Michel et Gijsels - L'Antiquité et le Haut Moyen Age - Liège, Sciences et Lettres, 1961

    Michell H. - Sparte et les Spartiates - Paris, Payot, 1953

    Moreau J. - Le sens du Platonisme - Paris, Les Belles Lettres, 1967

    Moreau J. - Aristote et son école - Paris, P.U.F., 1962

    Pelekidis, Ch. - Histoire de l'éphébie attique, des origines à 31 avant Jésus-Christ - Paris, Ecole française d'Athènes, 1962

    Petit Paul - La civilisation hellénistique - Paris, P.U.F., Que sais-je ? n° 1028, 1962

    Robin C. - La pensée grecque - Paris, Le Renaissance du Livre, 1923

    Robin L. - Platon, œuvres complètes - Tome IV - Paris, 1930

    Roussel P. - Sparte - Paris, 1939

    Tannery P. - L'Education platonicienne - Revue philosophique 1880-1881, Mémoires scientifiques (Tome VII, p. 1- 102)

    Vresson André - La philosophie antique - Paris, P.U.F., 1949

     


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  • L'héritage de l'Antiquité

    Pour comprendre notre système éducatif et notre régime scolaire, il nous a paru inutile de remonter au déluge, mais nécessaire de décrire ce que nous ont laissé les anciennes civilisations du bassin méditerranéen et de préciser les conceptions éducatives chez les Égyptiens, les Perses, les Phéniciens, les Grecs et les Romains. 

    I. L'héritage des plus anciennes civilisations

    1. C'est dans le vaste territoire du Proche-Orient actuel que se sont formées les deux plus anciennes des grandes civilisations du bassin méditerranéen.

    Remarquables par l'effort collectif dont elles témoignent, les premières réalisations sont apparues en Égypte et en Mésopotamie.

    Les premières grandes civilisations de l'Antiquité ont pris naissance dans des régions qu'arrosaient des fleuves dont les inondations recouvraient chaque année le sol d'alluvions.

    C'est le cas de l'Egypte, don du Nil ; c'est le cas de la Mésopotamie, région fertile sise entre le Tigre et l'Euphrate.

    La civilisation indienne a pris naissance sur les bords de l'Indus tandis que c'est sur les bords du fleuve jaune, l'Hoang-Ho, qu'est née la civilisation chinoise.

    Les travaux d'irrigation et de drainage, la construction de temples, la navigation, l'usage de la roue témoignent, parmi tant d'autres exemples, de l'ingéniosité de ces peuples.

    Leur organisation sociale facilita l'invention de l'écriture, du calcul et du calendrier, qui sont autant de manifestations de leur habileté à manier les idées abstraites. 

    2. Vingt siècles avant notre ère chrétienne, Babylone est la ville qui attire les hommes d'affaires des anciens centres de commerce sumérien. L'activité économique de l'époque s'y concentre ; on y emprunte des capitaux à des taux favorables.

    Des scribes, formés dans les écoles des temples où ils apprennent l'écriture, les quatre règles simples, le calcul des intérêts, entrent au service du roi.

    L'écriture est assurément le plus grand progrès intellectuel accompli au cours du troisième millénaire avant  notre ère. Elle ne pouvait naître que dans une société déjà organisée et dans laquelle se pratiquait la division des tâches. Chez les Égyptiens et les Sumériens, les premiers exemples de ce qui devait devenir l'écriture sont des dessins assez réalistes, œuvres très probablement dues aux scribes.Sur des tablettes plus récentes, les scribes ont simplifié leurs dessins qui se résument à quelques traits essentiels puis à des traits qui n'en suggèrent plus que très vaguement la forme.

    Le premier pictogramme babylonien remonte au milieu du quatrième millénaire. Mille ans plus tard, on trouve des documents en caractères cunéiformes dont on peut vraiment dire qu'ils ont été écrits.Ces signes ressemblent à un clou ou à un coin. la tête est souvent triangulaire et la tige pointue. ces coins assemblés en symboles représentent des syllabes.

    Bien que la manière dont les scribes écrivaient ne soit pas connue avec certitude, on suppose qu'ils se servaient d'un roseau taillé en biseau à une extrémité. Quand les deux côtés de la tablette d'argile étaient couverts de signes, le scribe la faisait cuire au four pour la conserver. 

    3. Les Égyptiens ont utilisé trois types d'écriture. Comme les Sumériens, ils ont commencé à représenter les objets par des images gravées dans la pierre des monuments. C'était une écriture sacrée. Les signes de ces hiéroglyphes étaient des idéogrammes représentant l'idée du mot et non le son.

    A la longue, ce signes désignaient aussi des sons, des lettres, mais les Égyptiens n'ont jamais constitué un véritable alphabet.

    L'écriture hiéroglyphique s'est conservée intacte jusqu'au moment où l'alphabet grec la remplaça après la conquête romaine. Les prêtres égyptiens utilisaient une écriture aux signes plus faciles à tracer rapidement : l'écriture hiératique.

    On écrivait en hiératique au moyen d'un roseau pointu, trempé dans une encre, sur du papyrus provenant de la moelle de roseau.

    Enfin, vers le 8ème siècle avant notre ère, apparut un troisième type d'écriture dont se servait le peuple : c'st le démotique qui fut d'usage courant sous les Ptolémée et durant la domination romaine. 

    4. Après la conquête arabe, les civilisations de la Mésopotamie et de l'Egypte, déjà dépassées, tombèrent dans l'oubli. Leurs écritures devinrent indéchiffrables.

    C'est par les découvertes d'archéologues aux 18ème et 19ème siècles et des recherches récentes très approfondies que la lecture des inscriptions en cunéiforme, en hiéroglyphes et en diverses autres langues est devenue relativement facile et que la connaissance de l'histoire de ces peuples anciens en a grandement profité.

    Le premier alphabet, à l'origine des alphabets grec et romain, semble avoir été utilisé par les Phéniciens entre le 17ème et le 15ème siècle avant notre ère. il se propagea petit à petit chez les peuples sémitiques de Palestine, de Syrie, d'Arabie, de Grèce, puis chez les peuples d'Europe.

    Cet alphabet se composait de vingt-deux signes phonétiques (une lettre = un son simple). il fut d'abord en usage à Byblos, ville qui vit naître aussi, sous forme de rouleau, le livre antique. 

    5. Ce qui frappe le plus pour l'histoire de la science, c'est la perfection géométrique de ces énormes monuments que furent les pyramides égyptiennes.

    Pourtant, les Égyptiens étaient loin d'être de bons géomètres mais ils avaient accumulé de nombreuses connaissances pratiques dans le domaine de l'arpentage des terrains et du calcul des superficies.

    en arithmétique, les Égyptiens étaient moins avancés. outre les quatre règles simples, ils connaissaient des progressions arithmétiques et géométriques. leur numération était décimale. Ils pouvaient résoudre des problèmes relativement simples.

    les sources de nos connaissances sur les mathématiques égyptiennes se trouvent dans quelques papyrus qui nous révèlent les problèmes qu'avaient à résoudre les mathématiciens entre le 20ème et le 17ème siècle avant notre ère. ce fut la grande époque des  mathématiques égyptiennes. 

    6. Moins bons géomètres que les Égyptiens, les Babyloniens les surpassaient dans la virtuosité acquise dans l'usage du calcul. leur numération sexagésimale leur fut très utile pour l'étude du cercle. Bien qu'elle nous paraisse encombrante, les Sumériens qui l'ont inventée, les Babyloniens et les Assyriens qui s'en sont servi, ont accompli des prodiges en l'utilisant. Malheureusement, ils ne nous en ont pas transmis le mode opératoire. Ils nous ont laissé des tables de multiplication, de division, d'élévation au carré et au cube, de racines carrées et cubiques. ils ont résolu des problèmes par des méthodes algébriques, des équations à une, deux inconnues, des équations quadratiques et cubiques. Les babyloniens inventèrent aussi des mesures de temps (année de 360 jours, mois de 30 jours et semaine de 7 jours), de longueur et de poids. Nous leur devons également l'invention du cadran solaire. 

    7. L'historien grec Hérodote nous assure que c'est en Egypte que les Grecs apprirent ce qui devait leur servir à constituer la géométrie et l'astronomie dont ils devinrent les maîtres. cependant, la plupart des philosophes et savants grecs sont venus de Milet en Ionie, ville située sur la côte de l'Asie Mineure. Une bonne partie de leurs connaissances a donc pu leur venir de Mésopotamie également. 

    8. On suppose généralement que les Égyptiens ont été, en date, les premiers éducateurs. Ils ont constitué la plus ancienne des sociétés organisées dont la division en castes n'était pas absolue. Entre les classes supérieures, nobles, composées des prêtres, des architectes, des guerriers, des médecins et des scribes, et les classes inférieures regroupant bergers, agriculteurs, bateliers, artisans et marchands, il n'y avait pas de barrière vraiment infranchissable. Comme en Inde, cette division de la population en castes déterminait la culture spécifique de chacune d'elles. 

    9. Les lettrés semblent plutôt appartenir aux classes populaires qu'aux classes prépondérantes. L'importance de l'écriture devait donner aux scribes une situation privilégiée. Les services qu'ils rendaient aux fonctionnaires royaux leur attribuaient nécessairement la considération publique. Selon leurs aptitudes, ils étaient aussi appelés à remplir les fonctions de receveurs des contributions, ingénieurs, architectes.

    10. La caste des prêtres cultivait la philosophie, l'histoire, la médecine, l'astronomie, l'astrologie et la magie. Les obélisques et les pyramides témoignent des connaissances des Égyptiens en mathématiques, en mécanique, en architecture et en sculpture. les Égyptiens délassaient la gymnastique et la musique.

    Essentiellement pratique et fonctionnelle, familiale ou corporative pour les gens du peuple, l'instruction comprenait la lecture, l'écriture, le calcul simple et la géométrie pratique. 

    11. Tenue par un prêtre et établie ordinairement dans le temple, la "maison d'instruction" initiait les enfants à la lecture, à l'écriture, à la religion et aux éléments des sciences (arithmétique, géométrie pratique, dessin) dès l'âge de 6 - 7 ans. Les élèves écrivaient sur des tablettes en bois recouvertes d'une légère couche de stuc blanc ou rouge. Plus  tard, ils se sont servi de papyrus. 

    12. L'instruction supérieure fut probablement donnée dans les temples des grandes villes, comme Thèbes qui possédait la plus ancienne bibliothèque. il convient cependant de noter que des indications précises et certaines manquent à ce sujet. 

    13. En Chine, en Inde et en Egypte, l'éducation a été ou est encore dominée et réglée par un principe théocratique. Les préceptes viennent du ciel ou des divinités reconnues. En Perse, l'Etat entre comme un nouveau facteur dans l'éducation. il y partage avec la religion le droit de régler la culture et les mœurs du peuple. L'Etat veillait sur l'enfance et l'adolescence. il les entourait l'une et l'autre de soins minutieux, de règles sages mais rigoureuses. L'action morale débute à l'âge de 6 ans. On recourait aux punitions corporelles si d'autres moyens avaient connu l'insuccès. l'obéissance était absolue : envers les parents, parce qu'ils ont donné la vie ; envers les maîtres parce qu'ils sont les mandataires de l'Etat. Les éducateurs de l'âme avaient donc pleine autorité !

    14. La "Cyropédie" nous enseigne davantage sur l'éducation des Perses. Cet ouvrage de Xénophon est plutôt un roman retraçant l'enfance et la vie de Cyrus. Une classe élevée n'admettant que des soldats, le reste de la population étant voué à l'agriculture, une société privée de commerce et de sciences puisque les marchands et les savants en sont exclus, tel est le rêve de Xénophon.

    Son système éducatif, qui sacrifiait tout au militarisme et à l'Etat afin d'assurer sa force, ne s'étendait apparemment qu'à une classe de citoyens. Il est difficile d'admettre que toute la nation perse aurait pu être jetée dans un système d'éducation où il n'y a place ni pour l'agriculture, n pour les arts, ni pour le commerce, mais seulement pour les fonctionnaires publics et les militaires. 

    15. Les Phéniciens nous offrent l'image d'un peuple commerçant. Sa culture a dû être plus libre que celle des autres peuples d'Asie. Le principe de l'utilité dominait chez les Phéniciens comme chez tous les peuples marchands. leurs connaissances se rapportaient à leur commerce. leur morale s'accommodait à leurs intérêts.

    A Carthage, ville fondée par les Phéniciens, les garçons apprenaient à lire, à écrire, à calculer, à manier les armes. On ne sait hélas rien de précis sur leurs principes et leurs procédés particuliers d'éducation. 

    16. En quittant l'Asie pour passer à l'Europe, nous entrons sur un terrain pédagogique nouveau. C'est en effet sur une base toute humaine que repose la civilisation des Grecs et des Romains. S'ils avaient aussi un culte et des dieux, leur mythologie n'était en fait qu'un produit de leur développement moral et physique.

    Cette base de la civilisation gréco-romaine renfermait un élément social et un élément individuel bien distincts. L’individu était censé appartenir à la société, à l'Etat. Le citoyen avait le pas sur l'homme. le Grec et le Romain étaient avant tout citoyens, mais le Grec recherchait le beau et le bon, tandis que le Romain recherchait l'utile. 

    II. L'héritage de la civilisation grecque

    1. Nous devons à la Grèce ancienne, et particulièrement à  Athènes, non seulement la source de notre inspiration littéraire, philosophique et artistique ainsi que la science qui y naquit sous sa forme théorique, mais encore la forme d'éducation supérieure qui laisse sa trace dans notre enseignement secondaire classique. 

    2. La pensée grecque nous a légué son amour de la  liberté. Elle en a enseigné la valeur aux hommes. Elle leur a appris à penser et à écrire librement. Cette pensée grecque  se continue de nos jours.

    Les Grecs nous ont montré de beaux exemples de patriotisme même s'ils ne sont pas parvenus à atteindre la notion de patrie unifiée.

    C'est Athènes qui inventa la démocratie, régime en vigueur actuellement dans beaucoup d'états, système qui nous garantit un maximum d'égalité et de liberté.

    Si les Grecs ont donné l'exemple de tous les régimes politiques, leur idéal social, comme celui de tout le monde antique, est assez éloigné du nôtre car leur sociétés'appuyait sur l'esclavage. Il faut cependant reconnaître qu'elle ne savait comment s'en passer ! 

    3. Par la pratique de l'observation et de l'expérience, les Grecs sont parvenus à s'élever au-dessus de la technique. Ils sont les premiers à avoir rassemblé les connaissances humaines en sciences raisonnées. Ainsi le mot "méthode" est grec !

    Ayant le souci d'explications dans les domaines les plus divers, les Grecs ont précisé les buts de la science naissante. La géographie, la géométrie, l'astronomie et la physique reçurent des Grecs des principes inébranlables. Grâce à eux encore, la médecine fit des progrès. Ausculter les malades, tâter le pouls étaient des pratiques courantes au temps d'Hippocrate. 

    4. Le siècle de Périclès a laissé dans tous les domaines des modèles d'unité et de simplicité qui ont inspiré les artistes de tous les temps. La mesure et l'équilibre dans l'architecture grecque n'ont jamais été dépassés. la sculpture grecque est un miroir de la beauté humaine. Sa noblesse de ligne et d'attitude ont vraiment animé la pierre. Le théâtre et le stade sont deux édifices qui furent particulièrement caractéristiques de la civilisation grecque. On les trouve près des temples, partout où les Grecs ont fondé des villes.

    Les Grecs ont créé l'histoire. Hérodote, considéré comme le père de l'histoire, fut un narrateur pittoresque, soucieux d'objectivité. L'art oratoire est aussi né en Grèce. Les discours de Démosthène restent des modèles de composition et d'éloquence. 

    5. De grands auteurs comme PLATON, ARISTOTE, XÉNOPHON et ARISTOPHANE, des œuvres d'art et diverses inscriptions constituent les sources essentielles de renseignements au sujet des conceptions éducatives en Grèce (voir Titre I - Lien URL).

    La curiosité universelle des Grecs les amena à rechercher la raison suprême des choses. cette étude, la philosophie, prit tout son essor avec trois maîtres qui ont influencé le domaine de la pensée jusqu'à nos jours : Socrate, Platon et Aristote. 

    III. L'héritage de la civilisation romaine

    1. Avant la romanisation de nos régions, l'éducation orale, essentiellement religieuse et morale, était le  privilège des druides et des bardes. 

    2. Le régime scolaire fut introduit chez nous par les Romains qui le tenaient eux-mêmes des Grecs (voir Titre II - Lien URL).

    Il  faut se rappeler, en  effet, que la conquête de la Grèce par Rome eut lieu au milieu du 2ème siècle avant notre ère et que les anciens Belges connurent les premières  écoles romaines dès la fin de la conquête de la Gaule (- 51). 

    3. L'Empire romain incarnait la notion de l'Etat qui assurait l'unité, l'ordre et la paix.

    La clarté de la législation romaine, son bon sens et son interprétation judicieuse lui valurent le nom de "raison écrite". le droit romain imposa l'idée d'une société policée dans laquelle l'état protégeait ses membres dans leurs personnes et dans leurs biens.

    4. Le latin a subsisté comme langue de l'Eglise romaine, malgré les invasions, comme langue des études, et fut utilisé au Moyen Age dans les relations écrites entre chefs d'Etat, dans la liturgie chrétienne et dans l'enseignement : c'était la seule langue commune uniformément comprise. Le latin populaire donna naissance aux dialectes romains. 

    5. Le christianisme naquit et se développa primitivement dans le cadre de l'empire romain. il reprit les divisions administratives romaines pour la délimitation des diocèses et archevêchés. Rome est restée la capitale de l'Eglise catholique. Cette religion rassembla les peuples d'Europe dans la même communauté spirituelle et forma ainsi une unité de civilisation. 

    6. Les Romains furent les bâtisseurs par excellence. Le génie pratique de ce peuple le prédestinait à réaliser de grands travaux d'utilité publique : ponts, aqueducs...  Ce n'est qu'à la fin des Temps Modernes que le réseau de chaussées romaines eut un équivalent. 

    7. Les Romains ne nous ont pas laissé de véritable science car ils ne s'intéressaient qu'à l'aspect pratique des connaissances.

    Mais c'est dans la littérature qu'après s'être soumis aux modèles grecs, les Latins sont devenus des maîtres incomparables en s'adressant à une humanité plus vaste que chez les Grecs dont l'horizon était la cité.

    En se détachant du particularisme, les Latins se sont fait comprendre de tous les esprits élevés. Leurs œuvres ont ainsi eu une action plus étendue et plus durable.

    IV. Ce qui subsiste de cet héritage antique

    De cet héritage de l'Antiquité, il nous reste les langues grecque et latine, la langue française qui en dérive en partie ; l'idée de scolarité ; une  religion, le christianisme.

    Subsistent également certains mots dont le sens repris plus tard a parfois changé : gymnase, pédagogue, académie, lycée, architecture, sculpture, poésie, philosophie, mathématique, démocratie.

    certaines idées, théories ou systèmes comme la logique d'Aristote, l'idée de démocratie, le droit romain, de nombreuses œuvres d'art, d'architecture et des sculptures font également partie de cet important héritage.

    Lien URL avec le Titre I : " L'éducation en Grèce " 


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  • L'éducation chez les peuples primitifs

    1. Si l'étude de l'éducation chez les peuples primitifs nous a paru intéressante, c'est parce que le fait éducatif s'y trouve à l'état pur, avant que l'éducation ne soit devenue une institution. 

    2. La tradition commande toute la vie de la tribu. Il n'y a pas de conception consciente de l'éducation. Il n'y a pas de fonction distincte qui y corresponde. 

    3. L'étude des différentes organisations sociales existant chez les peuplades primitives nous permet de dégager une conception du problème éducatif. Les différences existant entre ces organisations sont essentiellement dues à des différences du milieu. 

    4. L'éducation est basée sur l'initiation de l'adulte et l'assimilation de ses règles de vie.

    L'enfant s'éduque par le contact, par l'exemple, les ordres et les défenses, dans la famille, puis de la même manière dans le clan, dans le village.

    Le garçon suit et imite son père. Il apprend la chasse, la pêche et les travaux agricoles. La fillette imite sa mère. 

    Cette éducation spontanée, à peu près inconsciente, débute dans les jeux de l'enfant qui constituent rapidement un apprentissage à la vie d'adulte.

    C'est l'apprentissage technique, l'adaptation aux usages, aux coutumes ; ce sont les révélations des croyances, du sens des rites, puis c'est l'introduction dans le groupe d'adultes par la cérémonie de l'initiation. 

    5. Toute l'éducation consiste à faire d'un individu original un membre de la communauté, ayant la mentalité commune, le sens enraciné de l'appartenance au groupe, la volonté ferme de la défendre. La personne se trouve modelée et embrigadée, intégrée corps et âme dans la collectivité. 

    6. L'instruction est complète lorsque les connaissances de l'enfant égalent celles de l'adulte, ce qui explique le peu de progrès chez les peuplades primitives.

    Au cours des cérémonies d'initiation qui marquent la fin de l'enfance, on inculque aux adolescents les lois, les règles de vie de la tribu ; les aînés leur font connaître les rites magiques et religieux. On les endurcit à la douleur et à la fatigue. A l'issue de ces cérémonies qui diffèrent suivant les peuplades, l'adolescent est pleinement intégré au monde des adultes.

    Cette forme d'éducation ne s'est jamais entièrement perdue. Elle subsiste aujourd'hui.

     

     Lien URL avec le chapitre suivant intitulé "L'héritage de l'Antiquité"


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  • Importance et buts de l'histoire de l'éducation

    1. L'histoire de la pédagogie est, pour tous les enseignants, d'une utilité primordiale, car la connaissance et l'examen des faits de l'éducation sont d'une application continuelle dans la théorie et dans la pratique de l'enseignement. 

    2. L'étude de l'histoire de la  pédagogie présente un intérêt scientifique et culturel au même titre que l'histoire de toutes les autres disciplines. 

    3. Dans cette introduction à l'histoire de l'éducation, nous poursuivons au moins deux buts :

    A. Tout système éducatif, toute doctrine pédagogique est toujours en rapport avec le régime économique, social, politique et religieux d'une époque. C'est pourquoi, en étudiant l'histoire de l'éducation en relation avec l'histoire générale de la pensée, nous poursuivons un but culturel.

    B. L'étude des doctrines pédagogiques et des systèmes éducatifs a aussi un but pratique : permettre aux lecteurs de découvrir certaines conceptions durables qui  dominent l'art de l'éducation.

    4. La connaissance de l'évolution des idées pédagogiques peut aider les enseignants à mieux comprendre les problèmes journaliers. L'histoire de la pédagogie retrace en effet les origines directes de notre propre tradition pédagogique. 

    5. Les institutions pédagogiques et les doctrines pédagogiques sont toujours en rapport avec les  idées de l'époque, mais il convient cependant de les distinguer. 

    Chaque société est appelée à se doter d'un système pédagogique, d'institutions pédagogiques qui conviennent à ses besoins.

    Un système d'éducation est la résultante d'états sociaux déterminés et en harmonie avec eux. Si le système change, c'est que la société change elle aussi.

    Une doctrine de l'éducation se rattache toujours étroitement à une philosophie générale dont elle n'est qu'un aspect ou un prolongement pratique.

    6. L'histoire de l'éducation doit s'arrêter aux moyens employés pour élever l'enfance et la jeunesse à ce degré de perfection souvent considéré comme un idéal. 

    7. Il nous paraît important de définir ce qu'est une doctrine pédagogique. C'est une théorie, une conception de l'éducation, une ligne de conduite dans l'éducation, ce qui implique une croyance, un "a priori". Toute doctrine pédagogique a un fondement, une philosophie de vie, un genre de vie. A certains moments de notre histoire, il s'est passé un certain nombre de faits de vie qui ont nécessité une action sur la société par l'intermédiaire d'une doctrine pédagogique.

     

    Lien URL avec le chapitre suivant intitulé " L'éducation chez les peuples primitifs"


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